Mardi : le palmarès d'Angoulême m'interpelle ; c'est presque un palmarès... politique. En effet, Willem est le seul caricaturiste à dessiner François Hollande plus beau qu'il n'est en réalité (comme on peut le vérifier ici) ; quant à Christophe Blain, il rendrait presque cette face de requin-crotale de Villepin sympathique, dans son album "Quai d'Orsay"...
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
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Quarantièmes Somnolants ?
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Signé Naumasq
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Dans la Nuit la Liberté****
... nous écoute.
J’observe que le cinéma idéalise presque toujours la guerre. Il la rend esthétique. Non seulement les films de propagande, mais y compris quand c’est l’intention du metteur en scène de souligner la dureté de la guerre et des combats, il n’y parvient pas. Surtout la guerre moderne. Comme si la pellicule était toujours trop sentimentale, incapable d’imprimer des émotions fortes, et le cinéma un art réservé aux soldats et aux militants.
En revanche j’ai lu quelques BD qui traitent de la guerre de façon crue… "Dans la Nuit la Liberté" est le récit de la guerre coloniale d’Indochine à partir des souvenirs d’Albert Clavier, jeune "patriote communiste" français, engagé dans l’armée française pour échapper à son milieu, très pauvre.
Pour de jeunes hommes peu avertis, l’armée a en outre souvent le parfum de l’aventure (cf. L.-F. Céline). Un sergent-recruteur jovial et sympathique, et hop, le tour est joué ! Il faut préciser qu’Albert Clavier est seulement communiste, au départ, parce que c’est l’idéologie dans laquelle baignent son milieu et sa famille (Lénine a lui-même admis que le communisme est souvent demeuré aussi superficiel que peut l’être n’importe quelle religion.)
Très vite écoeuré par les exactions commises par l’armée française sur la population civile ou les prisonniers, se sentant lui-même devenir aussi "nazi" que les Allemands abhorrés de son enfance, sous l’Occupation, Albert va peu à peu basculer dans le camp opposé du vietminh, et devenir peu à peu officiellement un traître et un déserteur. L’inquiétude des conséquences pour sa famille va vite faire place à celle de se retrouver en position de tuer des compatriotes, ou contribuer à planifier leur mort; puis la seule préoccupation de la survie dans une jungle hostile, parmi des terroristes-résistants spartiates, va primer sur tout. Albert Clavier finira donc la guerre dans le camp des vainqueurs, même si ce n’est pas tout à fait la fin de l’histoire.
Bien que le dessinateur de cette BD, Maximilien Le Roy, soit lui aussi communiste, le propos n’est pas idéologique. Albert bascule surtout parce que, malgré son statut, il n’est pas capable de tuer ni de torturer. "Lâcheté", dira celui dont c’est le métier, tandis que le déserteur objectera sa conscience ou son individualisme.
L’argent ou l’intérêt, la jalousie, ne sont pas les seuls motifs d'assassinat: le communisme l'a été aussi; c’est donc bien plutôt une histoire comparable à celle d’Antigone et Créon, racontée ici. Dans le choc entre des nations titanesques, dont on voit que les mécaniques ne peuvent s’arrêter avant d’avoir fait un tas substantiel de victimes et de massacres, la capacité d’un seul à s’opposer à l’holocauste de l’homme, par l’homme, pour l’homme, a quelque chose de stupéfiant et d’absurde. Absurde, car la seule raison de s’y opposer, il la trouve surtout en lui-même. Après tout, l’espèce a peut-être besoin de gigantesques saignées, comme ça, de temps en temps, pour fertiliser la terre ou pallier l’absence de prédateur véritablement dangereux pour l’humanité ? Mais l’individu, en conscience, peut refuser de se soumettre à cette loi.
Un dossier de quelques pages conclut cette BD, évoquant plus en détail le cas de ces soldats français (ou allemands), peu nombreux, qui passèrent dans le camp opposé, et dont peu réchappèrent à la guerre et à la jungle.
Dans la Nuit la Liberté nous écoute, par Maximilien Le Roy, éd. Le Lombard, 2011.
(par Zombi - leloublan@gmx.fr)
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La semaine de Zombi
Lundi : le "Vendée-Globe" est terminé ; pas de noyé à déplorer ce coup-ci ; victoire de François Gabart (?). J'aurais préféré le "Chacal" (plus facile à croquer).
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La Boîte de Nuit
Illustration extraite du carnet de Louise Asherson sur le thème de Pandore :
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Interview Jérôme Anfré
Jérôme Anfré régale les lecteurs de son blog GRANDS MOMENTS (depuis 2011) de strips d’humour absurde à base d’animaux, triturés dans tous les sens (Brigitte Bardot ne serait pas forcément d’accord).
Depuis quelques mois, il contribue en outre à un tout nouveau webzine hebdo, MAUVAIS ESPRIT, avec une vingtaine d’autres humoristes. Le ton de "Mauvais Esprit" évoque celui de "Fluide Glacial" ou "Psikopat", mais l’aventure d’un magazine de BD numérique, en revanche, c’est du neuf. A suivre de près, donc...
Jérôme Anfré a accepté de répondre à quelques questions pour Zébra :
Zombi : Avez-vous été influencé par un dessinateur animalier en particulier au départ, comme Benjamin Rabier, Quentin Blake, ou autre, qui vous aurait donné envie de dessiner ?
