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goscinny - Page 3

  • Revue de presse BD (112)

    Après une interruption de quelques semaines, la revue de presse BD est de retour.

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    + La cause des modèles qui posent nus dans les ateliers de dessin est proche de celle des auteurs de BD, au moins pour cette raison : les meilleurs dessinateurs de BD ont appris à dessiner d'après le modèle (Jijé, Franquin, etc.). Dans cette vidéo diffusée par "Libération", des modèles parisiens disent se sentir bafoués par les pouvoirs publics, en même temps que sous-payés. Ils ne mentionnent pas un fait plus étonnant, à savoir le puritanisme latent des institutions publiques où ces modèles exercent souvent ; d'où une volonté de restreindre leur activité, qui n'est pas sans conséquence sur leur statut en général ; l'interdiction de la plupart des ateliers de dessin aux mineurs est notamment révélatrice de ce puritanisme. Le dessin en général est le "parent pauvre" de la culture moderne, beaucoup plus axée sur les principes abstraits de la fiction (l'étude ci-dessus est de Yannick Corboz).

    + L'expérience du magazine de BD participatif "M-Bd" a tourné court, après que ce dernier a manqué l'objectif de réunir assez d'abonnés pour financer sa publication. Sans porter de jugement sur la méthode du rédacteur en chef de ce titre, qui fait amende honorable auprès des auteurs qu'il n'a pas pu payer, disons que la presse est un des marchés les moins concurrentiels, compte tenu de sa politisation à outrance et des importantes subventions directes ou indirectes (abonnement des bibliothèques municipales aux revues "bien-pensantes") qui soutiennent ce secteur. Paradoxalement les titres anarchistes, d'extrême-gauche ou d'extrême-droite, connaissent et sont beaucoup plus soumis aux "dures lois du marché". Et c'est sans compter, comme dirait Alphonse Allais, la déforestation que la publication de tous ces tracts entraîne.

    + Quand le magazine "Les Echos" s'intéresse à la BD, il se tourne naturellement vers le travail de Jean Van Hamme, scénariste prolifique dont le travail se démarque peu de la production de séries B made in us. "Dans n'importe quelle autre branche du divertissement, la musique, le cinéma ou le roman, Jean Van Hamme serait sans doute devenu multimillionnaire. Mais dans la BD, un univers de création collective, dans lequel il faut un an pour faire un album en couleur vendu en général 12 euros (soit deux fois moins que bien des romans), les plus grands deviennent juste riches [sic]." Pas sûr que le propos du journaliste des "Echos" veuille dire grand-chose, y compris sur le plan économique (le cinéma est aussi l'art de perdre des sommes astronomiques), mais surtout la comparaison qu'il fait avec Goscinny est abusive. En effet, s'il y a bien un domaine où J. Van Hamme n'a jamais excellé, c'est celui de l'humour.

    + Le sculpteur Denis Monfleur commente "La Danse" de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), exposé au musée d'Orsay jusqu'à fin septembre. Après avoir connu la gloire et les commandes publiques prestigieuses du Second empire, le sculpteur romantique originaire de Valenciennes finit par mourir dans le dénuement et l'isolement à 48 ans.

    + Tout le monde connaît le "coup du lapin", un peu moins celui de la girafe ; il s'agit d'un fait divers illustré par Chaval, et répercuté par le blog d'info de F. Forcadell.

    + Le dessin de la semaine est un portrait de Charles Bukowski par le dessinateur américain Drew Christie (Seattle).

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  • Revue de presse BD (68)

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    Caricature tirée du blog "Politburo", par Pochep ("Mauvais Esprit" & "Fluide Glacial")

    + Le 9e Festiblog a lieu ce week-end dans le IIIe arr. de Paris (28-29 sept.), sur le thème des jeux vidéos. Il est parrainé par les blogueurs-BD Leslie Plée & Bastien Vivès. Programme complet sur le site du festival. Parfois décrié par la corporation, le Festiblog connaît un succès grandissant et peut se targuer d'apporter à la BD française du sang neuf. L'éditeur Lewis Trondheim, ainsi, n'a pas hésité à puiser dans ce vivier pour sa nouvelle revue "Papier" (sic). Le Festiblog finira-t-il par détrôner le festival d'Angoulême ?

    + Une initiative prête à sourire, celle d'un des parrains du Festiblog, le site "lesdedidaces.com", moteur de recherche qui permet de traquer les praticiens de ce type d'exercice rituel, à mi-chemin entre le vaudou et la guérison des écrouelles. A l'ère glaciale de l'art numérique, les chasseurs de dédicaces sont presque les derniers humanoïdes à accorder de la valeur à un petit dessin.

    + A Paris (XVIIIe arr.), le vendredi 27 sept. de 20h00 à 22h00, l'équipe du fanzine "Rien à Voir" propose un show de performances autour de la BD (à l'association Art-exprim).

    + La mémoire de René Goscinny vient d'être honorée à Varsovie (Goscinny était d'une famille juive polonaise) ; en présence de sa fille, presque aussi incontournable et inconsolable que la veuve Hergé, un buste en bronze a été dévoilé, comme on peut le voir sur cette petite vidéo (pas très BD, le buste).

