Illustration tirée du carnet de croquis de Louise Asherson :
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
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Le Puzzle
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Le Massacre***
Surprenant, ce nouvel album de Simon Hureau l’est, tant par le sujet que par le dessin, assez exubérant, limite rococo, se perdant un peu dans les détails, à l’instar du monde moderne.
Rien que l’effet de surprise mérite l’éloge, car parmi la pléthore d’albums parus ou à paraître, beaucoup de titres sont en double, voire triple, si ce n’est quintuple ; ils se répètent, extrêmement prévisibles, au détriment du lecteur, du libraire et, en définitive, c’est ce qui fera que les gros éditeurs se casseront la gueule bientôt.
Bien sûr le ministère du Culte ne pourra rien contre ça; quand il y a du changement dans l’air, le ministère du Culte en est toujours le dernier averti. Il est probable que, si les dirigeants de la Ligue de football devaient s’occuper de bande-dessinée, ils le feraient mieux que les PDG qui s’en chargent actuellement, qui ont dû passer par l’ENA ou Sciences-po. Prenez Bastien Vivès, par exemple, un jeune type qui a un peu plus de personnalité que la moyenne : qu’est-ce que les éditeurs en font ? Ils le paient grassement à faire des mangas, le genre le plus ringard qui existe, pour des gosses qui ne font que rêver de gros nibards, dans un pays où les gonzesses n’ont pas de poitrine. C’est dément !
Le scénario de Simon Hureau combine effet papillon et massacre de couprey (désolé de vous remettre dans la tête la chanson de Bénabar, si elle en était sortie), déclencheur d’un des plus importants génocides des guerres coloniales, au Cambodge, patrie de Pol Pot.
Si vous n’avez rien compris à ma dernière phrase, rien de plus normal, c’était fait exprès. Seuls les Cambodgiens savent ce qu’est un «couprey». Le «massacre» est un trophée de chasse. L’énigme est voulue, tout le sel de cette intrigue.
La théorie de «l’effet papillon», émises par certains météorologues, c’est-à-dire des répercussions éventuellement cataclysmiques d’un événement aussi insignifiant que le battement d’ailes d’un papillon : cette théorie est-elle applicable à l’espèce humaine et aux massacres réguliers entre ethnies, idéologies ou cultures antagonistes ? Une chasse au couprey peut-elle être l’étincelle qui met le feu à la mèche du tonneau de poudre d’une révolte sanglante ? Les masses humaines seraient ainsi soumises comme la mer à une alchimie, ou une phénoménologie, sur laquelle l’homme serait sans prise ?
Le personnage principal de « Massacre », ancien combattant de 14-18, comme Hélène de Sparte, porte donc à lui tout seul sur ses épaules le poids de la guerre. Il est envahi d’une culpabilité extraordinaire. Pratiquement cette culpabilité, à elle seule, suffit à infirmer la thèse du déterminisme biologique absolu et du choc des cultures, animant des hommes seulement doués de la volonté de puissance.
On aimerait que les philosophes modernes se penchent plus souvent sur de tels sujets, et laissent les questions de grammaire pure ou la psychologie de couple aux mangakas (esclaves qui fabriquent des mangas à la chaîne au Japon).
Il manque seulement à cet album d’être un peu plus simple, tant sur le plan du dessin que du scénario, afin de mieux faire ressortir la dimension tragique des mouvements de masse modernes, où la liberté individuelle n’a peut-être jamais parue aussi hypothétique. Aux yeux d’Homère, la guerre et le choc des guerriers sont certainement les effets du destin ; non seulement ils font partie du mouvement social, qu’on ne peut arrêter à la paix, mais les hommes à la guerre tombent le masque habituel . Cependant la société est loin pour Homère d’être tout. D’où « l’Odyssée ».
Le Massacre-Le Musée Insolite de Lomal Goma, Simon Hureau, éd. La Boîte à Bulles, janvier 2013
(par Zombi - leloublan@gmx.fr)
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Chat continue
Le dessinateur bruxellois Philippe Geluck a annoncé qu'il cessait de dessiner Le Chat. Mais les chats sont des animaux imprévisibles, alors cha continue...
