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hamlet - Page 2

  • Revue de presse BD (138)

    Extraits de la revue de presse illustrée publiée dans l'hebdo Zébra.

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    Joëlle Jolivet, illustratrice (paysages urbains, animaux, etc.), qui utilise la technique de la linogravure, expose à la bibliothèque Germain Tillon (Paris XVIe) jusqu'au 18 avril les illustrations et gravures de plusieurs livres, dont le dernier "A Paris". La plupart de ses ouvrages ont été traduits en plusieurs langues.

    + Contrairement à ce que nous écrivions dans le précédent n°, Lars Vilks, artiste proche du mouvement hostile à l'islam "Pegida", et que l'on a tenté d'assassiner à Copenhague, n'est pas danois mais suédois, natif d'Helsinborg. Il s'en est fallu de peu, puisque Helsinborg fait face au Danemark, dont la Suède n'est séparée que par un bras de mer - le détroit de l'Oresund. Les shakespeariens savent que le château d'Elseneur (Helsingor) où le tragédien anglais a situé l'une de ses plus fameuses pièces, "Hamlet", s'élève au bord de l'Oresund. Le Danemark est sans doute emblématique de l'Occident et de sa culture selon Shakespeare ; le tragédien fait dire au garde Marcellus : "Il y a quelque chose de pourri dans l'Etat du Danemark." Plusieurs siècles plus tard, le romancier et journaliste français Antoine Blondin ajoutera avec malice : "Il n'y a pas qu'au royaume de Danemark qu'il y a quelque chose de pourri."

    "Arte" diffusait la semaine dernière un bon documentaire d'histoire de l'art, par Martin Fraudreau, à propos de la "Mort de Marat", célèbre tableau de Jacques-Louis David, peintre et homme politique de premier plan (rediffusion le 13 mars). Le prétexte de ce documentaire est la récente découverte d'un tableau de plus petit format, qui a probablement servi de brouillon à David, et dont les "hésitations" permettent de deviner l'intention du peintre et de confirmer l'opinion des historiens que le tableau de David est un exemple magnifique de propagande. Encore faut-il préciser : un exemple où l'art moderne renouvelle la religion dans son ancienne fonction de propagande du mysticisme social. On perçoit assez nettement grâce à ce reportage le lien entre anarchie et histoire, d'une part, et entre politique et religion de l'autre, de sorte qu'il n'y a aucune sorte de politique qui ne s'appuie sur la crédulité religieuse des citoyens, y compris et même lorsque ceux-ci se déclarent "athée". Il saute aux yeux que c'est un "Marat-Christ" que David a peint, intentionnellement. Plus subtile est la diffamation de Charlotte Corday. "Magnifique" car la manière magistrale de David, dérivée de l'art antique, lui permet de marquer d'autant plus profondément les esprits ; ainsi il égale presque le réel, et il atteint le niveau des plus magnifiques ouvrages de la propagande catholique des siècles précédents.

    + La publicité dont bénéficie "Charlie-Hebdo" profite à d'autres titres. Jean-Philippe Querton, citoyen belge, vient de lancer "Même pas peur" afin de doter la Belgique à son tour d'un journal satirique. Si le dessin et la BD sont en vogue en Belgique comme en France, les kiosquiers belges ne distribuaient pas jusqu'ici de titre de presse satirique remarquable.

    Hormis "Siné-Hebdo", en proie à des difficultés de trésorerie comme lui avant l'attentat, "Charlie-Hebdo" n'avait pas de concurrent direct. A noter quand même que "Zélium", grâce aux efforts de ses rédacteurs et l'aide de ses lecteurs, après avoir été "rincé" par les frais de distribution, ressort en kiosque depuis quelque temps à un rythme moins soutenu (bimestriel). Sur le dernier n° paru figure une nonne en couverture. Les attentats commis par des nonnes constitueraient une innovation. Mais ne vivons-nous pas dans un monde plein d'innovations ?

    + La Mairie de Paris a publié un numéro spécial d'une quinzaine de pages regroupant quelques-unes des meilleures bandes-dessinées publiées par Cabu dans les gazettes de la municipalité qui l'employaient. Ce n'est sans doute pas l'aspect le plus satirique de l'oeuvre de Cabu, mais ses facultés d'observation lui permettaient d'introduire de l'humour dans un genre de publication plutôt austère en règle générale. Le tout est complété de quelques citations de l'auteur. "J'ai essayé de faire tout ce qu'on pouvait faire avec le dessin : de la caricature, du reportage, de la bande-dessinée, du dessin pour enfant, de l'illustration, des couvertures de bouquins, des affiches. Je ne suis pas sectaire." Cabu était une sorte de fou dessinant.

     

     

     

     

     

  • L'Etranger***

    Nombre d’écrivains ont tiré de l’absurdité de l’existence, résumée par Shakespeare dans la fameuse webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,camus,l'étranger,gallimard,kritik,jacques ferrandez,algérie,shakespeare,hamlet,houellebecq,meursaulttirade de Hamlet («To be or not to be»), matière à des pièces ou des morceaux comiques. L’absurdité de la condition humaine est bien le sujet de «L’Etranger» de Camus, que Jacques Ferrandez vient d’adapter en BD, mais c’est un constat sec, sans humour, presque animal.

