bande-dessinéé - Page 215
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La Carte postale de Lola
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Revue de presse BD (266)
+ Etonnant de voir figurer Alix en "Une" d'un magazine dédié à l'Histoire alors que c'est un héros de... science-fiction. Si la SF de Jacques Martin (1921-2010) n'est pas tournée vers un futur hypothétique mais vers une Antiquité idéalisée, l'exotisme n'est pas moins l'un des principaux ressorts de cette série antihistorique.
L'Antiquité fabriquée par Jacques Martin est dépaysante car elle ramène le lecteur adolescent à une époque encore vierge des marques laissées par notre civilisation industrielle et technocratique (bien que les "valeurs technocratiques" soient des valeurs romaines); au contraire, les BD de science-fiction voyageant dans le futur regorgent le plus souvent de gadgets technologiques.
Les universitaires réunis autour du hors-série de la revue "L'Histoire" -"Les Mondes d'Alix"-, rapportent les anachronismes, les invraisemblances ou les contre-vérités qui émaillent cette série conçue comme un récit de propagande éthique et divertissant (prépublié dans l'hebdomadaire "Tintin") ; la comparaison avec les péplums hollywoodiens est suffisamment dissuasive de prendre le propos d'"Alix" pour un propos historique.
Par-delà le diagnostic universitaire fait ici, la comparaison s'impose avec la doctrine réactionnaire de Nietzsche, pour qui l'Histoire dissimule un long processus de décadence imputable au judaïsme et au christianisme ; pour le besoin de cette thèse un peu simpliste, Nietzsche, comme J. Martin, conçoit un monde gréco-romain antique mieux disposé à la jouissance et préservé de l'argument judéo-chrétien illusoire selon laquelle l'Histoire a un sens. Pour le besoin de sa thèse, le moraliste allemand n'hésite pas à purger la culture antique de la métaphysique, alors même que la littérature grecque antique compte plusieurs "héros métaphysiques", et pas des moindres (Ulysse, Hercule...).
Etant donné la francophilie de Nietzsche, on peut ajouter que la série de Jacques Martin, de toutes les séries "franco-belges", est probablement la plus française et la moins belge. Tandis que la culture allemande ou américaine se tourne volontiers vers un futur utopique, la culture française (ou italienne) se tourne plus concrètement vers le bonheur et un "état de nature" idéal, mieux représenté par certaines cultures anciennes. Les Français s'intéressent peu à l'Histoire - ou s'y intéressent en touristes ou en archéologues, confirmant l'adage selon lequel "les peuples heureux n'ont pas d'Histoire".
- Certains universitaires croient déceler l'idéologie européiste à l'arrière-plan de la série "Alix". On peut le penser dans la mesure où Rome est un modèle d'impérialisme tel que Napoléon, Mussolini ou l'oligarchie capitaliste s'efforcent de ressusciter. La propagande communiste s'efforça d'ailleurs d'opposer à Alix le personnage de Taranis (dans "Pif"), héros gaulois refusant de se soumettre à l'envahisseur romain, contrairement à Alix. La propagande communiste cache ici que le communisme est un des visages de l'impérialisme moderne, dont les peuples n'ont pas moins souffert qu'ils n'ont subi l'impérialisme napoléonien ou hitlérien.
Du reste le statut d'Alix d'esclave gaulois affranchi par un notable romain est un des éléments qui confère à cette série la crédibilité, si ce n'est historique, du moins morale. Contrairement à de nombreux héros de la culture de masse américaine, communiste ou fachiste, dont on ne peut extraire qu'une éthique militante la plus partisane et fragile, l'auteur prend soin de confronter son personnage à des problèmes moraux plus proches de la réalité. L'éthique des "comics" et de la culture de masse n'a pas une grande portée ; certains psychiatres ou psychanalystes reconnaissent qu'elle a valeur d'excitant sexuel, en quoi les plus sérieux critiques du totalitarisme sont fondés à établir un lien entre le totalitarisme et la culture de masse, quelle que soit son étiquette idéologique.
