Le strip hebdo de Lola (par Aurélie Dekeyser)
(reprise d'un ancien strip pour un projet d'album)
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Le strip hebdo de Lola (par Aurélie Dekeyser)
(reprise d'un ancien strip pour un projet d'album)
La Semaine de Suzette Zombi. Mardi : "A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s'accroître en compensation." Aldous Huxley
Maintenant qu’à peu près tout le monde a fait son article ou son commentaire sur le dernier album de Renaud, que puis-je ajouter à ce déluge de louanges ?
« J’ai embrassé un flic », la chanson qui ouvre cet album, m’a rappelé qu’il y a plus de 20 ans un autre Renaud chantait « La ballade de Willy Brouillard ». Mais c’était au siècle dernier. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts de l’Isle-sur-la-Sorgue et, de l’eau, Renaud en a mis beaucoup dans son pastis. « Willy Brouillard » figure sur l’album « A la Belle de Mai » (1994), son dernier bon disque en studio. Le suivant était plutôt réussi aussi, mais ce n’était qu’un album de reprises (« Renaud chante Brassens », 1996).
La tournée 1995-1996 a donné lieu à un très beau disque, bien représentatif du travail et du talent de Renaud (« Paris/Provinces aller-retour »). Pas aussi décoiffant que l’enregistrement public « Un Olympia pour moi tout seul » (1982), sans doute mon préféré.
Ce nouvel album est assez lisse, mais pour un gars qui vient de sortir de 20 ans de coma, c’est inespéré.
Côté dessin, certaines chansons ont notamment fait l’objet d’un recueil BD, « La bande à Renaud » (1986), avant que le titre ne serve pour un disque de reprises bien craignos. Marc Large a illustré le bouquin "Renaud des Gavroches". Ah oui, et Renaud a vendu une partie de sa collec de bédés pour payer une maison à sa fille qui s’est séparée de son mec.
NB : si vous avez envie de lire des critiques subjectives, bien écrites, de disques bons ou mauvais, je vous invite à lire la prose de ClashDoherty sur son blog.
L’Enigmatique LB
La Semaine de Zombi. Lundi : C'est aussi casse-pied de dessiner des CRS que de dessiner des bagnoles.
photomontage par l'Enigmatique LB
Les libraires doivent rire jaune en lisant la satire du milieu littéraire anglais par Posy Simmonds ; en effet "Literary Life", BD traduite de l'anglais et publiée par Denoël Graphic (2014) est transposable au milieu littéraire français, à quelques détails près.
Posy Simmonds crève la baudruche de la culture en peignant un tableau peu flatteur de l'homme de lettres moderne (la femme de lettres n'est pas épargnée non plus).
On ne peut s'empêcher de penser à Claire Bretécher en lisant les planches de Posy Simmonds, dessinatrice au "Guardian Review" outre-manche depuis des lustres, dans lequel ses tranches de "vie littéraire" sont parues. Si Bretécher a croqué le milieu "bobo" d'une façon aussi réaliste, c'est -à l'en croire-, parce qu'elle l'éprouva de l'intérieur ; de même on a l'impression que Posy Simmonds (de cinq ans la cadette de Claire Bretécher), sait bien de quoi elle parle quand elle parle de librairies, de salons du livre, de dédicaces, d'éditeurs, de critique littéraire... Il est plus juste de parler d'ironie que de satire, pour qualifier la démarche de P. Simmonds ; son cynisme et sa franchise l'inclinent à ne pas embellir la réalité.
Sans doute certains gags sont un peu "attendus" ; ce n'est pas la première fois que le milieu littéraire est la cible de sarcasmes ; souligner le narcissisme de l'écrivain, son désir de plaire et de se rassurer, ce n'est pas un scoop.
Cependant Posy Simmonds se rattrape en proposant des angles variés, qui permettent de cerner le métier; le métier, tout est dans ce mot car le ridicule de l'homme de lettres moderne tient largement à ce qu'il est devenu un "professionnel", l'écriture un travail, et les librairies des étals de plus en plus banals. Du décalage entre la littérature, qui peut sembler parfois une échappatoire à la condition humaine, et le carriérisme de l'homme de lettres moderne, Posy Simmonds extrait la plupart des situations comiques. On pourrait traduire cette évolution autrement : on a affaire aujourd'hui à une littérature produite d'abord par des éditeurs, assisté par des écrivains. Le rapport des prérogatives s'est peu à peu inversé. Cette évolution est particulièrement visible dans le domaine de la bande-dessinée où les recettes technico-commerciales se sont vites imposées sur des méthodes plus artisanales.
- Entre autres observations pertinentes, P. Simmonds suggère l'effet délétère de la psychanalyse sur la critique littéraire. Cet effet avait d'ailleurs été anticipé par le journaliste et critique viennois Karl Kraus, contemporain de Freud et auteur d'aphorismes cinglants à l'encontre de son compatriote et de la psychanalyse (Freud s'est notamment ridiculisé en tentant de réduire les personnages de Shakespeare à des symptômes).
P. Simmonds illustre aussi le complexe d'infériorité grandissant de l'écrivain vis-à-vis du cinéma et de la télévision ; au point que les plus serviles se rêvent scénaristes de cinéma, c'est-à-dire au service d'un art beaucoup plus rémunérateur, mais presque entièrement fait de contraintes. Indirectement, P. Simmonds pointe du doigt le rôle que joue la culture afin d'emprisonner l'homme moderne dans la fiction.
Literary life - scènes de la vie littéraire ; Posy Simmonds, Denoël Graphic, 2014.
La Semaine de Suzette Zombi. Samedi : "Si le terrorisme n'existait pas, il faudrait l'inventer !" Le Scénariste