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états-unis - Page 3

  • Editorial Cartoon

    Reprise de la rubrique dédiée au dessin de presse dans Zébra - une sélection des meilleurs "editorial cartoons" tirés de la presse internationale :

    Le dessinateur américain Paul Jamiol, ironique à propos de l'impact de la crise ukrainienne sur les Etats-Unis. La population américaine est traditionnellement non-interventionniste, en raison notamment de ses origines géographiques diverses, mais la raison militaro-économique l'emporte toujours chez ses dirigeants. 

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    Pirikk, dessinateur français membre du collectif "Mister Hyde" donne dans la satire sociale. Il excelle à souligner les côtés ubuesques du monde moderne. 

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  • Revue de presse BD (46)

     

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    + D'habitude, je trouve les affiches de festivals assez moches. Pas celle du tampographe Sardon, pour le prochain festival de Bastia.

    + Janet Hamlin a pu assister au procès politique des prisonniers de Guantanamo et faire quelques croquis (un peu conventionnels). Je me demande ce qu'un artiste comme Cabu aurait sorti dans cette situation ? Le dessinateur de presse Marc Large, qui témoigne parfois de son travail sur son blog, croque parfois pour le compte de la télé française. Il témoigne de la difficulté de dessiner dans les cas d'affaires pénales particulièrement atroces.

    + La société Moulinsart et la veuve Hergé ayant été déboutés à l'issu de leur procédure, ils n'ont pu empêcher deux pastiches de Gordon Zola de paraître : "L'Ascète boude le Cristal", et "Le Temps pleut du Soleil". Pourquoi faire un procès, quand de si mauvais titres plaident contre ?

    + Les éditions Delcourt lancent un nouveau magazine féminin illustré: "Bisou". "Parce qu'on ne voulait pas choisir entre être belle et amusante, légère et intelligente, vraie et branchée, Bisou est né.", affirme sa rédactrice Anaïs Vanel. "Belle et amusante, légère et intelligente, vraie et branchée", c'est à peu près la liste des compliments qu'un mec devra faire à une qu'il veut baiser (ou marier, puisque c'est de nouveau la mode). C'est bien vrai qu'il n'y a pas de différence entre les sexes. Je vais pouvoir lire "Bisou".

    + Les producteurs de BD ont trouvé une astuce pour se débarrasser de leurs stocks d'invendus: ils les donnent, au cours d'une opération de promo. : les 48H BD.

    + La perspective de faire des profits grâce au web et la diffusion des oeuvres numérisées provoque des remous entre les différents acteurs de la profession. Grosso modo, les auteurs redoutent de se faire entuber par des groupes de presse dont les abus les ont rendus méfiants.

    De fait, au Japon et aux Etats-Unis, les comics ou les mangas sont produits dans des conditions proches de l'industrie automobile, pour ne pas dire qu'elles sont bien pires, vu qu'il n'y a pas dans la BD des syndicats très puissants comme dans l'automobile.

    Le mépris pour la bande-dessinée vient d'abord de là : du fait que les mangakas ou les auteurs de comics sont de simples exécutants, presque des auteurs d'images pieuses, étant donné le lien entre le culte des super-héros et le nationalisme, à un degré qui, vu d'Europe, paraît surréaliste. Au contraire, le respect vient de Belgique et de pratiques plus proches de l'artisanat. Et de nulle part ailleurs. Le respect ne vient pas du fric, comme certains lèche-cul prétendent parfois; ni de travaux universitaires pompeux, que personne ne lit.

    C'est donc une double question de salaire et de statut qui irrite les auteurs de BD. Au cours des dernières années, "l'industrie de la BD", comme disent certains, malgré l'augmentation des profits, s'est désintéressée du sort des auteurs, en dehors de quelques stars. Les petites maisons d'édition indépendantes se sont multipliées, qui ne paient pas mieux les auteurs, mais du moins les traitent avec plus de respect, et leur laissent le champ plus libre.

    Un accord a donc été signé entre les syndicats d'éditeurs et d'auteurs, en présence de la ministre de la Culture Filippetti (et d'un médiateur, issu de l'université, P. Sirinelli) le 21 mars. Autant dire que cet accord est du pur bluff. Primo : le rendement économique des oeuvres numériques n'est pas un fait acquis. Il l'est plus ou moins aux Etats-Unis, malgré la médiocrité de la production, mais le marché américain est dix fois plus important ; on sait la promptitude de Perrette à s'enthousiasmer, dès lors qu'il s'agit de faire du beurre, mais son intelligence économique catastrophique.

    Si rendement il y a, on se demande qui pourrait empêcher les pactes léonins de perdurer -le "pacte léonin", c'est comme ça qu'on dit quand on pense que les fables d'Esope sont une science économique plus fiable que celle des experts-comptables policés. L'idée est assez répandue en France que "l'Etat protège les plus faibles". Le Dieu providentiel est devenu l'Etat providence: il suffit d'ouvrir un bouquin d'histoire un peu sérieux pour voir que cette idée ne repose sur rien. La providence la plus concrète, c'est le pognon ; sans lui, Superman et Spiderman sont impuissants. Wonderwoman Aurélie (Filippetti) a vu ses super-pouvoirs minorés lors du dernier budget, alors elle en fait des caisses pour compenser. Elle joue son rôle. Bien plus étonnante l'attitude des auteurs et de leurs syndicats, dont la passivité ne date pas d'aujourd'hui. Bien des auteurs de best-sellers en sont à se réjouir d'une célébrité ou d'une reconnaissance, actuellement, à laquelle ils n'ont pratiquement pas contribué ; une reconnaissance dans laquelle le snobisme joue un rôle mineur.

