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philippe lançon

  • Revue de presse BD (366)

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    Caricature signée Félix ("Charlie-Hebdo").

    + Philippe Lançon dans "Charlie-Hebdo" (15 Juillet) s'efforce de démontrer que le cinéma de Roman Polanski est "féministe"... comme 100% des pervers manipulateurs, vu qu'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre.

    Qui sait quelle sorte de monstre peut se dissimuler derrière des propos "moralement corrects" ?

    D'une manière générale, le cinéma flatte et entretient le goût du public pour la violence et les spectacles macabres. La violence, dans le théâtre satirique de Shakespeare, n'a rien d'un spectacle, ni même d'un exutoire ; toutes les pièces "violentes" de Shakespeare recèlent une généalogie de la violence, invisible seulement pour le spectateur (passif).

    + "Ressentir le besoin de "faire du tourisme" est le symptôme d'un mal de vivre existentiel. Le désir d'ailleurs, c'est une thérapeutique sociale qui permet de tenir le coup." dit Rodolphe Christin, auteur du "Manuel de l'antitourisme" dans un entretien accordé au même "Charlie".

    La remarque annexe de R. Christin sur le manque d'indépendance de la sociologie et des sociologues est la plus intéressante.

    Non seulement le "tourisme de masse", mais aussi la "culture de masse" est un instrument de domination indispensable à la bourgeoisie et aux régimes totalitaires.

    Le totalitarisme peut se définir comme un "moyen politique", non comme une idéologie politique particulière, "fachiste", "communiste" ou "libérale".

    + Les chaînes "Youtube" de Dieudonné et Alain Soral ont été censurées par "Google", propriétaire de ce diffuseur de contenus audio-visuels.

    L'inquiétude des élites économiques occidentales vis-à-vis des "réseaux sociaux" et de Twitter rappelle la crainte des mêmes élites à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les cafés parisiens, lieux de diffusion d'opinions politiquement incorrectes impossible à contrôler par la police, se multiplièrent.

    De là à dire que Dieudonné et A. Soral sont des "lumières", il y a un pas, mais du moins ont-ils su tirer profit comme Voltaire, ou plus récemment "Charlie-Hebdo", de l'extraordinaire publicité que la censure procure à leurs ouvrages.

    + Entre le vin et le haschisch, Baudelaire avait fait son choix apprend-on dans le "Canard enchaîné" (8 Juillet).

    En effet dans une petite brochure parue en 1851, Baudelaire célèbre le vin, "ses voluptés foudroyantes et ses enchantements énervants", trésor profondément "humain" et "social", tandis que le haschisch est "antisocial" et "isolant". Néanmoins, l'ivresse que la plante procure "est quelque chose d'indescriptible". C'est "une béatitude calme et immobile" (...) que les Orientaux appellent le "kief".

    La culture de masse produit les mêmes effets que le haschisch.

  • Revue de presse BD (291)

    + Certains lecteurs de la presse satirique expriment la nostalgie du temps où Cabu, Wolinski, Reiser, Siné,webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande dessinée,revue,presse,hebdomadaire,novembre,2018,fémina,philippe lançon,lambeau,luz,catherine meurisse Gébé, dessinaient encore, et déplorent la fadeur de la presse satirique actuelle. D'autres rétorquent qu'il y a encore de très bons dessinateurs en activité.

    La question du niveau technique des uns et des autres est sans doute secondaire ; on peut tout de même dire que le talent de reporter de Cabu est supérieur ; quel caricaturiste est capable de caricaturer, non pas seulement telle ou telle grosse légume, mais une ville entière et ses habitants, comme Cabu l'a fait avec Paris ?

    Il faut d'abord tenir compte d'un contexte politique -la Ve République-, particulièrement défavorable à la liberté de la presse. Certains signes ne trompent pas, comme la rapidité et l'efficacité des pouvoirs publics, de gauche comme de droite, à colmater les brèches dès qu'il y en a - naguère les radios libres, aujourd'hui internet.

    Par conséquent l'aventure de "Charlie-Hebdo" est unique et implique une audace exceptionnelle de la part de ses inventeurs, Cavanna et Choron - non seulement du talent.

    La différence entre la première mouture de "Charlie-Hebdo" et la seconde est celle qu'il y a entre Elvis Presley et Johnny Hallyday, c'est-à-dire entre la contre-culture et la contre-culture digérée et assimilée par la culture dominante et ses "intellos de service", jouant le rôle d'enzymes gloutons.

    Ce n'est pas seulement rendre hommage aux pionniers que de souligner cette différence entre eux et leurs héritiers : cela permet de mieux comprendre la manière dont la culture bourgeoise se défend contre les attaques dont elle est la cible.

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    + Après Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, c'est au tour de Luz et Philippe Lançon, choqués ou grièvement blessé par la fusillade à la rédaction de "Charlie-Hebdo" de publier leurs témoignages. A croire que les gens heureux n'ont rien à dire...

    Philippe Lançon (journaliste à "Charlie" et "Libération") vient de recevoir le prix Fémina pour "Le Lambeau", récit de sa pénible convalescence. Il s'est déplacé pour recevoir le prix en mains propres. A en croire P. Lançon : "L'esprit critique (...), la caricature, tout cela est bien vivant". Cela sonne un peu comme un "Allahou Akbar !" germanopratin.

    A propos de "Le Lambeau", le club des lectrices (en décolleté) du "Figaro" a rendu son verdict.

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    Yves Chaland vu par C. Berbérian.

    + Les BD d'Yves Chaland, auteur du "Jeune Albert", en disent plus long sur la BD franco-belge qu'une longue thèse fastidieuse et hagiographique. Suivant le procédé du pastiche qui consiste à caricaturer le style d'un auteur, Y. Chaland souligne les stéréotypes d'un genre destiné aux enfants, dont Hergé est considéré comme le maître.