    + Le regain d'intérêt pour les cours de morphologie d'après le modèle vivant (ils furent institués sous Louis XV dans les villes de province afin d'y détecter les jeunes dessinateurs les plus habiles), s'explique notamment par le besoin des concepteurs de jeux vidéos en morphologistes, capables de créer des personnages modélisables en 3D. Ce professeur a trouvé une façon plutôt originale de faire cours.

    + La sortie du nouvel album du nouveau groupe de Bertrand Cantat (Détroit) a été déprogrammée. Elle devait intervenir lors de la "Journée internationale de la violence faite aux femmes" (25 novembre). Ainsi le marketing et le féminisme font bon ménage.

    + Le dessin de la semaine est une planche de Grégoire Carlé, pour un projet en cours (Philoctète) :

     

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  • La Vie sur le Mississippi****

    Samuel Clemens, alias Mark Twain, emprunte son pseudonyme au vocabulaire du pilotin, métier qu’il webzine,gratuit,bd,bande-dessinée,zébra,critique,chronique,mark twain,samuel clemens,goscinny,lucky-luke,giraud,jijé,shakespeare,henry david thoreau,alphonse allais,grand will,stratford-sur-avon,mississipi,payotexerça d’abord avant celui de journaliste, guidant de grandes barges dotées d’une roue et leur fret sur le fleuve Mississippi ; ou se frayant un passage, plutôt, faudrait-il dire, au gré des crues et des décrues d’un fleuve, alors encore capable d’engloutir une ville entière, et de redessiner le pays. La profondeur de deux brasses («mark twain !») est une cote que gueule le guetteur, utile pour ne pas s’échouer sur un banc.

    Le chemin de fer relégua rapidement ces embarcations, si importantes au commencement. Mark Twain, bien que pionnier, en éprouve déjà la nostalgie quelques années plus tard. Il sait très bien faire saisir la différence entre une vie « sur les rails », et une vie déterminée par les turbulences, ou contre elles.

    D’aucuns voient en lui le père fondateur de la littérature américaine, à l’instar de Shakespeare pour les Anglais. De fait, le vif intérêt de Twain pour Shakespeare, au point de faire le voyage jusqu’à Stratford-sur-Avon, et de se ranger résolument du côté de ceux qui suspectent quelque mystère dans la biographie du grand Will, cet intérêt n’est pas le fait du hasard.

    Si Mark Twain n’est pas aussi radical que Shakespeare, pour qui la civilisation, définitivement, sent le gaz, du moins nous la peint-il, au stade embryonnaire, comme un gigantesque tohu-bohu, le tambour d’une machine à essorer l’homme. La succession d’anecdotes qui forment la trame de son récit valide assez le point de vue d'Alphonse Allais, pour qui les hommes les mieux adaptés en société sont les escrocs. Twain fait le portrait de quelques-uns, auxquels il n’hésite pas à se mêler, pour le besoin de ses investigations. Puisque l’escroquerie indique le sens de la vie, examinons-là de plus près pour ne pas mourir bête. Son compatriote Henry David Thoreau n’est pas si loin, que le constat de cette corruption conduisit à se réfugier au sein de la nature, suivant un mouvement dont plusieurs sectes encore aujourd’hui dans cette nation perpétuent, paraît-il, la tradition ascétique.

    Mark Twain est plus subtil que Thoreau, me semble-t-il, c’est-à-dire moins philosophe ou moins poète. Son propos illustre mieux que la principale nécessité pour l’homme de s’adapter vient de la nature elle-même, qui contraint l’homme à transiger. La culture est un tissu de conneries protecteur, une police d’assurance.

    René Goscinny fut bien inspiré de lire Mark Twain pour fournir à Morris quelques-uns des meilleurs scénarios de Lucky-Luke. C’est un cas d’adaptation d’une œuvre littéraire presque parfait, qui en traduit l’esprit sous une autre forme, non pas seulement un truc intertextuel ou référencé. Morris a placé les gosses qui le lisent dans la position de se méfier de la société des adultes, le plus souvent sans loisirs véritables, et absorbés par la compétition, dont le terme le plus violent est sans doute le choc des cultures, police d’assurance contre police d’assurance.

    D’aspect caricatural, le Far-West de Morris est plus réaliste que le western-spaghetti à la sauce Charlier ou Jijé ; même si Lucky-Luke reste une sorte de super-flic, comme il n’en existe pas dans la vraie vie.

    M. Twain fournit aussi la méthode aux dessinateurs qui veulent s’y essayer, d’un journalisme affranchi du devoir d’information. Twain s’affranchit des détails. Il invente, même, s’il le faut, pour captiver le lecteur ; mais toujours dans le sens du modèle. Ce sont les touristes qui ont besoin d’informations précises. Sous celles-ci, le lecteur d’un journal se noie. Pire, en termes d’information, la publicité peut s’avérer plus utile que le menu détail exotique. D’ailleurs la chronique de Twain ne se présente pas sous l’habillage respectable du devoir. Il chronique d’abord lui-même, non parce que c’est sa fonction, mais parce qu’il a soif de comprendre. D’ailleurs l’habit du devoir est celui qui sied le mieux à l’escroc ; à commencer par le pasteur, parfois.

    Marc Twain, La Vie sur le Mississippi, éd. Payot (2 tomes).