Jérôme Anfré : Déjà, il faut préciser que je ne fais pas uniquement de l'animalier. Et sinon, je n'ai pas vraiment un dessinateur fétiche pour les animaux. Lewis Trondheim m'avait pas mal impressionné à l'époque mais ça n'a pas été une influence déterminante.
Z. : Si vous deviez vous représenter sous les traits d'une bestiole, comme Lewis Trondheim en vautour, laquelle choisiriez-vous ?
J.A. : Ours ? Chat ? je suis pas très original sur ces questions.
Z. : Vous allez me trouver opportuniste, mais… un strip à base de zèbre, ça ne vous titille pas ?
J.A. : J'ai fait quelque chose avec un gnou, on se rapproche... Le problème du zèbre est qu'il faut arriver à le dessiner de manière convaincante sans trop s'embrouiller avec les rayures.
Z. : Je suppose que vos dédicaces cartonnent auprès des enfants, non ?
J.A. : Pour l'instant, les seules dédicaces que j'ai pu faire étaient pour mes deux livres, qui n'ont pas beaucoup de rapport avec le blog, donc difficile de juger.
Z. : Question technique : dessinez-vous entièrement à la tablette graphique ? Et combien de temps vous prend environ un de vos strips pour "Grands Moments" ?
J.A. : J'ai mis beaucoup de temps à trouver un outil plus ou moins satisfaisant. Pour l'instant, et pour le blog, c'est de l'encrage tout bête à la plume sergent-major. La tablette graphique n'intervient "que" pour la mise en couleur.
Pour une histoire de "Grands Moments", le temps d'exécution est assez fluctuant, et dépend surtout du temps que met l'idée à se former ; ça prend normalement 3 jours à y penser, mais ça peut être bien plus si je cale. Je peux faire des trucs à côté ou pas. Une fois l'histoire plus ou moins formée dans ma tête, ça prend à peu près 2 jours pour dessiner, encrer et mettre en couleur.
Z. : A propos de "Mauvais Esprit" : est-ce un simple collectif d’auteurs, ou bien y a-t-il une volonté rédactionnelle derrière ? Par exemple, avez-vous des conférences de rédaction et un minimum de directives, ou bien c’est une organisation souple qui vous laisse carte blanche ?
J.A. : ça se passe surtout par mails... Je reçois les mails collectifs réguliers (pour mettre en place des bonus ou des numéros spéciaux, par exemple) et de mon côté j'envoie mes pages par mail à James et Boris Mirroir.
Z. : Qu’est-ce qui vous a décidé à participer à "Mauvais Esprit" ?
J.A. : James m'a contacté, et c'était une opportunité pour participer à une aventure avec des gens que j'estime, voir ce que ça donne, grappiller un peu de sous si possible.
Z. : J’ai le sentiment que le lecteur d’un blog gratuit n’est pas seulement incité à le lire parce qu’il fait une économie de cette façon, mais qu’on sort du rapport de consommation habituel. Partagez-vous cette impression ?
J.A. : Je pense surtout que l'intérêt du blog est d'établir un rapport direct entre auteur et lecteurs, avec des réactions rapides qui peuvent permettre de se rendre facilement compte du ratage d'un gag par exemple. Cette intimité recèle aussi son effet pervers puisqu'on peut aussi s'enfermer dans cette proximité, s'entourer de lecteurs fans, alors qu'un éditeur peut apporter idéalement un regard plus critique et constructif.
Z. : Y a-t-il un seuil, c’est-à-dire un nombre d’abonnés, que "Mauvais Esprit" doit atteindre pour justifier sa raison d’être ? Ou bien le simple fait d’être regroupés dans un collectif est profitable aux contributeurs ?
J.A. : Il y a un seuil de rentabilité, mais je ne le connais pas ; il faudrait demander aux fondateurs. Je sais que pour l'instant, ce seuil n'est pas atteint.
Z. : De toutes les tentatives de webzine analogues en cours, "Mauvais Esprit" me semble la plus astucieuse, même si je suis étonné que l’option de la gratuité n’ait pas été retenue, en misant sur des retombées indirectes. Vous avez déjà touché vos premières royalties ?
J.A. : Il y a des contenus gratuits* pour attirer les lecteurs, mais l'idée de base est quand même de voir si on peut faire de la BD numérique payante, explorer de nouveaux modes de diffusion et de création. Il y a une certaine crise de la bande dessinée en librairie, ça justifie de se demander si d'autres usages sont possibles et si d'autres lecteurs existent.
Z. : Avez-vous d’autres projets en cours que "Mauvais Esprit" et "Grands Moments" ?
J.A. : Il y a des projets top secrets, mais pas assez. J'aimerais bosser plus.
Z. : Merci !
*Plusieurs n° du webzine de BD "Mauvais Esprit" sont consultables gratuitement et permettent de se faire une idée sur le style et le ton de cette publication hebdomadaire, à laquelle on peut ensuite s'abonner suivant des formules très souples - au mois pour 2 €, par exemple (offre spéciale -50% jusqu'à demain).
**Caricature de Jérôme Anfré, monté sur un gnou à la manière d'Anfré, par Zombi.
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Palmarès Angoulême 2013
Dans la catégorie "Prix de la BD alternative" (où Zébra concourait), le magazine "Dopututto Max" a triomphé d'une trentaine de concurrents. Il est publié par les éditions toulousaines Misma.
Crocodile contre zébra, évidemment la partie n'était pas gagnée d'avance. Il ne nous reste plus qu'à inverser le cours de la chaine alimentaire...