+ L'illustratrice de presse Dominique Corbasson a succombé à la maladie ; elle était notamment connue pour ses représentations d'un Paris "idéalisé", à l'opposé du regard satirique porté par Cabu, témoin de la gentrification et des dommages esthétiques causés par les géants du BTP au cours des dernières décennies.
Le site Actuabd raconte comment Dominique Corbasson avait été engagée par l'agent de son mari, le bédéaste François Avril.
+ Le trophée 2018 du dessin de presse "Presse-Citron" organisé par l'école Estienne, ouvert jusqu'au 9 ou 10 mars, est ouvert non seulement aux professionnels mais aussi aux étudiants, jugés de nombreux dessinateurs chevronnés, réunis pour l'occasion.
Malgré des conditions politiques les plus défavorables au dessin de presse satirique (déclin de la presse organisée en monopole), on note qu'il continue de susciter des vocations, qui s'expriment tant bien que mal sur les réseaux sociaux.
Cela dit la métaphore suggérée par l'affiche du trophée entre le dessin de presse et piétiner un plat de pates à la sauce tomate, est relativement énigmatique...
+ "Il est devenu le BHL de la bande-dessinée. J’attends son entartage avec impatience." a déclaré l'ex-éditeur Jean-Christophe Menu à "Médiapart" en parlant de Joann Sfar, à qui les médias font la part belle et qui s'est récemment immiscé dans la campagne présidentielle en prenant position contre Jean-Luc Mélenchon.
Il ne faudrait pas confondre le pape avec ses évêques ; cela dit en lisant certaines chroniques de BHL dans "Le Point", on peut être frappé par leur ressemblance avec le langage de la bande-dessinée, propagande claire, "hergéenne", efficace et imagée, au service d'une idée de la justice et du progrès très... abstraite -dont le bénéfice demeure incertain.
Comme BHL n'a jusqu'ici négligé aucun des moyens lui permettant de servir sa cause, il n'est donc pas invraisemblable de l'imaginer en scénariste de BD.
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Aux armes, citoyens !
La Semaine de Suzette Zombi. Mardi : Le meilleur argument de vente d'armes aux particuliers comme à des collectivités publiques, c'est la défense. Et la meilleure défense, c'est l'attaque.
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Bad Mood
par Naumasq
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Qui a volé ?
par M.-F. Ochsenbein ("Parlez-moi de vos petits tracas")
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Insulaires**
Warum, petit éditeur opportuniste (dans le bon sens du terme) publie "Insulaires", recueil d'historiettes groisillonnes par Renaud de Châteaubourg, alias Prospéri Buri.
A quelques encablures de la côte Finistère, l'île bretonne de Groix n'a rien d'un paradis, contrairement à ce que certains dépliants touristiques tentent de faire croire, s'appuyant sur quelques semaines estivales ensoleillées et des paysages pittoresques.
En réalité, la pêche fut longtemps la seule ressource des habitants de cet ilot rocheux exposé au vent du Nord et aux tempêtes. La population de l'île dépassa même les 5.000 habitants (moitié moins aujourd'hui) au début du XXe siècle, quand les pêcheries fonctionnaient à plein régime.
L'auteur a procédé par l'assemblage de souvenirs d'enfance -son grand-père employé du pétrolier "Total" avait acquis une résidence secondaire dans l'île- et de lectures de contes et légendes groisillonnes, pour fabriquer ces petits contes.
Alcooliques, bigots, affabulateurs, les Groisillons ne sont pas montrés sous leur meilleur jour ; surtout dans l'un des récits où Prospéri Buri insinue que les Groisillonnes n'hésitent pas à inventer des légendes pour se débarrasser de leurs encombrante progéniture en bas-âge (en la "rendant" à la mer tandis qu'elles pêchent les délicieux pouce-pieds)...
Voilà un ouvrage satirique qui confortera ceux qui affirment que le climat est pour beaucoup dans la civilisation, qui s'épanouit difficilement dans un climat hostile (thèse de Montesquieu - souvent cité, plus rarement lu).
"Insulaires", par Prospéri Buri, éd. Warum, 2018.
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Caricature Salon de l'Agriculture
Dessin de presse par KROKUS (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")