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critique - Page 16

  • Star Wars

    J.J. Abrams, 2015

    Je ne suis pas fan de "Star Wars", mais je suis allé voir le film au cinéma, en 3D s’il-vous-plaît. Le film durewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,cinéma,star wars,disney largement 2 heures et aurait sans doute gagné à être élagué pour être plus dynamique.

    Le scénario (?) est assez simplet : un ex-méchant déserte de l’armée des Stormtroopers (John Boyega, sympa) et fait équipe avec une jolie nana (Daisy Ridley, jolie) pour échapper à des méchants. Ils courent, ils pilotent, ils transpirent... d’ailleurs ils ne changent pas souvent de vêtements, la culotte de la demoiselle doit pas sentir la rose. Les effets spéciaux sont tellement réussis qu’on ne les voit pas, c’est bluffant, grisant.

    Il y a de l’humour, gentil, ça donne un inattendu et bienvenu petit côté parodique au film. On a l’impression que le réalisateur a eu envie de se la jouer "Y a-t-il un pilote dans l’avion ?" (Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker, 1980) ou "Hot Shots" (Jim Abrahams, 1991), mais ce n’était pas prévu dans le contrat.

    Les deux rôles principaux sont tenus par un noir et une femme ; le cahier des charges était non négociable. On sent que le film est fait pour plaire au plus grand nombre, c’est sans doute ça la "magie Disney". Du coup, l’ensemble est plutôt gentil, même le méchant (Adam Driver, bof) ne fait pas très peur. Les scénaristes ont ressorti quelques vieilleries (R2D2, le faucon millénium, Harrison Ford…), c’est là où on voit leur manque d’inspiration, genre "c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes". Celle-là manque vraiment de sel.

    LB

  • Un + une, de C. Lelouch

    Ma mauvaise foi me pousse à parler d’un film que je n’ai pas vu et que je n’irai pas voir. Claude Lelouch estwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,claude lelouch,cinéma,un + une,elsa zylberstein,jean dujardin,caricature,navet devenu cinéaste sur un malentendu, avec Un homme et une femme (1966). Il a ensuite réalisé quelques films encore regardables malgré les années, mais dont il ne resterait sans doute pas grand-chose sans les acteurs : Annie Girardot dans Un homme qui me plaît (1969), Lino Ventura dans La bonne année (1973), par exemple. On peut considérer ces films comme des accidents de parcours dans la longue et inégale carrière de Claude Lelouch. Pas plus que son précédent film où la grande Sandrine Bonnaire s’était laissée embarquer, le bouseux Salaud on t’aime (2014), le nouveau film de Lelouch ne laissera de souvenir impérissable.

    Déjà, un film avec Elsa Zylberstein, ça n’augure rien de bon. Cette nana est l’archétype de la Parisienne godiche. On sait qu’elle est actrice mais pouvez-vous me citer un seul de ses films ? Moi non. Jean Dujardin avait sans doute envie de visiter l’Inde entre deux tournages, ce qui peut expliquer sa présence dans ce film. A moins qu’il ne manque sérieusement de pif pour choisir ses films, en témoigne sa constance à aligner les nanars : Cash (Eric Bernard, 2008), Le bruit des glaçons (Bertrand Blier, 2009)…

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,claude lelouch,cinéma,un + une,elsa zylberstein,jean dujardin,caricature,navetLe problème de Jean Dujardin, acteur que par ailleurs j’aime beaucoup, c’est sa crédibilité dans des rôles sérieux. Dans La French (Cédric Jimenez, 2014), film assez ridicule, on a l’impression de voir Hubert Bonisseur de la Bath son personnage-fétiche (OSS 117, Michel Hazanavicius).

    Les images aperçues sur la bande annonce – mon professionnalisme m’impose au minimum cette corvée - laissent entrevoir tout l’artifice d’un film complètement à côté de la plaque, des costumes au jeu des acteurs, en passant par les dialogues et la réalisation, si tant est qu’il y en ait une.

