La Semaine de Suzette Zombi. Vendredi : Dans la Rome antique les combats de gladiateurs aussi étaient truqués parfois.
football - Page 7
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Caricature Sepp Blatter
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Humbug
Retrouvez chaque semaine un gag de W.Schinski traduit de l'allemand dans Zébra !
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...W.Schinski publie aussi dans nos colonnes son premier webcomic (feuilleton-BD), en duo avec son pote Sebastian Weissborn, un polar intitulé G-1759 (à suivre).
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Revue de presse BD (107)
+ Joann Sfar vole dans cette chronique du 17 juin sur France-Inter au secours du métier de dessinateur, pour lequel il a "les yeux de Chimène", un peu cernés par les nuits blanches. Le propos est sans doute trop général, cela dit J. Sfar a raison, la faillite de la presse et celle du métier de dessinateur sont liées.
+ "En ce qui me concerne, je suis gêné quand un artiste s'engage en politique, je trouve ça toujours un peu ridicule. Je m'exprime dans mes livres, c'est tout ce que je sais faire." Auteur d'une BD récemment publiée évoquant son enfance, "L'Arabe du Futur", Riad Sattouf a donné une interview à "Jeune Afrique". La BD de Riad Sattouf constitue un témoignage intéressant, bien qu'ambigu, sur la mentalité des élites arabes occidentalisées auxquelles le père de Riad Sattouf appartenait. La question du refus de l'engagement politique est sans doute un peu plus compliquée que Riad Sattouf ne semble le croire, surtout quand on collabore à un hebdomadaire dont l'engagement est connu.
+ Par ce qu'elle a d'indéfinissable, la modernité inspire le dégoût aux poètes en général, non seulement à F. Nietzsche, même si ce philosophe matérialiste a le plus clairement établi le rapport des choses indéfinissables avec la mort. "Spirou vers la modernité", par Serge Clerc, est ainsi un titre redondant, puisque la spirale est signe de modernité (dessinée par A. Jarry sur le ventre du Père Ubu). Ceux qui se demandent comment la BD belge, qui servit naguère à propager la culture de petits industriels belges plutôt réacs, a pu devenir symbole de modernité grâce au discours pontifiant sur la "ligne claire", ne trouveront pas la réponse dans la chronique que le webzine "du9" consacre au bouquin de S. Clerc. C'est le principe même de la modernité de poser un tas de questions sans fournir de réponse.
+ "Citrus" est une nouvelle revue, abondamment illustrée, dont le premier numéro est consacré aux dessous du football.
+ Trois petits éditeurs, FRMK, Les Requins Marteaux et Cornélius lancent une opération commerciale alléchante : cinq BD pour 10 euros, espérant attirer ainsi dans les librairies spécialisées de nouveaux clients. Le site dédié à cette opération en fournit la liste.
+ Le dessin du jour est le portrait d'un amateur de bande-dessinée par Amandine Brûlée, extrait d'une galerie de croquis.
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Caricature Brésil 2014
La semaine de Suzette Zombi. Mardi : "Circences sine Panem".
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Les Français s'entraînent
...pour la Coupe du monde.
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Revue de presse (103)
+ Avec cette fresque peinte sur le mur d'une école de Sao Paulo, à moins d'un mois de la coupe du monde, l'artiste brésilien Paulo Ito a fait mouche et déclenché un buzz d'une ampleur qu'il n'imaginait même pas, mettant même le gouvernement progressiste de son pays, dont l'artiste se dit proche, en difficulté.
+ Le street-artiste Banksy, lui, dont on ne sait s'il s'agit d'un individu ou d'un collectif, a reçu le "Webby award 2014" de la personnalité préférée des internautes. Banksy sait en effet parfaitement conjuguer les moyens modernes d'exposition, dont l'internet fait partie, pour faire passer des messages subversifs, notamment contre la propriété intellectuelle ou les moyens de protection renforcée des biens. On remarque que le dessin s'impose, en raison de son impact, dès qu'il s'agit de faire passer des messages subversifs, contre la photographie et le cinéma, dont l'impact est lié à la quantité et à la répétition. Aucune expression n'est plus fausse que celle de "culture de l'image" pour désigner la culture moderne, puisque la culture numérique peut être qualifiée de culture "aveugle". On a tort de parler du cinéma comme d'un art visuel ; Malraux dans sa tentative de justifier ce procédé mécanique comme un art ("Ecrits sur l'art"), passe par un raisonnement adapté à la musique et non au dessin.
