La Semaine de Suzette Zombi. Dimanche.
pressé - Page 194
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Caricature Président Macron
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Revue de presse BD (249)
+ BD-Zoom signale la publication d'un album d'Harvey Kurtzman (1924-1993) (aux éds Wombat), cofondateur de la revue satirique américaine "Mad", qui exerça une certaine influence sur les humoristes français ("Fluide-Glacial", "Pilote"...).
L'auteur de l'article mentionne au passage le lancement par Kurtzman d'un (éphémère) magazine baptisé... "Trump", et financé par le patron de presse pornographique Hugh Hefner ("Play-Boy").
Commentant l'article de Franck Guigue, un lecteur de BD-Zoom fait remarquer la difficulté de traduire l'humour d'Harvey Kurtzman en français.
+ Une récente dépêche AFP mentionnant la hausse des profits des éditeurs de BD au cours de la décennie écoulée a déclenché le mécontentement d'une partie des auteurs, dont le nombre s'est multiplié et les revenus sont, en moyenne, très bas (inférieurs au smic dans plus de 50% des cas).
L'industrialisation de la production est en cause ici ; elle ne date pas d'aujourd'hui et l'on peut s'étonner que ses conséquences suscitent la désapprobation d'une corporation restée globalement muette et passive devant ses causes. Toute la question est de savoir si la production et le marketing finiront par nuire aux éditeurs eux-mêmes.
Quant aux éditeurs et aux auteurs les plus indépendants, ils auraient peut-être plus à gagner qu'à perdre dans la faillite de cette petite industrie du divertissement (faillite ou absorption par l'industrie du divertissement).
On discerne ici également l'arnaque de la reconnaissance par les pouvoirs publics de la BD comme "un art à part entière" (à coup de médailles et de discours creux). Cet argument essentiellement commercial a l'inconvénient d'unifier artificiellement des pratiques parfois aux antipodes. Cette opération de "gentrification" de la BD rappelle l'histoire plus ancienne du droit de la propriété intellectuelle, systématiquement présenté comme une avancée et un progrès pour les auteurs, mais dans lequel les moins naïfs d'entre eux ont souligné un gain pour les éditeurs, principalement.
+ Guillaume Doisy ("Caricatures & Caricature") aborde le problème de la caricature et de l'antisémitisme dans un long article truffé de références portant sur la presse illustrée de la fin du XIXe siècle. L'auteur pose la question de savoir si la caricature fut une figure majeure du discours antisémite ? Son étude est focalisée sur la gazette "La Libre Parole illustrée" du pamphlétaire antisémite Edouard Drumont.
Comme la caricature a servi au cours des derniers siècles à la promotion des idéologies occidentales les plus sinistres et meurtrières (nationalisme, communisme, nazisme, etc.), la question posée par G. Doisy revient à se demander s'il y a un lien spécial entre l'antisémitisme et la caricature. G. Doisy conclut que "S’il ne faut pas minorer l’extrême violence de certaines caricatures diffusées par "La Libre parole illustrée", il faut souligner néanmoins leur rareté."
Précis et bien documenté, l'article entretient néanmoins le préjugé qu'il y a, entre le discours antisémite et le massacre des Juifs au cours de la seconde guerre mondiale, un lien de cause à effet. L'étude historique approfondie de cette période consiste en effet à élucider la ou les causes véritables du conflit ayant entraîné les massacres, par-delà le(s) prétexte(s) invoqué(s) par les élites politiques pour mobiliser les masses.
En se limitant au prétexte, on déduirait que la haine du riche, sur quoi repose largement la démagogie communiste, est la principale cause des massacres perpétrés par le régime soviétique (on passerait ainsi complètement à côté du mobile nationaliste très puissant, sous-jacent au communisme d'Etat...).
Une autre source de confusion consiste à présenter l'antisémitisme comme une sorte de "golem" puissant et unifié, alors même que l'antisémitisme se présente plutôt comme une nébuleuse idéologique, dont certaines tendances se combattent parfois entre elles. On mesure par exemple l'écart entre l'antisémitisme contemporain de l'affaire Dreyfus et l'antisémitisme plus tardif du régime nazi au fait que, du point de vue antidreyfusard, "Juif" et "Allemand" sont quasiment synonymes.
Il est assez évident que l'émergence récente du nationalisme juif a nettement modifié la perspective de l'antisémitisme, mais aussi de ses détracteurs, qui ont tendance à minimiser dangereusement l'importance du mobile nationaliste sous-jacent, auquel l'antisémitisme fournit un argument démagogique supplémentaire, populiste ou moderniste (dans le cas de l'antisémitisme nazi, appuyé sur un darwinisme racial pseudo-scientifique).