    Chaland se plaît ainsi à souligner le décalage radical avec la réalité de ces récits ; c'est probablement ce qui plaît aux jeunes enfants, mais on peut s'interroger sur l'intention des adultes qui ont conçu cette culture et sa portée éthique.

    Chaland souligne aussi, avec son trait de designer automobile, plus maniaque encore que celui de Hergé, l'arrière-plan industriel de cette culture. Chaland n'a pas été publié dans "Métal Hurlant" pour rien !

    TV7 Bordeaux diffuse un long documentaire sur Yves Chaland (2018). En dépit du ton proustien ou dévot d'Avril Tembouret, son auteur, ce documentaire éclaire plusieurs aspects de la personnalité et de l'oeuvre de cet auteur, via ceux qui l'ont côtoyé ou qu'il a influencés (F. Margerin, F. Avril, C. Berbérian, Zep, B. Poelvorde...).

    On pourrait croire en le lisant que Yves Chaland tente de s'évader de la BD et de son horizon fictif.

  • Caricature Philippe Lançon

    La Semaine de Suzette Zombi. Mardi : Il n'y a pas que les chats qui retombent toujours sur leurs pattes - les journalistes aussi !

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  • La Légèreté*

    Ne vous fiez pas à son titre, "La Légèreté" de Catherine Meurisse est la BD la plus lourdingue de l'année.webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,catherine meurisse,légèreté,philippe lançon,libé,dargaud Lourdingue, c'est-à-dire conventionnelle.

    A la télé, une journaliste a déclaré à propos de "La Légèreté" cette chose extravagante : "S'il n'était pas obligatoire de dire du bien de "La Légèreté", j'en aurais quand même dit du bien, car cette BD est magnifique, etc." (je n'ai pas gardé le souvenir de tous les superlatifs utilisés).

    Ou bien cette journaliste est complètement idiote, ou bien elle est très maligne, au contraire. Elle suggère en effet que nous vivons dans un monde où il est obligatoire de dire du bien en public de certains bouquins, indépendamment de leur contenu !? Pourquoi ne pourrait-on pas dire du mal d'un bouquin qu'on a trouvé creux ? Quel sorte de décret tacite l'interdit ?

    En résumé, Catherine Meurisse a perdu ses confrères dessinateurs de "Charlie-Hebdo", abattus presque sous ses yeux par les frères Kouachi. Il y avait de quoi devenir dingue, d'autant plus que les journaux et la télé n'ont pas cessé d'en parler 24h/24. Comment reprendre son souffle après une telle épreuve ? Catherine Meurisse part faire une retraite à Rome, à la Villa Médicis (résidence luxueuse mise à la disposition des artistes français) ; elle peint des aquarelles (bof) ; elle lit Proust et d'autres auteurs moins bourgeois, conseillés peut-être par Philippe Lançon, critique littéraire à "Libé" et à "Charlie" ? P. Lançon a rédigé une préface très confraternelle et assez barbante à "La Légèreté". Du coup, petit à petit, Catherine Meurisse se sent mieux ; son confrère Luz publie une BD sur comment il a vécu les mois suivant l'attentat, et C. Meurisse décide de faire la même chose.

    La morale de l'histoire, c'est : - L'art m'a sauvée. Si Catherine Meurisse avait préféré cuisiner plutôt que lire "La Recherche", on aurait eu le droit à un livre de recettes. Que l'exercice de l'art puisse rendre la condition humaine moins pénible, c'est une certitude en même temps qu'un propos d'une grande banalité.

    Ce qui m'a le moins rasé, ce sont les passages concernant Catherine Meurisse, que je connaissais mal, en comparaison des "piliers" de "Charlie-Hebdo". On apprend par exemple que Catherine Meurisse a été recrutée par Philippe Val. Par souci de parité, je suppose, étant donné que "Charlie-Hebdo" était jusque-là aussi fermé à la gent féminine qu'une assemblée de franc-maçons ou d'évêques catholiques.

    A l'exception de quelques infos, glanées ici ou là, propres à satisfaire ma curiosité, j'ai dans l'ensemble été surpris et déçu par la BD de C. Meurisse ; surpris par son côté "sulpicien", mélange d'académisme et de bondieuseries, pas très éloigné de "Tintin & Milou". Venant d'une humoriste, je m'attendais à autre chose que l'apologie un peu plate de la rêverie artistique. De la part des rescapés de "Charlie-Hebdo", réagir comme ils l'ont fait à la fusillade, en publiant malgré tout le plus vite possible un nouveau numéro, c'était faire preuve d'un sang-froid plus conforme à l'esprit de "Charlie-Hebdo" (même s'ils n'ont pas pu échapper à la récupération politicienne que l'on sait, visant à faire des victimes de cette fusillade des martyrs de la cause et des valeurs occidentales).

    Quelques écrivains ou artistes ont tiré de drames l'inspiration pour écrire des chef-d'oeuvre marquants. Par exemple, le tremblement de terre meurtrier de Lisbonne en 1755 a assez bouleversé Voltaire pour lui inspirer un pamphlet humoristique contre la philosophie "zen" de Leibnitz ; mais il manque à "La Légèreté" l'ingrédient que les grands bouquins écrits pour tenter de sonder la violence de la nature ou de l'homme, à savoir le recul. Probablement y a-t-il une difficulté supplémentaire à se remettre en cause quand on vient de subir une violence quelconque, d'ordre physique ou psychologique, mais dans ce cas pourquoi Luz et C. Meurisse n'ont-ils par attendu avant de publier ce qui ressemble à des confessions intimes ?

    "La Légèreté", par Catherine Meurisse, Dargaud, 2016.