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FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE

  • Sidi Bouzid Kids - La Révolution tunisienne*

    Cet album publié chez Casterman (KSTR) raconte la récente révolution tunisienne… telle webzine,gratuit,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,sidi bouzid,casterman,kritik,révolution tunisienne,alex talamba,mohamed bouazizi,historien,shakespeare,marx,nietzsche,ben ali,facebook,twitter,facebook,alliot-marieque les Occidentaux aimeraient qu’elle se soit déroulée: une poignée de jeunes Tunisiens, épris de liberté et inspirés par les idéaux de la révolution française, renverse le tyran Ben Ali grâce à Facebook et Twitter. Pas besoin d’être abonné au «Monde diplomatique» pour deviner que ce récit est cousu de fil blanc, le décalque presque parfait des journaux télévisés servis par TF1 ou France 2.

    Sans être aussi réactionnaire ou conservateur que Nietzsche, ennemi de tout ce qui fait bouger la société, on peut affirmer que cette manière de raconter le processus révolutionnaire est la plus débile possible. Elle fait fi de l’histoire ; or l’histoire est le seul terrain où les tyrans ne dominent pas les peuples. L’historien doit toujours lutter contre la légende dorée. Shakespeare contre la légende médiévale arthurienne, Marx contre les contes pour enfants des Républiques libérales à base de grand architecte de l'univers, etc.

    En l’occurrence, la légende dorée en filigrane de cette BD est celle de la révolution bourgeoise et de la souveraineté populaire/droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    L’idée que le régime bourgeois libéral constitue un progrès, dont nous, Occidentaux, bénéficions, tandis que le reste du monde demeure largement soumis à la tyrannie est une idéologie : - primo, contestée par bon nombre d’historiens ; - deuxio, d’une arrogance sous-jacente à l’entreprise colonialiste ou impérialiste depuis le XVIIe siècle, dont les émeutes contre Ben Ali, et le renversement de son gouvernement ne sont qu’un épisode sanglant parmi d’autres. Non pas une "avancée", mais une "secousse".

    La «souveraineté populaire», du moins dans son dispositif électoral moderne, est une invention occidentale, inculquée comme le catéchisme au reste du monde. C’est-à-dire que, comme certains athées arguent que dieu demeure obstinément invisible, on peut aussi bien en dire autant de la démocratie. En réalité, ne tarde-t-elle pas aussi à se montrer, ailleurs que dans les discours ronflants des politiciens, ou dans le désir inassouvi du peuple tunisien d’être libéré de son joug ? La formule englobe tous les eldorados et les edens truqués depuis que la religion existe : "la possibilité d'un île", dit untel.

    On constate que cette promesse de démocratie réelle consolide aussi bien l’ordre public tyrannique, qu’elle joue un rôle dans le déclenchement de la rébellion ou de la révolution.

    L’histoire nous enseigne en outre que c’est exactement le rôle que «dieu» a pu jouer sur le plan social auparavant – le plus souvent mis au service de l’ordre public, parfois brandi «a contrario» comme un argument révolutionnaire, y compris par certains artisans de la Révolutionnaires de 1789. De même, encore aujourd'hui, Allah et la révolution sont confondus dans les revendications de certains révolutionnaires musulmans. Ajouter "allah" est même sans doute une façon de dire pour les Maghrébins qu'ils ne copient pas l'Occident.

    L’idée de démocratie moderne n’a rien à voir avec Platon : elle est entièrement tributaire de la façon dont dieu a été défini par le clergé dans l’Occident moderne. Platon émet des hypothèses pour 200.000 Athéniens.

    La démocratie n’est donc qu’une version laïcisée ou populiste de dieu. «Populiste», dans la mesure où les élites des nations dites «démocratiques» agissent sciemment à l'écart, ou en dépit des principes égalitaires ou de fraternité requis.

    Bien qu’il ne perçoive pas tout le profit pour l’élite d’une telle métamorphose du dieu de l’ancien régime en démocratie, ou le caractère inévitable de cette métamorphose, Nietzsche a raison de ne voir dans ce processus qu’un simple désordre, et non un progrès. L’idée de progrès est martelée par la propagande libérale, à laquelle cet album de BD sur la révolution tunisienne contribue, sans que ses auteurs aient fait le moindre effort de synthèse, écrivant un récit aussi naïf que les images d'Epinal sur Jeanne d'Arc ou Napoléon.

