La Semaine de Zombi. Jeudi.
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
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Caricature Valls & Macron
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Caricature Laeticia & Johnny
par l'Enigmatique LB
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Black dog**
Cette BD donne raison à ceux qui expliquent que la BD ne repose pas sur le dessin, mais qu'elle est plutôt une forme de littérature un peu bâtarde.
Une fois de plus, je me suis laissé séduire par la couverture d'un album de Loustal, illustrateur talentueux, au trait français élégant et à la colorisation maîtrisée comme celle d'un peintre ; une fois de plus j'ai été déçu par un scénario creux, pour ne pas dire indigent. Le scénario est de Jean-Claude Götting, illustrateur lui aussi. Il s'agit d'un polar dans le genre américain, un règlement de compte entre gangsters, quelque chose comme ça - je faisais plus attention à la manière de Loustal qu'à l'intrigue. Le précédent album de Loustal était aussi un polar, situé à Paris, (un peu) plus crédible.
Quelle idée de vouloir faire du polar américain quand on est Français ? Je suppose que les auteurs ont voulu s'amuser. Parfois les artistes ne cherchent pas autre chose ; c'est un peu limité.
Black dog, par Jacques Loustal & Jean-Claude Götting, Casterman, 2016.
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Caricature François Hollande
par l'Enigmatique LB
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Caricature France-Portugal
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi : "Liberté, égalité, football, etc."
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Caricature Didier Deschamps
La Semaine de Zombi. Vendredi : La bière a remplacé le vin de messe.
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Qui a peur de Shakespeare ? (1)
Petit feuilleton littéraire estival
Insaisissable Shakespeare
On célèbre cette année dans le monde entier les 400 ans de la mort de William Shakespeare, cet illustre inconnu. L'oxymore permet de souligner le paradoxe suivant : Shakespeare est aussi loin que proche, absent que présent ; présent dans la culture contemporaine via la multitude des poètes modernes qu'il a touchés et influencés, des adaptations de son oeuvre qui ont été proposées au public, tant cinématographiques que théâtrales...
Mais il semble aussi distant en raison du mystère qui entoure son oeuvre ; combien sont partis à la recherche de Shakespeare, de l'homme, de son oeuvre... et n'en sont jamais revenus ? Des milliers ? Peut-être encore plus... Une bibliothèque privée, exclusivement consacrée à la collecte d'ouvrage traitant de Shakespeare, recèle plus de 100.000 bouquins !
A quoi bon la culture, si elle nous pousse à célébrer Shakespeare sans même savoir qui il est ?
La commémoration ne doit pas faire oublier que Shakespeare n'a pas que des admirateurs, mais aussi quelques détracteurs plus ou moins sévères ; Tolstoï, par exemple, le jugeait inférieur à Homère. Pour le peintre Delacroix, qui a illustré le texte de S., ses pièces manquent de perfection. Il arrive que les détracteurs en disent plus long que tel ou tel admirateur, pressé de trouver un appui dans Shakespeare à son système de pensée.
"Catholique", "Luthérien", "Athée", "Libre-penseur", "Païen" : à peu près tous les épithètes ont en effet été attribués à Shakespeare par la fine fleur des intellectuels, philosophes ou essayistes modernes, aussi contradictoires soient-ils entre eux, contribuant à brouiller la piste encore plus.
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Si vous n'aimez pas le mystère, arrêtez-vous ici, car il s'épaissit encore sous l'effet des efforts de certains critiques pour dénier à l'acteur de Statford-sur-Avon la paternité de l'oeuvre qui lui est officiellement attribuée. Il y a de cela quelques années, un film américain ("Anonymous", 2011) broda une intrigue autour de cette suspicion d'un auteur différent.
Auparavant, Mark Twain écrivit et fit jouer une pièce exprès pour persuader le public de la conviction qu'il avait acquise que l'acteur natif de Stratford-sur-Avon n'était qu'un prête-nom. Mark Twain est-il convaincant ? Il l'est au moins sur un point : la notice biographique de Shakespeare est étonnamment concise, limitée à quelques lignes, et donc propice à faire naître tous les fantasmes.
Les "antistratfordiens" sont sans doute plus nombreux aux Etats-Unis, car l'antistratfordisme relève presque du blasphème dans la patrie de Shakespeare. Mais il faut ajouter au moins deux noms allemands prestigieux à la liste des sceptiques : ceux du doctrinaire réactionnaire F. Nietzsche et du médecin fondateur de la psychanalyse S. Freud. Tous deux réattribuèrent l'oeuvre au savant Francis Bacon (1561-1626), en se fondant sur divers arguments. La correspondance privée de Nietzsche montre qu'il fut même, pendant un temps, persuadé d'être la réincarnation de F. Bacon alias Shakespeare !...
Tout cela a bien sûr un parfum de complotisme dans l'air du temps ; mais, avec "Hamlet", Shakespeare n'a-t-il pas élevé le complotisme au rang d'oeuvre d'art ?
(A SUIVRE)
Illustration par E. Delacroix de la scène d'Hamlet et des fossoyeurs (acte V, scène 1) ; au XIXe siècle, la passion de Shakespeare se répand petit à petit dans toute l'Europe ; Delacroix y participe, tout en exprimant quelques réserves dans son "Journal".