par Bobika (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
caricature - Page 167
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Jurons branchés
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Caricature Thomas Piketty
La Semaine de Zombi. Vendredi.
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Revue de presse BD (277)
+ Un titre étonnant dans "L'Obs" dernièrement (11 avril) : "Les bobos n'existent pas", et continuer d'en parler nuit à la société. L'argumentaire est de Jean-Yves Authier, prof de sociologie (Lyon II); venant d'un sociologue, "nuire à la société" est le plus grave péché.
Etonnant car "Le Nouvel Observateur" a contribué à donner consistance au "bobo", à travers la série de Claire Bretécher, "Agrippine", portrait de la bourgeoisie parisienne par une auteure qui s'agrégea à ce milieu en épousant le prof de droit Guy Carcassonne.
Après avoir plaidé que le terme de "bobo" est confus (comme si la sociologie ne l'était pas), J.-Y. Authier plaide aussi pour la "gentrification". En réalité la satire des bobos permet de les caractériser assez précisément. On peut ajouter à la BD de Bretécher celle de Dupuy & Berbérian, "Bienvenue à Boboland" (2008), parue en feuilleton dans "Fluide-Glacial" (éd. espagnole ci-contre : 'Benvenido a Bobolandia').
D'une manière générale, la bourgeoisie est une catégorie ou une classe sociale difficile à définir (contrairement à l'aristocratie ou au prolétariat, par exemple), comme si elle contenait "le sens de l'Histoire". Cependant on peut préciser le sens de "bobo" comme une nouvelle mode bourgeoise, typiquement française ou parisienne. Ce n'est pas un hasard si le terme "bobo" a été inventé par un Américain, David Brooks, observateur étranger.
Un trait caractéristique des bobos consiste à se prosterner devant la Culture comme un catholique devant le Saint-Sacrement, attribuant ainsi à la culture un pouvoir quasi-miraculeux.
Femme par Philippe Dupuy de la main gauche ("Left").
+ Philippe Dupuy (co-auteur de "Boboland") est un dessinateur qui a perdu l'usage de sa main droite et réapprend à dessiner de la gauche. Il publie un recueil de ses dessins maladroits, "Left" ("L'Association"), commenté par le webzine Bodoï.
On ne saurait réduire le dessin à une question d'habileté manuelle, ni à l'application de règles de perspective. Un bon dessinateur dessine avant tout avec son esprit (comme dirait Baudelaire). Où Picasso se montre un dessinateur exceptionnel, c'est dans sa capacité à éliminer les détails pour se concentrer sur ce qui est signe de force vitale, tandis que les dessinateurs de seconde zone (Giraud-Moebius) en font des tonnes.
+ Le festival d'Angoulême et son partenaire la firme RAJA - "L'art d'emballer" (sic) ont passé commande d'affiches dans l'esprit et le style de "Mai 68" à quelques auteurs de BD : Gilles Rochier, Jeanne Puchol, Olivier Josso...
L'affiche ci-dessous signée Killoffer est sans doute la plus "anar" ; 50 ans plus tard, "Charlie-Hebdo" n'oserait plus publier un tel dessin.
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Israël-Palestine
La Semaine de Zombi. Mercredi. Autrefois il était obligatoire de suivre la messe ; l'actualité a pris la place.
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Vacance du travail
par Bobika (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
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Caricature Emmanuel Macron
La Semaine de Zombi. Mardi.
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L'Enragé de Siné****
N'étant pas né en 1968, je porte sur ce mouvement de contestation un regard détaché... ou presque ; en effet, un certain nombre d'acteurs de "Mai 68" ont joué un rôle politique ou médiatique de premier plan au cours des dernières décennies. Le parti socialiste (de François Mitterrand) est en grande partie le produit de "Mai 68".
Les éditions Hoëbeke ont eu la bonne idée de publier et de vendre à un prix raisonnable le fac-similé des douze numéros que compta "L'Enragé", fanzine soixante-huitard dirigé par Siné et une petite équipe de caricaturistes contre le pouvoir gaulliste.
On aborde "Mai 68" en feuilletant "L'Enragé", sous un angle différent de la politique politicienne auquel on est habitué ; un angle beaucoup plus frais ou jeune, car les affiches et les slogans électoraux jaunissent vite et se ramassent à la pelle.
La politique, Siné et son équipe de dessinateurs la rêvent ; de façon significative, l'idéal est cubain, c'est-à-dire vague et exotique. "L'Enragé" vomit non seulement le gaulllisme, mais aussi le communisme et le syndicalisme d'apothicaires tels qu'ils se pratiquent en France depuis la Libération.
Siné, Cabu, Willem et quelques autres sont certes plus doués pour démolir et pourfendre -la police, l'armée, de Gaulle- que pour proposer quelque chose de concret à la place. "L'Enragé" est un concentré de jouissance virile, beaucoup moins cynique que "Hara-Kiri" n'était.
"L'Enragé" était sans doute condamné dès le début à mourir, comme les taulards qui, une fois évadés, préfèrent crever pour ne pas retourner en prison. Le titre du fanzine le laisse présager, tout comme les appels du chef Siné à écouler 35.000 exemplaires (!) pour pouvoir survivre à la censure larvée du diffuseur unique de la presse française (que le Pr Choron aura été le seul à vaincre dans la 2nde moitié du XXe siècle en créant de toutes pièces un réseau parallèle).
Notons encore la prise de bec entre le dessinateur Cardon et Siné. Le premier refuse d'être associé aux flèches de "L'Enragé" contre la CGT et le PCF. Le second n'en a cure et enfonce le clou. Anecdote pas si anecdotique, car elle révèle combien les soixante-huitards sincères étaient isolés, cernés non seulement par la police mais aussi par les calculs politiciens. "L'Enragé" appelait à la révolte dans un contexte où elle était devenue impossible en France, et la lutte des classes déjà réduite à une parodie de lutte des classes.
On pourrait discuter ici les mérites comparés du pamphlet ("L'Enragé") et de la satire ("Hara-Kiri"). Une chose est sûre, de ce point de vue : les élites modernes redoutent beaucoup plus la satire qu'elles ne craignent la violence. Un bon caricaturiste est -en 2018- un caricaturiste mort et empaillé, transformé en martyr de la "liberté d'expression", dont on enseigne le culte à l'école.
"L'Enragé" - fac-similé des 12 numéros, éd. Hoëbecke, 2018.