    Ne perdez pas votre temps avec ce cinéma ringard, il y a tellement mieux à faire. Claude, fais nous plaisir, range ta caméra et va pêcher la truite.

    LB

  • Les Cahiers japonais***

    Igort est un des rares auteurs européens de BD (natif de Cagliari en Sardaigne) à avoir travaillé comme mangaka (dessinateur dewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,igort,les cahiers japonais,futuropolis,mangaka,manga mangas) au Japon pendant plus de dix ans, se pliant aux exigences des éditeurs nippons, réputées strictes.

    Dans "Les Cahiers japonais" (Futuropolis, octobre 2015), Igort revient sur cette période de sa vie, et se sert de ce prétexte pour proposer au lecteur un "voyage dans l'Empire des signes" qui le fascina, et présenter différents aspects de la culture nippone, encore méconnue en Europe.

    L'auteur de cette critique, qui n'éprouve aucune fascination pour la culture japonaise, mais bien au contraire de la répulsion, n'était peut-être pas le mieux placé pour parler de cet album ? En effet l'individu ne compte pas ou peu au Japon, aussi la culture japonaise se trouve-t-elle en adéquation avec la culture moderne totalitaire, où l'individu renonce le plus souvent à exister par lui-même, tant la pression de grandes structures contraignantes est forte, de l'administration d'Etat à la société de consommation, en passant par la médecine psychiatrique et les infrastructures technologiques, la culture de masse.

    On est loin de la culture de vie italienne, louée par Nietzsche au siècle dernier comme le remède à une culture moderne macabre ; c'est sans doute la sereine résignation des Japonais qui trouve un écho de plus en plus large dans la France vieillissante.

    Heureusement le paysage japonais que dessine Igort est assez contrasté, et son dessin élégant fait plutôt référence aux vieilles estampes japonaises qu'à la graphie stéréotypée des mangas d'aujourd'hui. Sur les méthodes des éditeurs de mangas, la curiosité des amateurs de ce genre (ultra-commercial) se trouvera satisfaite, puisque Igort parvint à pénétrer ce milieu assez fermé. La digression sur Hokusai plaira aux amateurs de cet artiste humble et persévérant.

    L'auteur dévoile en outre que le système ancien des castes perdure au Japon, derrière un voile d'hypocrisie sociale.

    La variété des sujets abordés sauve de l'ennui le lecteur pour qui le Japon n'évoque que calme, luxe et volupté, et soumission au temps.

    Les Cahiers japonais - Un voyage dans l'Empire des signes, Igort, Futuropolis, 2015.

  • L'Île Louvre***

    En partenariat avec le Louvre, les éds. Futuropolis publient des BD qui font pénétrer à l'intérieur de cewebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,louvre,florent chavouet,futuropolis,étienne davodeau,le chien qui louche gigantesque musée comme par une petite porte dérobée. Passant par une intrigue, mi-comique, mi-romanesque, E. Davodeau s'acquitta de la commande avec brio, produisant sans doute là son meilleur album - "Le Chien qui louche" (2013) ; il y avait de l'impertinence dans le regard posé par Davodeau sur cette sorte de "saint des saints" de l'art français qu'est le musée du Louvre.

    L'album de Florent Chavouet est dans la lignée du "Chien qui louche" : bien qu'agréée par le Louvre, la BD ne ménage pas la religion de l'art, en principe démocratique puisqu'il s'agit d'initier monsieur Tout-le-monde aux arcanes de l'art. La description du Louvre par Florent Chavouet n'est pas loin de suggérer plutôt un parc d'attraction pour une clientèle un peu plus snob que celle qui fréquente les fêtes foraines.