    Plus intéressante que la question des profits escomptés par les éditeurs et certains auteurs, celle de l'indépendance que l'internet pourrait procurer aux auteurs, en faisant éclater le monopole des gros producteurs. Leur principale ressource était de disposer de moyens d'impression et d'une trésorerie + les scénarios indigents de Van Hamme, pompés sur le cinéma yankee. Or internet fournit le moyen technique. On se souvient que, dans leur propre intérêt financier, certains auteurs ont, naguère, tenté de s'émanciper (C. Brétécher est un ex. parmi d'autres), dans des conditions assez difficiles, vu les coûts élevés de distribution. Qu'adviendrait-il aujourd'hui d'une telle initiative ?

    L'accord supervisé par le ministère a donc surtout pour effet de rassurer les éditeurs. Les réactions d'auteurs professionnels sur les forums sont de plus en plus hostiles et traduisent le dégoût de pratiques commerciales et éditoriales peu reluisantes.

    + Bridé par son éditeur, Didier Borg, pour éviter de choquer les mères de familles susceptibles d'offrir "Last Man" à leurs gosses, en se disant que ça vaut toujours mieux que "Call of Duty" ou "GTA", Bastien Vivès enlève l'élastique et le cellophane sur son blog, où il n'hésite pas à faire étalage de fantasmes sexuels auxquels Proust n'avait pas pensé.

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  • Total Swarte**

    Bien qu’il soit irréprochable techniquement, ou justement parce qu’il l’est, je ne suis pas un fanatique fanzine,webzine,bd,bande-dessinée,zébra,critique,kritik,joost swarte,hergé,durer,mélancolie,chris ware,denoël graphic,états-unis,contre-culture,chaland,franquin,groensteen,zombid’Hergé ; ni de Joost Swarte, par conséquent.

    D’ailleurs, comme l’idéal de perfection technique rejoint celui de l’art abstrait, les théories américaines ou belges assommantes sur la BD (cf. T. Groensteen) ont achevé de me dégoûter de la ligne claire. Le graveur allemand Dürer fit bien de placer tout un tas d’outils de précision dans sa gravure intitulée «Mélancolie»: en effet, les personnes fascinées par la technique sont les plus chiantes. Divers philosophes modernes se sont demandé pourquoi le monde antique était plus heureux que le monde moderne, qui recycle les mêmes fictions et les mêmes drames. Eh bien, ça peut se résumer simplement au fait que l’Antiquité n’était pas envahie par la technologie et les techniciens, toute la casuistique et les modes d'emploi fournis avec.

    Le brio technique d’Hergé lui vaut d’ailleurs d’être admiré aux Etats-Unis. Rien d’étonnant à ce que «Total Swarte» soit préfacé par Chris Ware, dont le dessin industrieux ferait presque paraître le suicide joyeux à côté, ou les mangas fantaisistes.

    En ce qui concerne les idées conservatrices d’Hergé, elles ne risquent guère de déranger Outre-Atlantique. Joost Swarte, en revanche, tient à s’en démarquer, dans un contexte européen. En réalité, Swarte est d'une grande fidélité à l'esprit d'Hergé. Ses BD ressemblent beaucoup à ce que les psychologues nomment «tuer le père», et qui consiste à toucher l’héritage sans en avoir l’air. Idem en ce qui concerne la «contre-culture» qui, à la longue, finit par ressembler comme deux gouttes d’eau à la culture dont elle tenait à se démarquer au début.

    Swarte fait du Hergé pour les adultes. On sait que le «maestro» rêvait d’être reconnu en tant qu’artiste; son fils spirituel Swarte a essayé de relever le défi, et de propulser la «ligne claire» au rang du «pointillisme» ou du «cubisme», avec autant d’enthousiasme que le bourgeois gentilhomme fait l’éloge de la prose.

    Les pastiches de Chaland sont plus subtils. Chaland parvient, et c’est ce qui intéressant chez Franquin aussi parfois, à parler le double langage de la pédagogie et de la subversion. Tandis que Swarte tourne à la pédagogie de la subversion, qui revient presque à l’enseigner comme une discipline scolaire. Chaland et Franquin nous évitent le discours à dormir debout sur le langage de la bande-dessinée.

    Le baratin sur le «langage de la bande-dessinée» est d’ailleurs parfaitement réversible. Le mépris de la BD repose sur le même type de démonstration, qui ne tient compte que des aspects purement formels et techniques de l’art.

    Si, au moins, la bande-dessinée pouvait être un langage de paix commun entre Flamands et Wallons, afin d’éteindre la haine entre ces deux peuples ? Contraints de s’exprimer uniquement par cases, ils cesseraient peut-être de vouloir se réduire en esclavage chacun son tour ? Et, vu que l’argent est à l’origine de tout conflit plus ou moins armé, comme la BD est de faible rapport comparée au trafic d’œuvres d’art ou de diamants, le risque de génocide inter-ethnique serait ainsi drastiquement réduit. Mouais : mieux vaut se méfier des utopies technologiques.

    Total Swarte (compilation), 2012, Denoël Graphic.

    (par Zombi)