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critique - Page 34

  • Réduction de tête

    ...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque).

     

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  • Marco Polo***

    Marco Polo est un peu le saint patron des commerçants & des aventuriers simultanément. C’est une webzine,bd,fanzine,zébra,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,marco polo,christian clot,didier convard,éric adam,fabio bono,glénat,mongol,gengis-kahn,chine,occident,chrétien,aventure,religion,magie,devisement du monde,merveilles du monde,scénariste,scénario,shakespeare,méthode,histoire,philippe ménard,olivier germain-thomasfigure sympathique du temps où le négoce et les voyages n’étaient pas encore associés à la conquête coloniale, bien que le célèbre voyageur et conteur vénitien soit un pionnier de la «mondialisation». La famille Polo était spécialisée dans le commerce lucratif des pierres précieuses.

    Ainsi que les scénaristes de « Marco Polo – Le Garçon qui vit de ses rêves », nouvellement paru aux éditions Glénat, nous le rappellent dans une documentation complémentaire aux aventures de « Marco Polo », l’authenticité du récit du célèbre voyageur vénitien du XIIIe siècle (« Les Merveilles du Monde ») fut contesté de son vivant, et le reste encore par certains érudits aujourd’hui. Mais l’argument de Christian Clot pour dissiper les soupçons fondés sur les inexactitudes du récit m’a convaincu : « (…) le voyage de Marco Polo a duré près de vingt-quatre ans – dont trois de voyage aller, dix-sept en Chine et trois de voyages retours – sur plus de trente-cinq mille kilomètres (sans compter ceux réalisés durant ses années en Chine). Marco était un adolescent rêveur lorsqu’il est parti, un adulte accompli à son retour. Essayez de vous souvenir avec une exacte précision de tout ce que vous avez fait il y a vingt-cinq ans. Les lieux où vous avez été, les distances parcourues, l’ensemble des personnes rencontrées et des événements survenus sur les plans culturel, politique et autres… Faites-le, bien entendu, sans aucune aide, sans internet, amis ou archives pour vous rafraîchir la mémoire (…) »

    Au demeurant, que ces aventures aient été vécues ou seulement rapportées par Marco Polo, leur récit mentionne des paysages, des peuples, des coutumes et des rois, inconnus de quiconque n’aurait traversé le gigantesque empire mongol de Gengis-Kahn et ses héritiers, jusqu’à la capitale de l’empire, alors en Chine, avant d’en revenir.

    La BD est « librement adaptée » du «Devisement du Monde» et des «Merveilles du Monde» de Marco Polo, parti en 1271 faire du trafic en compagnie de son père et son oncle à l’âge de dix-sept ans. Elle ne s’en écarte que pour combler les lacunes sur la psychologie de Marco Polo (les rapports avec son père) et quelques détails de la sorte, qui mettent du liant dans le récit. Cette fidélité est heureuse et préférable aux scénarios hâtivement construits autour d’un événement historique, qui sert seulement de prétexte à des cavalcades ou des romances qui pourraient aussi bien se situer dans un temps fictif. Pour autant, le côté épique et le rythme n’ont pas été sacrifiés. Shakespeare est la preuve vivante, si je puis dire, qu’on peut faire ouvrage d’historien tout en méprisant les méthodes scolastiques méticuleuses.

    Le scénario souligne les lignes étroits qui unissent le commerce, l’aventure et la religion ; le caractère local de la religion, comme de la musique (les deux mots sont synonymes en grec), explique d’ailleurs que Marco, grand voyageur, se soit forgé sa propre religion, des bribes de cultures exotiques s’additionnant à la culture chrétienne de sa région d’origine.

    Le vif intérêt de Marco Polo pour les inventions techniques, et le rapport que celles-ci entretiennent avec la magie, en raison des pouvoirs extraordinaires que les inventions confèrent à leurs premiers inventeurs, est également illustré. Cela explique d’ailleurs que, en dépit de la logique rationaliste fréquemment mise en avant dans la technocratie moderne, le merveilleux ou la magie n’est jamais très loin. Le discours rationaliste lui-même est magique du point de vue de celui qui n’y a pas été initié. Ce type de rationalisme (il y en a plusieurs) n’est guère qu’une manière pour l’Occident d’affirmer son avance culturelle sur le reste du monde, ce à quoi Marco Polo ne songeait pas. L’Occident chrétien va alors chercher en Orient un allié contre le monde musulman.