    L'idée de représenter le Louvre comme une île est bonne ; elle permet de souligner que le règlement du Louvre, ses rituels, sa fonction, son personnel, en font une enclave. - A quoi sert le Louvre ? Cette question que l'on ne se pose pas souvent fait que cette île est en outre nimbée d'un brouillard de mystère. A quoi servent les choses qui ne servent à rien ? Pouvoir pénétrer dans un ancien palais royal comme dans un moulin, est-ce une preuve que la démocratie existe ? Etc. Les rêves sont aussi comme des îles.

    F. Chavouet se mêle aux visiteurs, propose une succession de sketchs le plus souvent désopilants, à base d'anecdotes vécues. Il semble que le personnel assigné à la surveillance du public soit souvent accusé de glander aux frais du contribuable, et Chavouet de dessiner malicieusement les gardiens dans des poses de statues vivantes.

    On s'amusera des questions et commentaires plus saugrenus les uns que les autres que l'auteur a collectionnés. La nudité, fréquente dans l'art classique, est bien sûr cause de bons mots plus ou moins spirituels. Ainsi ces deux quinquas (homos ?) commentant le portrait d'une femme à la poitrine largement dénudée : "Il gère bien la lumière."

    Comme le musée est un véritable dédale de salles et de styles, mais aussi d'ascenseurs et d'escaliers, l'auteur souligne le côté "chasse au trésor" ; une visiteuse : - C'est dingue, c'est le musée de l'escalier ici ou quoi ?"

    Un album léger, comme un après-midi au Louvre.

    "L'Île Louvre", par Florent Chavouet, éds. Futuropolis, novembre 2015.

     

     

  • Mitterrand, un jeune homme de droite**

    Une biographie de François Mitterrand, voilà qui illustre les nouvelles prétentions dewebzine,bd,zébra,gratuit,bande-dessinée,fanzine,kritik,critique,mitterrand,jeune homme de droite,richelle,rébéna,rue de sèvres la BD à prendre place au rayon adulte.

    Le sous-titre est fait pour surprendre ceux qui ignorent que l'ancien président de la République venait d'un milieu bourgeois et conservateur. "Réactionnaire" serait plus juste pour qualifier le jeune Mitterrand, dont la jeunesse est retracée à partir de la fin de ses études jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, la "droite" est devenue le parti des industriels et des banquiers au cours des dernières décennies - le parti de l'argent ; tandis que le jeune F. Mitterrand n'était pas entièrement dénué d'idéalisme. Le rêve que caressait François Mitterrand de devenir un écrivain reconnu illustre aussi la facette romantique du personnage.

    La BD de Richelle et Rébéna (Eds "Rue de Sèvres") met bien au jour ce qui a pu conduire F. Mitterrand à devenir le monarque de gauche que l'on sait - probablement le plus "royal" des présidents de la Ve République, qui fut surnommé le "sphinx" (et fit construire une pyramide).

    Les idées réacs de Mitterrand, liées à son goût pour la littérature, l'inclinaient peu à la fois moderne dans la démocratie (et dans la modernité tout court), en même temps qu'elles renfermaient cet idéalisme et ce vernis culturel propre à séduire "le peuple de gauche". Cet idéalisme se traduisit aussi par la passion de Mitterrand, encore étudiant, pour une jeune femme de quinze ans, qu'il voulut épouser sans attendre.

    Mais l'ennui est le sentiment qui prévaut. Il s'empare vite du lecteur qui se fait la réflexion que, décidément, la vie politique moderne et ses acteurs manquent de relief. Un animal hénaurme domine désormais - l'Etat, si pesant qu'il écrase tout. Louis XIV pouvait encore croire tenir l'Etat entre ses mains, mais désormais l'éléphant l'emporte sur le cornac. Seules les guerres, dans les temps modernes, alors que l'organisation de l'Etat est momentanément chancelante, permettent à des personnalités politiques de s'épanouir et briller, le plus souvent de façon sinistre. En temps de paix, des hommes en costard-cravate gèrent les affaires courantes ; malgré son air de danseur de tango argentin romantique, F. Mitterrand faisait partie de ces gestionnaires (et le savait sans doute).