    Michèle Alliot-Marie joue dans cette BD le rôle de la méchante Occidentale conservatrice, de mèche avec le tyran Ben Ali : ce procédé manichéen permet d’éviter de poser le problème dans les termes réels où il se pose, depuis le début de l’aventure coloniale : à savoir, non pas de l’intérêt privé de ladite Alliot-Marie, exécutante de basses-œuvres parmi tant d’autres, voire de Ben Ali, mais en termes d’intérêt pour la société civile française dans son ensemble, luttant pour le maintien de l’influence de la France en Afrique.

    Que font aujourd’hui les troupes françaises au Mali, mandatées par un gouvernement de gauche, si ce n’est rétablir l’ordre à la demande du gouvernement malien, répondant à une sollicitation que Mme Alliot-Marie n’a pas eu le temps de satisfaire en Tunisie ? Ce qu’il faut remarquer, puisque l’ingérence coloniale sous divers prétexte n’est pas un fait nouveau, c'est qu'elle obéit à une tactique extrêmement hasardeuse, la plus propice à installer le chaos et la zizanie, en lieu et place de la liberté rêvée ou promise. Un plan de pénétration-retrait. Ce que la BD rappelle quand même, c'est que l'intervention française, si elle avait eu lieu, sous une forme ou une autre, aurait été justifiée par la lutte contre le terrorisme par le régime de Ben Ali. Ainsi que la répression à l'aide de snipers qui fut brièvement mise en place. Le régime de Ben Ali est tombé pour des raisons économiques. As usual. Il est tombé très vite de n'avoir pas pris la mesure de son extrême faiblesse économique.

    Sans doute la meilleure raison de faire du reportage en BD est pour inverser ce type de discours simpliste, véhiculé par «Sidi Bouzid Kids», qui prend surtout ses lecteurs pour des "kids", répétant ce qu’on entend dans les journaux télévisés, et qui est conçu pour entraver le moins la digestion du téléspectateur.

    Deux ou trois dépêches recopiées des journaux en fin d’album, sont plus intéressantes que le scénario précédent, mis en image par Alex Tambala, dessinateur roumain, dont je ne nie pas l’habileté.

    Notamment l’une de ces dépêches suggère que le suicide de Mohamed Bouazizi, qui s’immola par le feu en décembre 2010 après avoir été giflé par une policière, pourrait n’être qu’une légende. C’est-à-dire l’immolation, avérée, mais la cause du suicide demeurant mystérieuse. Ce genre d’anecdote ou de détail, de même que la perversité de l’épouse de Ben Ali, sont montés en épingle pour deux raisons : d’abord parce que la propagande se nourrit de détails, et consiste à focaliser l’attention du public dessus, ensuite parce qu’il est flatteur et confortable pour l’homme de croire que tel ou tel peut peser par une action, isolée ou collective, sur le cours des événements : ce qui revient à une conception climatique ou phénoménologique de l’histoire, dépassée depuis des milliers d’années… au moins depuis Homère.

    Sidi Bouzid Kids, par Eric Borg et Alex Talamba, Casterman, 2012.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Attentat contre Zébra !?

    La laideur numérique a encore frappé*, comme vous pouvez le constater en matant l'infographie ci-dessous, publicité pour le prochain festival d'animation de Stuttgart (23-28 avril 2013). Je me demande si Zébra, en tant qu'association légale, ne pourrait pas se porter partie civile ?

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    *La laideur de "Satan trismégiste", comme dirait Pacôme "little Bouddha" Thiellement.

  • Jeu BD & Littérature

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    Je propose un petit quiz sur le thème BD & littérature (assez balèze) sur le site Babelio.com...


    Testez votre culture littéraire avec les quiz de Babelio.com

    Q1: Lequel de ces écrivains n'a pas été adapté en bande-dessinée ?

    1. Marcel Proust

    2. Louis-Ferdinand Céline

    3. William Shakespeare

    4. Edgar Allan Poe


    Répondre >>

    Bibliotheque


  • Webzine BD gratuit !

