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balzac

  • Revue de presse BD 2024 (106)

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    - Au programme de la quinzaine (11-24 févr.) :  1. Daniel Clowes, un fauve d'or marketing ; 2. Balzac et Daumier assortis ; 3. L'humour perdu de "Lucky-Luke" ;  4. La guerre scolaire de 100 ans ; 5. Caricatures fraîches par Kurt, Morten Morland, El Diablo & Zombi.

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    "Monica" par Daniel Clowes ("Fauve d'or" 2024)

  • Revue de presse BD 2023 (97)

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    - Au programme cette quinzaine (8 oct.-22 oct.) :  1. Balzac avant "Hara-Kiri" ; 2. Le Collège de France potache ; 3. Le filon de l'âge d'or de la BD franco-belge ; 4. Willem à Lyon ; 5. Caricatures fraîches par Kurt, Schvartz, Piérick, Delestre & Zombi.

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    Balzac en tenue de travail par Henry Somm.

  • Revue de presse BD 2023 (93)

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    - Au programme cette quinzaine (2 juillet-1er août) :  1. Expo Balzac drolâtique ; 2. Reiser antiflic ; 3. Manga à gogos ; 4. Une belle affiche de théâtre ; 5. Caricatures fraîches par Dubouillon, François Caumartin, Erwann Terrier, Jonesy & Zombi.

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  • Revue de presse BD (330)

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    Ill. de Granville extraite de "Les Métamorphoses du jour".

    + Dans la comédie humaine de Jean-Jacques Grandville (1803-1847), les personnages sont ramenés à des animaux ; les illustrations de Grandville sont saisissantes, provoquant à la fois le rire et un certain malaise. Loin d'assumer un antispécisme béat, Grandville souligne la bestialité de l'homme dès lors qu'il se regroupe avec ses semblables pour former une espèce.

    Ce procédé satirique vaut à l'illustrateur lorrain un franc succès et d'être sollicité par la presse satirique de son temps : "Le Charivari", "La Silhouette", "La Caricature".

    Bien qu'il ne partage pas les opinions politiques d'H. de Balzac (monarchiste), Grandville se rapproche du grand romancier réaliste et illustre son oeuvre.

    La Maison de Balzac (Paris 16e) propose jusqu'au 13 janvier une expo. d'une cinquantaine d'illustrations de Grandville, dont certaines peu connues, qui soulignent la connivence entre les deux auteurs et confrères.

    A noter que Grandville mourut prématurément, rendu fou de douleur par la perte successive de tous ses enfants et de sa femme.

    + Une école genevoise (Head) propose un cours de bande dessinée gratuit en ligne, qui débute aujourd'hui et s'étale sur sept semaines ; deux profs (Bejamin Stroun et Peggy Adam) enseignent le b.-a.-ba de la technique propre à la BD (simplification du dessin, découpage en séquences...).

    + La bibliothèque de Plérin dans les Côtes-d'Armor organise une expo. et des conférences autour du dessin satirique et de la caricature (week-end des 12-13 oct.).

  • Le Chant du Cygne (1)

    Petit feuilleton historique estival

    Seul Rodin...

    A travers son Journal, le peintre belge Henry de Groux (1866-1930) est un témoin de premier plan, quoique méconnu, de l'art de son temps.

    Praticien exigeant, admirateur d'Eugène Delacroix comme Baudelaire, de Groux se montre le plus souvent sévère avec ses contemporains. Son engagement total au service de l'art et son amitié avec le pamphlétaire Léon Bloy le tiendront à l'écart des circuits officiels de l'art ; l'artiste belge, à demi-marginal, parviendra difficilement à vivre de sa peinture.

    Extrait de son Journal (Eds Kimé) :webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,journal,henry de groux,léon bloy,auguste rodin,balzac,sculpture,delacroix,champ de mars,salon,kimé

    1er Mai (1898) : Visite au Salon du Champ de Mars. Peinture nulle ; absolument nulle. Rien de rien ! Vulgarité, banalité, ordure. Sculpture : le Balzac de Rodin. L'oeuvre est étrange, audacieuse, déconcertante au premier abord. Peu à peu, on se rend compte de la réelle grandeur, de la véritable aristocratie de la conception et on comprend, en persistant, la colère du public, véritablement outré et détraqué de désappointement. C'est une rumeur d'indignation ininterrompue et réjouissante, vraiment le mufle se sent défié et montre les dents.

    En somme, la seule oeuvre du Salon.