    Le dessinateur, Fabio Bono, compatriote de Marco Polo, est influencé par le dessin de manga japonais, ce qui est en l’occurrence une coïncidence plutôt heureuse.

    NB : les scénaristes citent notamment en référence "Marco Polo, à la découverte de l’Asie", de Philippe Ménard (Glénat, 2009) et Marco Polo, d’Olivier Germain-Thomas (Folio, 2010), ainsi que les ouvrages de Marco Polo.

     

    Marco Polo - Le Garçon qui vivait de ses rêves, par Christian Clot, Didier Convard, Eric Adam et Fabio Bono, éd. Glénat, oct. 2013.

  • Réduction de tête

    ...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque).

    Cette semaine, deux Georges (Orwell et Bernanos) - faut-il rappeler que Georges est un super-héros qui combat le dragon ? Faut-il rappeler que le dragon est le symbole du socialisme ?

     

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    La semaine prochaine : Mark Twain et Maurice de Bevère

  • Réduction de tête

    ...littéraire (pour faire de la place dans ma bibliothèque).

    Cette semaine, deux Georges (Orwell et Bernanos) - faut-il rappeler que Georges est un super-héros qui combat le dragon ? Faut-il rappeler que le dragon est le symbole du socialisme ?

     

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    Et puisque cette semaine les patrons des clubs de la ligue de football professionnel et leurs employés ont décidé de faire grève, une petite citation en rab' pour la route :

    "Pratiqué avec sérieux, le sport n'a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, de mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d'autres mots, c'est la guerre, les fusils en moins." G. Orwell

    On pourrait ajouter que le plaisir qu'il y a à contempler le football est, lui, purement intellectuel.

     

     

     


  • Trois Fils ???

    Pour le besoin de ce nouvel album, découpé en trois tomes, Ludovic Debeurme a délaissé sa manière webzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,trois fils,ludovic debeurme,joan cornella,cornélius,père,complot,rêve,shakespeare,conte,matière,psychologie,thérapeutiquehabituelle de dessiner. D’un trait minutieux quasiment inexpressif, symptôme de l’art le plus académique et dénué de risque, Debeurme est passé à une composition plus géométrique et des perspectives mouvementées.

    Il applique en outre par dessus son dessin des couleurs acidulées, à l’instar de Joan Cornella, jeune prodige de l’humour noir en quadrichromie qui nous venge de la société et du socialisme (Cornella à lire pour ne pas mourir cocu).

    Je dois avouer que j’ai d’abord pris cette BD de L. Debeurme pour un album de Joan Cornella, sans quoi je ne l’aurais peut-être pas ouvert; cette façon artistique d’embrasser la mort sur la bouche (Salvador Dali) a en effet sur moi un pouvoir de fascination plus faible que le macramé ou le tricot. Nécrophiles, tricoteuses, ne venez pas me parler de cadavres exquis !

    Il me paraît donc que L. Debeurme a trouvé une raison de vivre, et qu’elle se traduit dans son art.

    Ce préambule a pu vous paraître un peu long ; mais comment parler autrement de ce conte de Debeurme, qui nous narre le complot de trois fils, dirigé contre leur père ? Cette intrigue semble bien fabriquée dans la matière des rêves, dont Shakespeare dit que nos petites vies sont faites – chair rose ou ombre glauque suivant l’humeur ou le métabolisme de chacun – plutôt qu’il ne serait du genre des contes mythologiques, visant la connaissance des forces cosmiques, par-delà le langage humain.

    Je suis contraint de parler au conditionnel pour parler de "Trois Fils", et de me joindre à ceux qui se plaignent du procédé commercial qui consiste à saucissonner les albums et faire paraître, en l’occurrence, un conte en plusieurs tomes. Quel peut bien être l’usage pour un enfant d’un demi-conte, si ce n’est de provoquer son assoupissement ? Ou même, sur le plan thérapeutique, quel sera l’usage pour un psychiatre du récit d’un demi-rêve ?

    La remarque s’impose ici que le métier de l’édition ressemble de plus en plus à celui de la charcuterie. Cela se voit aussi au soin particulier apporté à l’emballage des bouquins. C’est même une pratique de plus en plus courante de les vendre… sous cellophane ! Par où l’éditeur semble dire :

    - Non, vous ne humerez pas ce livre avant de l’avoir acheté !

