Caricature par LAOUBER
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
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Macron en Israël
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Caricature Féminisme
Caricature par ZOMBI
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Boutique Zébra
NOUVEAU TEE SHIRT DANS LA BOUTIQUE ZéBRA
(imprimé avec un motif inspiré des autocaricatures de Toulouse-Lautrec)
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Le Strip de Lola
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Revue de presse BD (344)
Calvaire du Christ par le Greco.
+ Peut-on admirer les oeuvres du Greco exposées au Grand Palais (jusqu'au 10 février) sans culture biblique ? Sans doute puisque Domenikos Theotokopoulos, alias le Greco (1541-1614), n'est pas moins fameux en raison de ses qualités plastiques que de ses représentations de scènes de la vie de Jésus et ses apôtres.
La réponse serait moins nette en ce qui concerne Rembrandt ou d'autres peintres particulièrement attachés à rendre la foi chrétienne intelligible à travers leurs oeuvres. Un double portrait des apôtres Pierre et Paul trahit peut-être l'origine grecque du peintre, car il suggère la soumission de Pierre à Paul, armé d'une impressionnante "épée de la foi".
Le Greco a été propulsé assez récemment au rang des grands peintres par ses admirateurs, parmi lesquels on compte Th. Gautier, M. Barrès, Picasso, Cocteau, Elie Faure, ou encore le cinéaste S. Eisenstein. L'originalité de sa gamme de couleurs, mais aussi de ses compositions, ont été prises pour des signes de génie. Il émane aussi de la peinture du Greco une grande vitalité due à la leçon de dessin prise chez Michel-Ange. Avec une connotation positive, le Greco est parfois qualifié de "fantasque" ; il faut minimiser ce caractère, qui tient en partie à l'évolution technique du Greco, peintre d'icône converti à la grande peinture italienne, installé à Tolède et réputé au-delà.
Eisenstein s'appuie en partie sur la méthode de composition du Greco, qui propose parfois plusieurs angles de vue dans un même tableau, pour bâtir une thèse selon laquelle l'art occidental converge vers le... cinéma ; cette thèse, qui pourrait inclure la bande dessinée, est typiquement technocratique puisqu'elle ne prend en compte que la dimension technique de l'art ; de plus les artistes, y compris les plus modernes, se tournent souvent vers des solutions techniques archaïques ou antiques. Le cinéma est en réalité proche de l'académisme, lié à la virtuosité technique.
On peut sans doute admirer Le Greco sans culture biblique, mais pas comprendre les débats et les querelles parfois violentes qui agitent l'art occidental depuis plusieurs siècles sans cette culture.
+ Les auteurs de BD feront symboliquement grève le 31 janvier lors du festival d'Angoulême ; ils entendent ainsi protester contre les méthodes de "dumping social" mises en oeuvre par les gros éditeurs de BD depuis une quarantaine d'années.
Il y a fort à parier que cette grève n'aura pas le même impact que celle du métro parisien. Cette corporation est en effet très peu solidaire, en dépit de quelques slogans communs.
Au point où ils en sont, certains auteurs de BD échangeraient bien leur statut "d'artistes" contre des fins de mois moins difficiles.
Parmi les revendications des syndicalistes, l'étonnante réclamation d'une taxe "Victor Hugo" sur les oeuvres tombées dans le domaine public afin de favoriser la "création vivante". On confond ici procréation et création artistique : il ne suffit pas d'être en vie pour produire une oeuvre vivante et il y a des tas d'artistes morts dont l'oeuvre vit encore.
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Un Auteur de BD en trop**
La parution d'"Un Auteur de BD en trop", quelques semaines avant le festival d'Angoulême, n'est sans doute pas due au hasard.
Son auteur, Daniel Blancou, y égratigne le milieu de la bande dessinée dans un album superbement édité (!?). La notice wikipédia de D. Blancou nous informe que cet auteur a débuté sa carrière il y a une dizaine d'années.
Une large majorité des auteurs de BD connaît un "spleen" qui n'a rien de "baudelairien", puisque beaucoup ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois.
Les éditeurs sont pointés du doigt puisqu'ils ont ouvert au cours des dernières décennies le marché de la bande dessinée à une concurrence féroce, en appliquant des recettes commerciales ("dumping social") enseignées à HEC.
On sait le poids de l'industrie du divertissement dans les économies dites "néo-libérales". Le statut des auteurs de bande dessinées est, à cet égard, parfaitement ambigu, et un certain nombre d'entre eux entretient cette ambiguïté. Tandis que certains auteurs de bande dessinées sont de simples employés de cette industrie, plus ou moins satisfaits de leur sort, d'autres aux antipodes critiquent la société de consommation "à leurs risques et périls".
"Un Auteur de BD en trop" n'est pas le manifeste d'un auteur mécontent, mais plutôt un regard ironique et décalé sur une profession où se côtoient des ambitions et des désirs disparates, pour la raison que nous venons d'évoquer.
Comme la presse française a intérêt à être solidaire de "Charlie-Hebdo", masquant ainsi son motif principal de domestication des Français, les gros éditeurs de BD ont intérêt à être solidaires des petits producteurs indépendants qui font circuler un peu d'air frais dans une production où on en est à rééditer à tour de bras les "classiques" des années cinquante.
On regrette que la partie la plus faible soit celle où Daniel Blancou évoque le rapport entre la bande dessinée et l'art contemporain. Le milieu de la bande dessinée, notamment en France, nourrit un complexe à l'égard du milieu de l'art contemporain, figé dans une posture plus vaniteuse que la Grande galerie des glaces.
Or D. Blancou ne tire pas pleinement parti de cette situation comique, proche du "Bourgeois gentilhomme" découvrant qu'il sait manier la prose, puisque des professeurs révèlent aux auteurs de BD qu'ils avaient toujours fait de l'art sans le savoir et peuvent désormais se prévaloir en société du titre gratifiant d'apôtres du 9e Art. Amen.
"Un Auteur de BD en trop", par Daniel Blancou, éd. Sarbacane, janvier 2020.
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Sacré Harvey !
Caricature par WANER (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")