par Naumasq
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
par Naumasq
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi.
Ne vous fiez pas à son titre, "La Légèreté" de Catherine Meurisse est la BD la plus lourdingue de l'année. Lourdingue, c'est-à-dire conventionnelle.
A la télé, une journaliste a déclaré à propos de "La Légèreté" cette chose extravagante : "S'il n'était pas obligatoire de dire du bien de "La Légèreté", j'en aurais quand même dit du bien, car cette BD est magnifique, etc." (je n'ai pas gardé le souvenir de tous les superlatifs utilisés).
Ou bien cette journaliste est complètement idiote, ou bien elle est très maligne, au contraire. Elle suggère en effet que nous vivons dans un monde où il est obligatoire de dire du bien en public de certains bouquins, indépendamment de leur contenu !? Pourquoi ne pourrait-on pas dire du mal d'un bouquin qu'on a trouvé creux ? Quel sorte de décret tacite l'interdit ?
En résumé, Catherine Meurisse a perdu ses confrères dessinateurs de "Charlie-Hebdo", abattus presque sous ses yeux par les frères Kouachi. Il y avait de quoi devenir dingue, d'autant plus que les journaux et la télé n'ont pas cessé d'en parler 24h/24. Comment reprendre son souffle après une telle épreuve ? Catherine Meurisse part faire une retraite à Rome, à la Villa Médicis (résidence luxueuse mise à la disposition des artistes français) ; elle peint des aquarelles (bof) ; elle lit Proust et d'autres auteurs moins bourgeois, conseillés peut-être par Philippe Lançon, critique littéraire à "Libé" et à "Charlie" ? P. Lançon a rédigé une préface très confraternelle et assez barbante à "La Légèreté". Du coup, petit à petit, Catherine Meurisse se sent mieux ; son confrère Luz publie une BD sur comment il a vécu les mois suivant l'attentat, et C. Meurisse décide de faire la même chose.
La morale de l'histoire, c'est : - L'art m'a sauvée. Si Catherine Meurisse avait préféré cuisiner plutôt que lire "La Recherche", on aurait eu le droit à un livre de recettes. Que l'exercice de l'art puisse rendre la condition humaine moins pénible, c'est une certitude en même temps qu'un propos d'une grande banalité.
Ce qui m'a le moins rasé, ce sont les passages concernant Catherine Meurisse, que je connaissais mal, en comparaison des "piliers" de "Charlie-Hebdo". On apprend par exemple que Catherine Meurisse a été recrutée par Philippe Val. Par souci de parité, je suppose, étant donné que "Charlie-Hebdo" était jusque-là aussi fermé à la gent féminine qu'une assemblée de franc-maçons ou d'évêques catholiques.
A l'exception de quelques infos, glanées ici ou là, propres à satisfaire ma curiosité, j'ai dans l'ensemble été surpris et déçu par la BD de C. Meurisse ; surpris par son côté "sulpicien", mélange d'académisme et de bondieuseries, pas très éloigné de "Tintin & Milou". Venant d'une humoriste, je m'attendais à autre chose que l'apologie un peu plate de la rêverie artistique. De la part des rescapés de "Charlie-Hebdo", réagir comme ils l'ont fait à la fusillade, en publiant malgré tout le plus vite possible un nouveau numéro, c'était faire preuve d'un sang-froid plus conforme à l'esprit de "Charlie-Hebdo" (même s'ils n'ont pas pu échapper à la récupération politicienne que l'on sait, visant à faire des victimes de cette fusillade des martyrs de la cause et des valeurs occidentales).
Quelques écrivains ou artistes ont tiré de drames l'inspiration pour écrire des chef-d'oeuvre marquants. Par exemple, le tremblement de terre meurtrier de Lisbonne en 1755 a assez bouleversé Voltaire pour lui inspirer un pamphlet humoristique contre la philosophie "zen" de Leibnitz ; mais il manque à "La Légèreté" l'ingrédient que les grands bouquins écrits pour tenter de sonder la violence de la nature ou de l'homme, à savoir le recul. Probablement y a-t-il une difficulté supplémentaire à se remettre en cause quand on vient de subir une violence quelconque, d'ordre physique ou psychologique, mais dans ce cas pourquoi Luz et C. Meurisse n'ont-ils par attendu avant de publier ce qui ressemble à des confessions intimes ?
"La Légèreté", par Catherine Meurisse, Dargaud, 2016.
Le strip hebdo de Lola (par Aurélie Dekeyser)
(reprise d'un ancien strip pour un projet d'album)
La Semaine de Zombi. Vendredi : L'Europe est morte : - Adieu veaux, vaches, cochons, couvées !...
+ Le célèbre écrivain gallois Roald Dahl (1916-1990) ("Les Gremlins", "Charlie et la Chocolaterie") aurait eu cent ans cette année ; son illustrateur attitré, Quentin Blake, contribua à répandre ses ouvrages pour la jeunesse, grâce à son talent pour caricaturer les animaux. Le magazine "Lire" a pris prétexte de cet anniversaire pour publier un numéro spécial dédié à Roald Dahl. On apprend que cet ancien pilote de chasse joua le rôle d'espion pour le compte de l'armée britannique aux Etats-Unis, plaidant discrètement la cause de l'engagement des Etats-Unis aux côtés du Royaume-Uni.
Cette mission était-elle vraiment sérieuse ? On en doute quand on lit que, selon un racontar, R. Dahl "a dû coucher avec toutes les femmes de la Côte Est et de la Côte Ouest valant plus de 50.000 dollars." "Espionnage" est un grand mot ; comme beaucoup de diplomates, R. Dahl tenait son état-major informé des opinions en vogue dans la haute société new-yorkaise.
+ Le prochain festival BD de Lausanne (BD-fil) qui se tiendra à la mi-septembre prochain aura pour invité d'honneur le Suisse Derib, auteur notamment de westerns écolos ("Buddy Longway", "Yakari") ; ce festival organise en outre le concours de BD le mieux doté d'entre tous (5.000 euros) ; cette année le thème du concours est la ou les "migrations".
Un quart de la population suisse est d'origine étrangère, ce qui est un record en Europe ; mais cette statistique cache que la plupart des immigrés sont originaires de pays voisins tels que l'Allemagne, l'Italie ou la France, surtout en quête d'un travail ou d'un meilleur salaire. Les immigrés en provenance d'Afrique représentent moins de 10% du contingent des immigrés en provenance d'Europe.
+ "Fat-ras" est un fanzine satirique ("silly and satiric") anglais, dont on peut télécharger gratuitement l'édition de janvier #16. Les attentats perpétrés en France réveillent le patriotisme de Grouch, bien décidé à ne pas rater cette nouvelle guerre...
+ A paraître pour la Fête des Pères 2017, illustrant les nouveaux rapports père-fils, les strips "Father Tazer", par tOad ; extrait :
par l'Enigmatique LB