    Le webzine de BD+illustration "Out of Zébra" (mars 2013, 24p.), fabriqué avec les archives du blog, est consultable en ligne.

    Au sommaire de ce n° : les gags de W.Schinski, Naumasq, Zombi, quelques strips de Lola, le reportage de David Roche à Angoulême, les illustrations de Louise Asherson autour de la divine comédie, l'interview de Jérôme Anfré, W, des critiques BD, un conte d'Alphonse Allais, et une brassée de liens hypertexte vers les sites et les blogs remuants ou innovants de la blogosphère.

    Bonne lecture !

     


     


  • En Silence***

    La critique doit non seulement s’efforcer de déceler l’esprit d’un bouquin s’il en a, mais elle doit aussi webzine,zébra,bd,bande-dessinée,critique,en silence,audrey spiry,kstr,kritik,zombi,rivière,sexe,torrent,vouivresavoir rester silencieuse devant un objet qui ne se prête pas à la critique. Pourquoi y a-t-il des critiques musicaux qui s’efforcent de démontrer que Wagner est supérieur à Vivaldi, ou vice-versa, quand les amateurs de musique disent qu’ils n’ont pas besoin de la critique ? Qu’ils aiment tel truc ou tel autre, parce que c’est leur bon plaisir. Point à la ligne. Critiquer la musique doit être une sorte de musique en soi, je suppose, celle de ceux qui ne savent pas jouer d’un instrument ou composer, ou qui n’ont pas de voix…

    Ce préambule pour m’excuser de faire quand même la critique d’une BD aussi impalpable. Une pure symphonie de couleurs. Il est bien vrai qu’en matière de couleurs, il est inutile de discuter: je suis incapable de dire qui d’autre que moi pourra être touché par cette BD d’Audrey Spiry, qui fait vibrer la corde érotique, d’une façon très féminine ? Disons qu’il faut peut-être, comme je le fais, situer la baignade dans le lit d’une rivière froide parmi les trois ou quatre plaisirs les plus élevés dans ce monde, et qui fait que dès que je passe à proximité d’une rivière, je ne peux pas m’empêcher de me jeter dedans, y compris si elle Vilaine.

    Une bande de touristes au fond d’une gorge profonde descend le cours d’un torrent, tantôt coquin, tantôt brusque, glouton, affolant. Voilà pour le scénario. Ajoutez quelques "flash-back", à cause du lien entre l'eau et la mémoire. Bien sûr tout est sexuel là-dedans. Zéro imagination de ma part.

    Ce qui est remarquable chez Audrey Spiry, c’est la manière dont l’érotisme occupe toute sa fiction, le point où elle parvient à faire pratiquement corps avec la rivière, la traduisant dans son dessin comme le personnage principal. D’habitude c’est le scénariste qui nous mène, pliant le dessin à sa volonté ; là, c’est la rivière, qui nous entraîne.

    Les rivières sont des dévoreuses d’hommes, comme l’esprit des rivières, qu’on nomme «vouivre», et qu’il vous est peut-être déjà arrivé de rencontrer, comme moi, dont il vaut mieux prendre l’avertissement très au sérieux. L’homme – je ne sais pas si les femmes aiment vraiment se baigner dans les rivières froides, sauf pour ensuite se réchauffer au coin du feu ? -, l’homme disais-je, qui va au bain, entre dans le lit d’une femme beaucoup plus puissante que lui, situation inédite, et dépucelage qui peut avoir des conséquences gravissimes si la rivière veut cet homme pour elle et pour elle seule.

    Se baigner dans la mer est plutôt dégueulasse, en comparaison. Pas seulement parce que de très gros poissons baisent dedans. Pour ma part, je laisse ça aux poètes oedipiens, fascinés par leur maman. Aux Italiens, qui voudraient que l’eau soit toujours à 37°C.

    NB : Il ne faut pas s'attendre à ce que je traite d'une BD de cul chaque semaine non plus. Là je l'ai fait, exceptionnellement, parce que c'était la journée de la femme.

     

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    En Silence, Audrey Spiry, KSTR, 2012.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)