    Alors, mettez-vous à ma place, ce d’autant plus qu’il y a de très bons charcutiers dans mon quartier : je ne sais plus trop quel investissement conseiller, d’un demi-conte ou d’un demi-pâté.

    C’est d’autant plus regrettable que le désir de ces trois fils d’assassiner leur père est rempli de la promesse d'une naissance. «Tuer le père», au sens propre ou bien figuré, n’est-il pas la condition nécessaire pour exister par soi-même ? Les Français le savent bien, eux qui n’hésitent pas à appliquer au père de la nation, quelle que soit son orientation politique, cette exécution rituelle, seul véritable instrument de la démocratie (pour l’instant).

     

    (Je rectifierai mon commentaire s’il le faut quand l’éditeur (Cornélius) aura mis un terme au suspens idiot qui plane toujours sur les œuvres de fiction infantilisantes, et l'auteur accouché de deux tomes supplémentaires.)

  • Petite annonce

    Urgent ! Ch. jg ou jf, 8-12 ans p. critique bd "Astérix chez les Pictes" dans Zébra. Bon niv. cult. générale,webzine,bd,fanzine,gratuit,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,astérix,pictes,petite annonce goût pour calembours de préf. Pas sérieux s'abstenir. Ecrire à la rédac. zebralefanzine@gmail.com

  • La Vie de Mahomet

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que Charb et Zineb ne plaisantent pas avec les valeurs laïqueswebzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,vie de mahomet,charb,zineb,mahométan,républicain républicaines. Alors qu’un observateur indépendant pourrait croire que ces valeurs, sonnantes et trébuchantes, sont plus proches du second terme de leur évolution que du premier, nos deux héritiers des Lumières françaises, pour leur part, n’ont pas perdu la foi dans la vertu pédagogique des devises républicaines.

    Déplorant l’ignorance crasse des Français et leur inculture religieuse, nos deux compères se sont fait un devoir de leur narrer par le menu la vie du prophète Mahomet, vénéré par les mahométans, pour combler cette lacune de l’Education nationale. Les confrères de Charb et Zineb, postés à l’avant-garde de la civilisation, apprécieront sûrement ce matériel pédagogique à sa juste valeur :

    -          Eh, m’sieur, pourquoi il lui a une aussi sale gueule, mon prophète, dans votre bouquin pédagogique ? Ce serait pas un peu raciste, des fois ?

    -          Mais non, pas du tout, monsieur Charb est un artiste incrédule, dont le parti-pris est de dessiner tout le monde sans exception avec une sale gueule, pour ne pas faire de jaloux. Il est moderne, point à la ligne. Tout comme vous, Oussama, vous vous exprimez à la manière de Louis-Ferdi…, d’un écrivain moderne très connu, cela sans même vous en apercevoir ! Vous aussi vous êtes moderne, Oussama, comme tout le monde.

    -          Ah non, moi, m’sieur, j’veux pas être comme tout le monde, j’veux être différent.

    Tant qu’on y est, emporté par l’élan scientifique imprimé par Charb et Zineb, on pourrait carrément supprimer l’instruction civique au collège et la remplacer par… des cours d’histoire. Stupéfaits, nos chères têtes blondes découvriraient que la loi républicaine, sans l’appui des forces armées et de la police, ne serait rien. La neutralité, t’as qu’à croire… ou encore que, loin de répondre au calcul algébrique de la moyenne générale, l’intérêt collectif défendu par les lois de la République se trouve soumis à certaines pressions qui le décalent assez nettement de son point d’équilibre idéal.

    C’est-à-dire que les valeurs dont Charb et Zineb sont si fiers, au point de friser l’arrogance, ne sont que le produit d’un rapport de forces, dont la rhétorique est loin d’être le seul appui. L’éthique républicaine, en ça, est conforme à n’importe quelle religion, tirant argument de dieu pour renforcer les intérêts les plus terre-à-terre. A la place de dieu, les sectateurs de la République mettent la loi républicaine ; et la pureté de la loi républicaine, ils l’inventent de toutes pièces en s’asseyant sur l’histoire.

    L’argumentaire scientifique de Charb et Zineb ne vaut donc pas un clou. Bien sûr les lois contre le blasphème n’ont jamais protégé que les religions dominantes, et non les cultures minoritaires ou démodées.

     

    La Vie de Mahomet, Charb et Zineb, eds. Charlie-Hebdo, 2013.