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humour - Page 26
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Revue de presse BD (213)
Dessin d'Ulys
+ Pire que la mort s'avèrent parfois les hommages publics que celle-ci vous vaut ; on a pu le voir récemment avec les caricaturistes de "Charlie-Hebdo", dont plusieurs chefs d'états terroristes tinrent à honorer la mémoire.
Moins violente, la mort de Marcel Gotlib, humoriste et ex-patron de "Fluide-Glacial", n'a pas provoqué le même maëlstrom médiatique. Sobrement, sur le site du quotidien le moins satirique de France, Yves Frémion donne l'extrême-onction à son confrère, en essayant de résumer sa contribution à la "culture française" (expression tout de même un peu pompier). Y. Frémion tente de définir les trois sortes d'humour que Gotlib pratiquait ensemble : - l'humour juif (autodérision), l'humour british (basé sur le sang-froid), et l'humour français (calembour) ; rapprocher l'humour français du calembour, c'est faire fi du mot de Victor Hugo : - Le calembour est la fiente de l'esprit.
- "Parodiste", le mot est lâché par Eric Aeschimann pour qualifier Gotlib en préambule d'un entretien fleuve sur "France-Culture" (2011, "A voie nue"). L'humoriste y retrace son itinéraire, son parcours professionnel, dit son admiration pour Hogarth, sa formation aux "Arts appliqués" par Pichard, ses oeuvres méconnues (l'adaptation du "Général Dourakine"), son indifférence vis-à-vis des questions politiques...
- Un site internet regroupe quelques hommages dessinés rendus à Gotlib.
+ Leur implication dans la vie politique française a indirectement coûté la vie à ses confrères ; on comprend donc que Luz (ex-"Charlie-Hebdo") se montre circonspect vis-à-vis du principe de l'engagement de l'artiste, affirmant dans une interview récente (6 décembre) : "Pour moi, le véritable engagement de l'écrivain est de vous gifler pour vous réveiller. Pas de vous tenir la main." En pratique, les régimes totalitaires soviétique, nazi ou démocrate-chrétien, exigent des artistes, sous prétexte d'engagement, qu'ils se transforment en agents de propagande.
Comme Luz vient d'illustrer un ouvrage d'Albert Cohen ("Ô, vous, frères humains"), on l'interroge sur ses écrivains préférés. Lisant peu, Luz, préfère botter en touche et évoquer le goût de feu Charb pour Balzac : "Charb était un dévoreur monomaniaque du romancier de Tours, dont je suis originaire." Luz se montre virulent à l'égard de la Bible, qu'il qualifie de "conte pour enfants, que les adultes prennent au sérieux" (décrivant ainsi le principe de la mythologie en général). S'agissant de dessin et de caricature, Luz se montre plus disert, vantant Daumier et surtout Dubout.
+ On a une meilleure idée de la ligne politique et de l'engagement de "Charlie-Hebdo" aujourd'hui à travers les chroniques des journalistes. Ainsi dans l'avant-dernier numéro, Iegor Gran trouve du "panache" (sic) dans la décision du président de la République de renoncer à sa candidature ; un autre plumitif (Guillaume Erner) prend la défense de la corporation des journalistes : "(...) De par leur salaire, ils appartiennent pour la plupart à la petite classe moyenne. Comme elle, ils subissent dégraissages, mutations technologiques et autres changements d'actionnaires. La presse est devenue aussi peu rentable que la sidérurgie, elle est donc soumise au même destin." Après avoir nié que les journalistes ont été "coproducteurs" de l'élection de D. Trump, il avoue néanmoins que les journaux sont "renfloués par des oligarques".
+ A propos de presse non subventionnée, le journal satirique "Zélium" (LB, Gab, Cambon, etc.) a besoin de nouveaux subsides pour continuer de paraître en 2017, cela bien que les contributions de ses caricaturistes soient bénévoles ; très coûteuse et strictement encadrée, la distribution de la presse est un moyen de censure indirect des publications anarchistes ; le prosélytisme politique, coûteux en papier et en fonds publics plus ou moins déclarés, quant à lui ne connaît pas la crise.
+ Contributeur de "Zélium", le caricaturiste Rousso a ouvert un blog qui permet de voir et revoir ses dessins truculents.
+ Une énième série de conférences sur la caricature et le dessin de presse se tiendra le 14 décembre prochain à la BNF ; on est en droit de s'interroger sur le sérieux de telles allocutions ; beaucoup n'ont fait jusqu'ici qu'entretenir la légende dorée d'une République française protectrice des droits de l'homme et de la liberté d'expression. L'histoire est mise de côté au profit de la démonstration. Sur les causes du déclin de la presse satirique, ces conférenciers demeurent d'ailleurs muet, évoquant tout au plus pudiquement "l'affermissement de la République" pour expliquer le recul de la satire de presse (D. Moncond'huy, in : "Petite histoire de la caricature de presse en 40 images".)