    L'oeuvre surabonde de style et de caractère original en sa simplicité très puissante.

    Sentiment que je serai vraiment le seul peintre à l'heure actuelle qui sache son métier à fond et comprenne son art supérieurement. (...)

    *Ci-contre : caricature illustrant la réception du Balzac de Rodin.

  • Revue de presse BD (237)

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    Une des nombreuses têtes de Balzac exécutées par Rodin, à la recherche de l'expression du grand romancier réaliste.

    + L'acteur Vincent Lindon a coproduit un film qui retrace une partie de la vie de Rodin, dans lequel il joue le rôle du sculpteur. Le scénario est focalisé sur la statue de Balzac, qui joue un rôle important dans la carrière de Rodin ; en effet cette statue en pied, qui ressemble à une caricature de Daumier, ne fut pas du goût de la Société des gens de lettres qui l'avait commandée (et qui réclama même son remboursement), ni du public qui se moqua du sculpteur et cette oeuvre originale. En revanche Rodin était satisfait du résultat et de ses efforts pour saisir l'expression du modèle d'après des documents et des témoignages.

    - On s'est beaucoup moqué de lui. Mais on s'accorde à dire aujourd'hui que c'est le point de départ de la sculpture moderne. Avant Rodin, les écrivains étaient systématiquement sculptés dans un fauteuil avec une plume et un encrier dans les mains... Et voilà son Balzac représenté nu, sans aucun de ces attributs.

    V. Lindon oublie le Voltaire nu de Pigalle (1714-1785), meilleur portraitiste que Rodin au demeurant, qui fit scandale auparavant. D'ailleurs, après avoir représenté Balzac nu, la bedaine en avant, Rodin le recouvrit de la grande robe dans laquelle Balzac aimait s'envelopper pour écrire selon le témoignage de son ami Th. Gautier.

    + Dans son édition de la semaine dernière (17 mai), le "Canard Enchaîné" (Frédéric Pagès) révèle que lewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,mai,2017,caricature,vincent lindon,pigalle,auguste rodin,balzac,françois hollande,cambadélis,canard enchaîné,frédéric pagès,catherine duchêne,bonne étoile,cabu,françois forcadell,daumier,panthéon président sortant François Hollande a reçu, comme cadeau de départ, remis par J.-C. Cambadélis au nom du Parti socialiste, une toile de la jeune artiste avignonnaise Catherine Duchêne, intitulé "La bonne étoile". F. Mitterrand était reparti, au terme d'un règne beaucoup plus long, avec une Renault Twingo. L'hebdo se montre ironique avec la jeune artiste qui a peint la toile ; mais, après tout, le PS n'est-il pas le parti de la culture ?

    + S'ils jugent le cadeau du PS à François Hollande insuffisant, les journalistes du "Canard" peuvent toujours se cotiser pour lui offrir le dernier album des meilleurs dessins de Cabu ("Le Journal des Présidents"), dont François Forcadell dit ici tout le bien qu'il pense.

    Après avoir souligné l'étendue du talent de Cabu, non seulement caricaturiste mais aussi "paysagiste" ("Revoir Paris") et auteur [inégalé] de reportages satiriques, F. Forcadell émet le voeu que Cabu rejoigne Daumier au Panthéon des caricaturistes. H. Daumier se distinguait aussi par une palette étendue, plus étendue encore que celle de Cabu puisqu'il pratiquait aussi la sculpture et la peinture, en plus des arts maîtrisés par Cabu.

    L'histoire de l'art, souvent élitiste et méprisante vis-à-vis de l'art populaire, a fini par reconnaître l'influence de Daumier sur l'art moderne du XXe siècle. Le rayonnement de Cabu sur les arts voisins n'est pas équivalent, loin s'en faut.

    On peut craindre par ailleurs que Cabu ne soit transformé en martyr de la cause républicaine laïque (chauvinisme déguisé en humanisme), bien qu'il n'a pas ménagé tout au long de sa carrière ces trois piliers de la République que sont l'Education nationale, la police et l'armée. Ce ne serait pas le premier cas de dessinateur pacifiste réquisitionné pour le compte de la guerre des idées.

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    Le légendaire café "Procope", Voltaire et Guillotin vus par Cabu (In : "Tout Cabu").