    Meursault, le jeune héros de Camus, tue un Arabe, le lendemain des obsèques de sa mère, moitié par réflexe de défense, moitié par hasard. Son manque de foi étonne et indispose ses juges, qui le condamnent à mort. Meursault, en effet, ne gobe ni l’amour, ni l’ambition professionnelle, ni la religion, ni le mariage, ni l’amitié, rien de tout ce qui excite ses contemporains. Comment s’offusquerait-il de sa condamnation, puisque vivre, en définitive, c’est pour mourir ? L’imperméabilité de Meursault à l’espoir surprend même son confesseur, venu pour le sauver in extremis, et que les condamnés à mort on habitué à plus de crédulité. Meursault avoue bien un peu de crainte devant le couperet, mais pas assez pour changer brusquement sa disposition d’esprit.

    Le roman, quand il parut, choqua les apôtres du socialisme par son athéisme. Il est vrai que je me suis toujours demandé quelle philosophie ou quel humanisme on peut bien déduire des romans de Camus ?

    Cela dit, Camus paraît désormais plus moderne que le socialisme ; la société de consommation a triomphé en quelques décennies des envolées lyriques des derniers poètes socialistes ; s’il reste bien encore quelques militants, qui proposent tantôt de s’indigner, tantôt de protéger la couche d’ozone, ce sont eux qui sont devenus des étrangers, quasiment isolés dans un océan d’indifférence. Le monde est devenu camusien, c’est-à-dire plus ou moins épicurien, cherchant dans les petits plaisirs culinaires ou érotiques de l’existence, si ce n’est un but, du moins un mode de vie. Il y a bien eu le grand projet d’Europe unie contre la guerre, il y a quelques années, mais on peut se demander aujourd’hui qui a vraiment cru sincèrement dans ce machin, hormis quelques technocrates ? Puisque la politique consiste à gouverner au centre, n’est-il pas raisonnable que chacun, pour toute direction, choisisse celle indiquée par son nombril ? Ainsi Meursault, centré sur lui-même, se rattache à la vie. Il est «amoral», parce que la vie est physique d’abord, avant d’être bonne ou mauvaise.

    L’adaptation de Ferrandez est fidèle au roman de Camus ; assez plate, mais la platitude est voulue par Camus. Le dessin coloré et chatoyant fait paraître l’Algérie où évolue notre antihéros, une sorte de paradis infernal, puisque sans réponses aux questions que l’homme ne peut s’empêcher de se poser.  Cette ignorance de l’homme, ou sa conformité à ce qui le détermine, Camus ne l’envisage même pas comme le principal forceps vers la tombe ; peut-être se débarrasser de l’espoir socialiste a-t-il pompé toutes ses forces ? Camus, comme Houellebecq, a un côté lézard.

    Le problème avec littérature épicurienne, c’est qu’elle vaut rarement un bon verre de vin blanc frais quand il fait chaud.

    L’Etranger, Jacques Ferrandez d’après Camus, Gallimard, coll. Fétiche (!) 2013.

  • Revue de presse (7)

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    - Les Belges hyper-narcissiques de «L’Employé du Moi» ont conçu récemment un site qui permet de fabriquer des mini-fanzines automatiquement. On peut y imprimer et lire, notamment, un «Gladiateur» par Gilles Rochier. Question : à quoi ça sert que «Zébra» se décarcasse ?

    - «V pour Vendetta» d’Alan Moore est une BD présentée par le forum belge ActuaBD comme «le bréviaire de l’anarchie», parce que le mouvement de hackers «Anonymous» a pris le masque d’Alan Moore pour emblème. A. Moore se réclame de Georges Orwell, mais on pense aussi à Hamlet, qui se sert du théâtre pour dénoncer le système et retourner le jeu de masques contre lui.

    - «La production artistique de Robert Crumb témoigne d’une misanthropie et d’une misogynie finalement peu compatibles avec l’esprit hippie.» Ce verdict est signé Julien Foussereau, dans un article du dernier n° du mensuel de BD gratuit «Zoo» (p. 72). Au fait, « Zoo », rempli à ras bord de pubs, est compatible avec quoi au juste ?

    Jean-Marc Thévenet, expert pour le compte de Sotheby’s, présente les planches du tâcheron qui fait de la BD de l’artiste italien Lorenzo Mattotti. Hélas, trop occupé à soigner la cote de son poulain, notre expert en oublie de donner la recette : pour être moderne, une œuvre d’art doit impérativement être spéculative. C’est toute la difficulté de l’art moderne ; il s’apparente au funambulisme puisque l’artiste moderne doit être capable d’inclure sa propre cote dans son œuvre (c’est-à-dire la marge qui permettra à ses admirateurs futurs de spéculer sur son compte). Ah, il y a quand même un truc assez efficace pour être moderne, c’est de partir du principe qu’on est déjà mort, exactement comme fait Dante dans sa «Divine Comédie», qui était vachement en avance sur notre époque, quand on y songe.

    - Comme la vie moderne a tendance à se réduire à une SUCCESSION D’ACTES ADMINISTRATIFS, le Tampographe Sardon, rigolo fonctionnaire de lui-même afin d’éviter d’asservir autrui, tente d’introduire dans la statistique sèche un peu de causticité, histoire de faire passer la pilule. Cependant, le tampographe en a parfois ras la casquette, et sa conscience professionnelle vacille : il préfère alors se raconter ses rêves à lui-même : «Je fais des rêves amusants, en pleine journée (par exemple : je passe enfin le permis à 42 ans. J’ai une super bagnole de connard, rouge, décapotable. Je pars en vacances pied au plancher, je conduis comme un con, je rate un virage, ma voiture fait plusieurs tonneaux, je suis éjecté de l’habitacle, projeté en l’air…

    (Par la présente, nous informons M. V. Sardon qu'il a, dans un excès de zèle, inventé le permis de conduire les autos-tamponneuses.)

    Ouf, c'est tout pour cette fois !