+ Exposition prochainement (15-31 déc.) à la galerie Claire Corcia (Paris, 3e arr.) des oeuvres de Burlingue, dessinateur et peintre satirique, en compagnie d'autres artistes.
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Le cas Noé
par Naumasq
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L'Histoire revisitée par le luxe
par Naumasq
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Revue de presse BD (208)
Message peint par Magritte
+ Un autre musée parisien, le musée Pompidou, rend hommage à un autre artiste Belge : Magritte, dont quelques rébus-peints sont imprimés sur la rétine d'à peu près tout le monde (jusqu'au 23 janvier). De l'art de Magritte comme de l'art d'Hergé n'émane aucune sensualité. C'est là un point commun aux deux artistes belges (wallon et bruxellois), et pourquoi ils sont modernes tous les deux - l'art moderne n'est plus tout à fait de l'art (au sens païen du terme). Le parallèle s'arrête là, car beaucoup de choses sont inconscientes chez Hergé, qui pour différentes raisons (son jeune âge, son tempérament introverti...) n'avait pas la maîtrise de son art, mais se focalisait surtout sur le style. L'expo Magritte nous rappelle, au contraire, que le message délivré par Magritte est consciemment dirigé contre la peinture, qui après l'avoir fasciné, avait fini par lui inspirer du dégoût (la peinture de Chirico réveilla un peu le désir de Magritte de peindre).
+ Reportage confraternel de Coco au concert de Renaud au Zénith fin octobre ("Charlie-Hebdo" 2 novembre). Renaud dit désormais admirer le candidat Fillon, mais les fans du chanteur à textes mettent sans doute ça sur le compte de la tisane qu'il boit avant le début de son concert pour soigner sa voix. Coco rapporte que Renaud, après avoir avoué : "J'ai embrassé un flic", ajoute : "Mais attention : j'ai pas embrassé un militaire." Il est vrai que, si l'esprit bidasse est de droite, l'esprit flic, quant à lui, est le privilège de la gauche.
+ L'éditeur de BD Bamboo, surtout connu pour sa BD satirique "Les Profs" et quelques titres spécialisés dans la caricature de différents sports, vient de racheter la maison Audie, éditrice de "Fluide-Glacial", l'hebdo humoristique fondé par Gotlib. Et la presse de commenter ainsi la nouvelle : "Bamboo va devenir un poids lourd sur tous les rayons humour, que ce soit en librairie ou dans les grandes surfaces."
+ La Foire internationale d'art contemporain s'est ouverte dans un contexte boursier difficile. Comme chaque année, les organisateurs de la FIAC nous promettent : - Le changement, c'est maintenant ! Cela situe l'art au niveau de l'espoir.
+ Frédéric Hojlo dans Actuabd narre la mésaventure posthume de George Orwell, dont le conte "La Ferme les animaux", inspiré par les purges de Staline (bien que le porc-dictateur se nomme "Napoléon"), fut racheté afin d'être adapté en dessin-animé et en bande-dessinée afin de servir d'arme de propagande anticommuniste (lorsque les intérêts des Etats-Unis et de l'URSS commencèrent de diverger). Il n'est pas rare que des ouvrages satiriques soient récupérés par tel ou tel parti politique ; parfois cela se fait avec le consentement de l'auteur, mais Orwell se distingue par son indépendance. F. Hojlo nous rappelle opportunément que Orwell voyait les "comics" américains d'un mauvais oeil, comme une manifestation de la culture de masse totalitaire.
Les années ont donné raison à Orwell : en effet on a vu l'Union soviétique devenir capitaliste à toute vitesse, signe que l'esprit critique n'était guère développé à l'Est, mais plutôt une forme de nationalisme déguisée en discours pseudo-marxiste. Orwell, issu du peuple, fit notamment un effort pour rendre l'homme du peuple pessimiste, c'est-à-dire plus lucide. Orwell se montre particulièrement vigilant vis-à-vis de la caste des intellectuels, en charge de l'invention des nouvelles chimères modernes.
Le dessinateur britannique Norman Pett, chargé d'adapter La Ferme des animaux, était un auteur de comics de propagande nationaliste ("Jane") comme Milton Caniff (comics contenant la ration d'érotisme destinée à émoustiller l'homme de troupe).