(Une parodie de Zombi - pas de produits dérivés pour l'instant)
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Ganesh
Illustration tirée du carnet de dessin de Louise Asherson :
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Le Christ vient
Dessin tiré du carnet de croquis de Louise Asherson :
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Strip Lola
Martha la Diva: Karaoké
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Total Swarte**
Bien qu’il soit irréprochable techniquement, ou justement parce qu’il l’est, je ne suis pas un fanatique d’Hergé ; ni de Joost Swarte, par conséquent.
D’ailleurs, comme l’idéal de perfection technique rejoint celui de l’art abstrait, les théories américaines ou belges assommantes sur la BD (cf. T. Groensteen) ont achevé de me dégoûter de la ligne claire. Le graveur allemand Dürer fit bien de placer tout un tas d’outils de précision dans sa gravure intitulée «Mélancolie»: en effet, les personnes fascinées par la technique sont les plus chiantes. Divers philosophes modernes se sont demandé pourquoi le monde antique était plus heureux que le monde moderne, qui recycle les mêmes fictions et les mêmes drames. Eh bien, ça peut se résumer simplement au fait que l’Antiquité n’était pas envahie par la technologie et les techniciens, toute la casuistique et les modes d'emploi fournis avec.
Le brio technique d’Hergé lui vaut d’ailleurs d’être admiré aux Etats-Unis. Rien d’étonnant à ce que «Total Swarte» soit préfacé par Chris Ware, dont le dessin industrieux ferait presque paraître le suicide joyeux à côté, ou les mangas fantaisistes.
En ce qui concerne les idées conservatrices d’Hergé, elles ne risquent guère de déranger Outre-Atlantique. Joost Swarte, en revanche, tient à s’en démarquer, dans un contexte européen. En réalité, Swarte est d'une grande fidélité à l'esprit d'Hergé. Ses BD ressemblent beaucoup à ce que les psychologues nomment «tuer le père», et qui consiste à toucher l’héritage sans en avoir l’air. Idem en ce qui concerne la «contre-culture» qui, à la longue, finit par ressembler comme deux gouttes d’eau à la culture dont elle tenait à se démarquer au début.
Swarte fait du Hergé pour les adultes. On sait que le «maestro» rêvait d’être reconnu en tant qu’artiste; son fils spirituel Swarte a essayé de relever le défi, et de propulser la «ligne claire» au rang du «pointillisme» ou du «cubisme», avec autant d’enthousiasme que le bourgeois gentilhomme fait l’éloge de la prose.
Les pastiches de Chaland sont plus subtils. Chaland parvient, et c’est ce qui intéressant chez Franquin aussi parfois, à parler le double langage de la pédagogie et de la subversion. Tandis que Swarte tourne à la pédagogie de la subversion, qui revient presque à l’enseigner comme une discipline scolaire. Chaland et Franquin nous évitent le discours à dormir debout sur le langage de la bande-dessinée.
Le baratin sur le «langage de la bande-dessinée» est d’ailleurs parfaitement réversible. Le mépris de la BD repose sur le même type de démonstration, qui ne tient compte que des aspects purement formels et techniques de l’art.
Si, au moins, la bande-dessinée pouvait être un langage de paix commun entre Flamands et Wallons, afin d’éteindre la haine entre ces deux peuples ? Contraints de s’exprimer uniquement par cases, ils cesseraient peut-être de vouloir se réduire en esclavage chacun son tour ? Et, vu que l’argent est à l’origine de tout conflit plus ou moins armé, comme la BD est de faible rapport comparée au trafic d’œuvres d’art ou de diamants, le risque de génocide inter-ethnique serait ainsi drastiquement réduit. Mouais : mieux vaut se méfier des utopies technologiques.
Total Swarte (compilation), 2012, Denoël Graphic.
(par Zombi)