     

  • Les Cafés littéraires***

    Gérard-Georges Lemaire a beau se défendre d'avoir écrit un ouvrage exhaustif, son bouquin n'en est paswebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,gérard-georges lemaire,la différence,cafés littéraires,tortoni,procope,voltaire,balzac,manet,rivarol,maurras,rousseau,deux magots,rotonde,coupole,chat noir,maison dorée,flore,cubiste,surréaliste,bock,albert wolff,georges guénot moins un pavé de 600 pages, qui traite du phénomène des cafés littéraires en Europe, depuis le XVIIe siècle jusqu'à la disparition progressive de ces établissements au cours du XXe siècle. Aujourd'hui, quelques "cafés philosophiques" persistent ponctuellement, mais le "café littéraire" n'est plus l'épicentre de la vie littéraire et artistique.

    En préambule, G.-G. Lemaire nous explique comment le café, breuvage un peu mystérieux (on ne sait pas très bien comment ni par qui il a été inventé), s'est imposé comme LA boisson des intellectuels et des artistes, dans les principales capitales européennes. Cela se fit contre l'avis de l'académie de médecine en France, tandis qu'en Angleterre ce breuvage fut bien accueilli (le savant F. Bacon voit même dans le café un moyen de lutter contre les ravages provoqués par l'alcoolisme).

    Ce chapitre d'introduction clôt, on entre dans le vif du sujet, c'est-à-dire le rôle joué par ces établissements où l'on boit du café, mais aussi du vin et des bocks de bière, tout en refaisant le monde artistique et littéraire, mais aussi parfois politique et philosophique. Avant d'être inscrite dans la loi, la liberté d'expression est incarnée par les cafés et la société qui les fréquente. "Agitateur et politique, le Palais-Royal est devenu la capitale de Paris. Telle a été son influence dans la Révolution actuelle, que l'on eût fermé ses grilles, surveillé ses cafés, interdit ses clubs, tout aurait pris une autre tournure." écrit Rivarol. 

    Vestige d'une époque d'intense agitation intellectuelle, le légendaire "Procope" au Quartier latin, fréquenté par Voltaire, Diderot et Rousseau, n'est que le premier d'une longue succession de cafés, dont l'ouvrage érudit de G.-G. Lemaire énumère les caractéristiques ; tantôt somptueusement décorés, tantôt seulement confortables, ou encore charmants, pourvus en bonne chère et hôtesses accueillantes, ces établissements jouent pour les poètes et les artistes le rôle de havres ; ils y évoluent à l'aise au milieu de leurs confrères et admirateurs.

    Si le seigneur médiéval est indissociable de son château-fort, l'artiste moderne, quant à lui, ne serait rien sans son ou ses cafés de prédilection, où il est souvent choyé par le tenancier comme une sorte de mascotte"Devant Tortoni, au milieu d'un bouquet de journalistes, de 5 à 6 heures, on peut voir M. Manet. C'est une gloire du café, une des illustrations du perron ; s'il manque un jour, le maître de l'établissement se dit : - Mauvaise journée ! mon grand peintre me manque." (Albert Wolff)

    Une foule de noms d'artistes et de poètes célèbres s'entremêlent avec ceux des cafés parisiens. G.G. Lemaire, à propos de la "Maison Dorée" : "Au milieu des années 1850, on y voit attablés Gustave Flaubert, Henri Murger, qui y griffonne des nouvelles pour "Le Figaro", Jules Barbey d'Aurevilly, Alexandre Dumas à l'époque où il dirige "Le Mousquetaire", car ses bureaux se trouvent à l'étage au-dessus, Honoré de Balzac, Jules et Edmond de Goncourt, Emile Zola, Alphonse Allais, le sculpteur David D'Angers. C'est à cet endroit que Balzac entraîne le jeune graveur Wenceslas Steinbrock dans "La Cousine Bette", et c'est là encore que la cynique Nana exerce ses talents ravageurs."

    Caractéristique de ce phénomène également, le brassage social et idéologique permis par les cafés : "Sous les marbres de ce sanctuaire, tous les partis ont le droit d'asile. A peine a-t-on franchi ce seuil hospitalier, on a cessé d'être un écrivain, un pair de France, un conseiller d'Etat, un général, un peintre, un ambassadeur - on n'est plus qu'un consommateur ou un joueur de dominos." (Georges Guénot, en 1850, à propos du "Café Cardinal").

    A Paris, au fil du temps, suivant un cours hasardeux, le boulevard des Italiens fut "the place to be", avant de céder le pas au Quartier latin ; puis ce fut au tour de Montmartre, siège du fameux "Chat Noir", perfectionnement ultime du café littéraire ; Montmartre enfin sera détrôné par Montparnasse, où les cubistes ("Closerie des Lilas"), les surréalistes ("Rotonde", "Deux Magots", "Coupole"), tiendront séance.