+ "Les Vieux Fourneaux" (P. Cauuet & W. Lupano) a reçu le prix de la meilleure BD 2014 des libraires. Cet album (incomplet) est assez nettement gérontophile, comme son titre l'indique. "Les Vieux Fourneaux" faisant l'apologie des ex-rebelles de Mai 68, contre les ex-CRS, secrétaires de direction ou notables, j'ai pensé en le feuilletant à la théorie de Charles Fourier de l'harmonie sexuelle entre les vieillards et les jeunes femmes ; de fait le féminisme passe beaucoup moins bien dans les quartiers ou les pays plus jeunes. Manifestation contre la nostalgie, Mai 68 est devenu désormais un sujet de nostalgie. De la part des libraires, ce choix est assez habile vu leur clientèle.
+ Le Petit Robert 2015, suivant une astuce là encore commerciale, a ajouté dans sa nouvelle édition deux nouveaux mots en rapport avec la BD, "comics" et "super-héros". En définitive le principal super-pouvoir de l'homme moderne est d'ajouter de nouveaux mots aux anciens.
+ Le dessin de la semaine est extrait de "Les Coquins" de Marion Fayolle, qui joue avec le burlesque des métaphores sexuelles.
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Cow-Boy Henk**
L’humour de Kamagurka ne résiste pas au format long qu’il s’est imposé dans ce «Cow-Boy Henk», luxueusement édité chez Frémok. Ses vignettes ou ses strips publiés ici ou là sont des clins-d’œil qui pointent légèrement l’absurdité de l’existence, tandis que j’ai les paupières lourdes après trois pages du «Cow-Boy», en dépit de ses couleurs vives, ou à cause d’elles.
De la même façon, le court roman de Camus récemment adapté par Ferrandez, «L’Etranger», qui tire de l’absurdité de la condition humaine une humeur froide, à la limite du suicide, aurait versé s’il s’était étiré sur des centaines de pages, dans le récit mélancolique ennuyeux.
Les pédagogues ou les enseignants prétendent parfois que non, non, Camus n’incite pas au suicide, mais c’est probablement pour pouvoir se justifier de l’enseigner aux jeunes lycéens. Le héros de Camus, Meursault, fait bien l’expérience du meurtre, un peu par hasard, mais aussi parce que, privée de sens à ses yeux, la vie humaine perd le prix que lui accorde la morale publique : celle d’autrui, la sienne. Le principal mérite de Camus est de mettre en lumière le relais de la religion traditionnelle par l’idéologie socialiste, dont la principale fonction est de donner un sens à peu près crédible à l’existence.
La mort ou le coma (éthylique) dans lequel sont plongées les idéologies socialistes à leur tour, après les religions traditionnelles, nous vaut peut-être d’ailleurs ce regain de littérature ou d’art plus ou moins cocasse, fondé sur l’absurde. Les grands auteurs comiques puisent déjà leur faculté de faire rire des paradoxes et des conséquences auxquels s’exposent les hommes qui s’efforcent de vivre sans penser à rien d’autre : les hommes à qui la volonté seule fait office de colonne vertébrale. Si l’on veut bien relire Molière, on verra que les portraits qu’il brosse sont tous de types sociaux dans ce cas, non seulement l’Avare ou Scapin. On peut songer aussi au parti que Molière aurait tiré de l’affaire Strauss-Kahn : certainement une comédie plutôt qu’un drame.
Mais l’absurdité peut aussi prendre la forme du divertissement, en particulier dans les sociétés oisives, et il me semble que c’est le travers dans lequel, par la répétition des gags, Kamagurka tombe. Ainsi, rien de plus absurde qu’un match de football, ou un tournoi de poker, avec ses gagnants et ses perdants, parfaitement conformes en cela à l’existence, et compensant par la multiplication des règles l’absence de sens.
Il est vrai que Kamagurka ne dissimule rien, dans sa BD, de la contention sexuelle explosive qui pousse le grand supporter blond aryen à s’adonner à ce type de spectacle, faute de pouvoir déployer autrement (en temps de paix) son énergie. J’aurais préféré qu’il brocardât plutôt les intellectuels qui se masturbent sur le football ou le rubgy.
Zombi (leloublan@gmx.fr)
Cow-Boy Henk, Kamagurka et Herr Seele, Fremok, 2013 (pour l’édition française traduite du flamand)