En affirmant que "(...) la caricature politique en cette fin de XIXe siècle fait généralement preuve d’une violence extrême, intégrée dans les mentalités collectives", G. Doisy ne fait que répéter le poncif qui assimile l'outrance de la caricature à la violence, poncif véhiculé afin de stigmatiser un genre populaire et incriminer a posteriori le "populisme". Si l'on songe aux manifestations à la fois les plus extrêmes et les plus modernes de la violence, on constate qu'elles sont souvent conçues et élaborées dans des ambiances feutrées, avec beaucoup de précautions de langage. Le "politiquement correct", en traquant la violence des mots, n'a pas effectivement aboli la violence.
(Ci-dessus : portrait d'E. Drumont en "Une" de "La Libre Parole illustrée" en guise d'autopromotion - l'hebdo se vante ici d'avoir épinglé le traître Dreyfus huit ans à l'avance.)
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Caricature ISF
Dessin par WANER
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Revue de presse BD (248)
+ Dans son blog, "Ma Vie de Réac", Morgan Navarro égratigne certains idéaux "de gauche". Il se moque ainsi dans un strip de "l'écriture inclusive", tentative d'éradiquer certaines inégalités entre les sexes par le biais de l'enseignement de l'orthographe et de la grammaire à l'école.
Cet auteur de BD explique d'ailleurs qu'il n'est pas vraiment "réac" (sous-entendu : il fait de la provocation). De fait, l'humoriste anar Alphonse Allais ironisait déjà au XIXe siècle à propos de cette volonté de militantes féministes de rendre la langue française "plus égale" ("Une défaite du féminisme").
Croire que le langage peut contribuer à transformer la réalité est sans doute une idée très féminine. Le décalage du langage avec la réalité est tel que le "féminisme", contrairement à ce que le mot semble indiquer, ne recueille même pas l'adhésion d'une majorité de femmes, mais seulement d'une petite -soi-disant- élite d'entre elles.
+ La bédéaste contestataire Tanx trouve dans le propos de Morgan Navarro l'occasion de monter sur ses grands chevaux et vitupérer les "réacs de gauche" : "Aujourd’hui on aurait beaucoup de mal à dire si un dessin est publié dans "Charlie" ou dans "Minute".
La dessinatrice tient à préciser que le "Hara-Kiri" de Choron et Cavanna ne trouve pas grâce à ses yeux ; et elle refusa naguère une proposition de collaboration de Siné, en le traitant de "phallocrate".
Il faudra donc lire ou relire les vieux numéros de "Hara-Kiri" pour vérifier si, oui ou non, comme nous le disons et répétons dans cette revue de presse, "Hara-Kiri" était nettement plus subversif que "Charlie-Hebdo" ne l'est aujourd'hui.
+ Le magazine "L'Incorrect" publiera-t-il les strips de Morgan Navarro ? Ce nouveau magazine, surfant sur les succès d'Eric Zemmour et Donald Trump, prétend tenir un discours incorrect "de droite". Quel auteur satirique peut sérieusement se dire "de droite" ou "de gauche", sans devenir à son tour une cible de choix pour la satire ?
Charles Beigbeder (frère du romancier à succès), principal actionnaire de ce nouveau titre, a fait carrière dans la banque. Or la principale fonction du "politiquement correct" est de servir de masque bienveillant aux élites libérales : trente années de gouvernement de gauche en sont la meilleure preuve.
Quant au rédacteur en chef de cet organe, Jacques de Guillebon, c'est un "catholique anarchiste" (sic), qui confond apparemment "paradoxe" et "incorrection".
En somme l'incorrection de droite est du niveau des "Grosses têtes" de Philippe Bouvard, et "L'Incorrect" n'est qu'un épisode supplémentaire du bras-de-fer idéologique sans intérêt que se livrent les partis de gauche et de droite.
Ce magazine publie très peu de dessins, et semble plutôt chercher à démontrer que la gauche n'a pas le monopole des digressions sociologiques.
+ Banale affaire de harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma (l'histoire du cinéma est celle d'un harcèlement sexuel ininterrompu), l'affaire Harvey Weinstein illustre l'ampleur du brouhaha médiatique, c'est-à-dire d'un flot continu d'informations déversées sur nos têtes, quasiment en temps réel et suivant une hiérarchie hasardeuse. Le caricaturiste britannique Banx (ci-contre) illustre la capacité du système à digérer cette faille et s'en renforcer, à la manière d'un cyclone.
+ L'Association "Cartooning for Peace" (Plantu) et le fabriquant de papiers Clairefontaine organisent un concours de dessin de presse (ouvert aux 11-25 ans). La formulation du thème a tendance à exclure l'ironie et assigner au dessin de presse le rôle de promotion d'une société idéale.
La prétention à instaurer une paix mondiale n'est-elle pas le point commun de tous les régimes totalitaires ?
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Caricature Port d'arme
Dessin par WANER
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Caricature Plan retraite
par l'Enigmatique LB
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Caricature Françoise Nyssen
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi : Ministre de la Culture ou ministre du Culte, c'est la même chose.