    Il n'est pas rare que le café soit associé à la production d'une revue littéraire illustrée, dont le tiragewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,gérard-georges lemaire,la différence,cafés littéraires,tortoni,procope,voltaire,balzac,manet,rivarol,maurras,rousseau,deux magots,rotonde,coupole,chat noir,maison dorée,flore,cubiste,surréaliste,bock,albert wolff,georges guénot atteint parfois plusieurs milliers d'exemplaires ; ou encore un prix littéraire.

    H. de Balzac s'attarde sur le phénomène dans "Histoire et physiologie des boulevards de Paris" (1844) :

    "(...) la vie de Paris, sa physionomie, a été en 1500, rue Saint-Antoine ; en 1600, à la place Royale ; en 1700, au Pont-Neuf ; en 1800, au Palais-Royal. Tous ces endroits ont été tour à tour les boulevards ! La terre a été passionnée là, comme l'asphalte l'est aujourd'hui sous les pieds des boursiers, au perron de Tortoni (...). De la rue du Faubourg-du-Temple à la rue Charlot, où grouillait tout Paris, sa vie s'est transportée, en 1815, au boulevard du Panorama. En 1820, elle s'est fixée au boulevard dit "de Gand" et, maintenant, elle tend à remonter de là vers la Madeleine. En 1860, le coeur de Paris sera de la rue de la Paix à la place de la Concorde."

    Et cette description de la "Brasserie des Martyrs" par A. Daudet :

    "Il faudrait un volume pour décrire la Brasserie [des Martyrs] table par table. Ici, la table des penseurs - têtes nues, barbes tremblantes, une odeur de tabac âcre, de soupe aux choux et de philosophie. Plus loin, des vestes bleu sombre, des bérets, des cris d'animaux, des plaisanteries, des mots d'esprits : voici les artistes, peintres et sculpteurs (...) Et voici maintenant les femmes, anciens modèles, beautés fanées, avec des noms étranges comme Titine de Barrancy et Louise Coup-de-Couteau. Ce sont des femmes inhabituelles, qui ont un raffinement curieux, ayant passé de main en main et préservé de chacune de leurs liaisons innombrables un résidu de connaissance artistique. Elles ont des opinions sur tout, se proclament réalistes ou fantaisistes, catholiques ou athées, en conformité avec leur amant du moment. C'est touchant et absurde."

    G.G. Lemaire fait le tour des capitales européennes, de façon plus sommaire qu'il ne traite le cas de Paris, mais qui permet des comparaisons. Londres n'a pas été en reste dans la mode des cafés, mais l'invention des "clubs", moins ouverts que les cafés, a freiné l'expansion de ceux-ci. La mode des grandes villes italiennes est proche de la mode parisienne, notamment en raison du rôle joué par les artistes-plasticiens, si ce n'est que l'Italie n'est pas une nation centralisée où tout tourne autour de Paris.

    L'ouvrage de G.G. Lemaire n'est pas seulement érudit, un catalogue impressionnant, il souligne certains caractères de l'art moderne tout en explorant le phénomène particulier ; on distingue notamment l'aspect "mouvementé", de recherche continuelle de quelque chose de neuf ; l'aspect aussi de "contre-culture" est perceptible, éloigné du précepte romain antique (Virgile) d'"un art au service de la politique". La bohème artistique gravitant autour des cafés a ainsi pu être assimilée à la décadence par les défenseurs de la civilisation, bien que Charles Maurras et son "Action française" aient aussi installé leur quartier général dans un café ("Café de Flore").

    Il manque cependant une explication de l'étiolement du phénomène des cafés littéraires et de leur disparition après la deuxième guerre mondiale.

    On peut avancer diverses explications, comme le coût de plus en plus élevé de la vie parisienne, qui a fini par rendre la vie de bohème quasi-impossible. Si elle conserve son prestige, on constate aussi que Paris a cessé d'être la capitale mondiale de l'art après la guerre.

    Là où l'écrivain et l'artiste devaient être entre 1960 et l'an 2000, c'était à la télévision, dont nul ne peut ignorer le double usage commercial et étatique. L'académisme, en art, a repris le dessus, empruntant ses dogmes à des écoles artistiques qui avaient la propriété de n'être pas dogmatiques.

    "Les Cafés littéraires", par Gérard-Georges Lemaire, éds de la Différence, 2016 (réédition).