    On peine donc à s'intéresser aux ressorts d'un si petit mécanisme, à un personnage aussi secondaire de l'histoire, et les auteurs s'enlisent, scénario et dessin, dans ce sujet.

  • Ulysse***

    (Les chants du retour)

    Un an après sa parution (oct. 2014), Jean Harambat a reçu le "prix de la BD historique duwebzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,ulysse,odyssée,jean harambat,actes-sud, château de Cheverny" pour "Ulysse" ; dans cette adaptation des derniers chants de "L'Odyssée", on voit Ulysse aborder enfin la terre promise d'Ithaque et reconquérir de haute lutte cette île modeste, ainsi que sa place auprès de Pénélope, qui seule ou presque avait attendu le retour du fameux héros à l'intelligence hors du commun, continuant d'y croire malgré tout.

    On peut être surpris de l'attribution d'un prix d'histoire à une BD illustrant un récit mythologique. Cependant le voyage retour d'Ulysse, guidé par la sagesse personnifiée par Athéna, évoque la manière qu'ont certaines religions ou philosophies de l'histoire de faire coïncider la fin du monde avec l'ultime sagesse ou révélation ; que l'on songe seulement à l'importance que revêt la science en Occident, au moins comme leitmotiv. D'ailleurs Achille, le "pendant" d'Ulysse, semble mû par une force plus conventionnelle, et comme dépassée. Le héros de "L'Odyssée" surpasse les héros de "L'Iliade".

    L'auteur de cette adaptation parue chez "Actes-Sud BD", passé par une "khâgne", a déclaré avoir fait le rapprochement entre le retour d'Ulysse et "Le Comte de Monte-Cristo", célèbre roman d'A. Dumas sur le thème de la vengeance. Mais il y a sans doute bien plus qu'une histoire de "come-back" vengeur dans "L'Odyssée" et, disons-le d'emblée, les comparaisons entre la culture antique et la culture bourgeoise moderne, à bien des égards sont abusives.

    La sobriété du dessin de J. Harambat convient bien à une telle adaptation, mieux que n'aurait convenu un dessin académique et virtuose suivant une mode américaine de plus en plus envahissante. Les dessins illustrant les vases grecs d'épisodes de la mythologie, homérique ou non, sont eux-mêmes d'une simplicité presque troublante, compte tenu de l'exigence artistique actuelle d'exhiber son complexe (féminin ou autre).

    La mise en images, fidèle aux chants d'Homère, est entrecoupée d'une sorte d'exégèse en bande-dessinée, tirée de Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, un historien, un libraire, etc. Et c'est là que le bât blesse, l'initiation à Homère est quelque peu entravée. Le propos frise en effet parfois la pédanterie (F. Hartog) ou la banalité (J. de Romilly).

    Bien que la bande-dessinée soit un art moderne, et "L'Odyssée" l'archétype de la poésie grecque antique, leur réunion dans un album de BD ne doit pas faire oublier le fossé qui sépare Homère de la culture contemporaine. Les ponts jetés par ces universitaires entre Homère et la littérature contemporaine, les rapprochements qu'ils tentent sont assez chimériques... surtout entre Homère et Proust !

    L'angle psychologique pour aborder la mythologie s'avère inepte (Freud a échoué à élucider un tant soit peu les tragédies de Shakespeare de cette façon).

    Autre différence remarquable : les critiques et exégètes modernes commentent abondamment fables et mythes du passé, mais les littérateurs modernes n'en produisent pas eux-mêmes.

    On retrouve donc dans les commentaires insérés entre les chants un travers ou un pli récurrent dans l'analyse universitaire moderne, qui consiste à étudier l'art et la littérature du passé à travers le prisme des valeurs actuelles. Derrière cette méthode, on devine un but ou une fonction religieuse : celle qui consiste à bâtir la légende dorée d'une culture occidentale "héritière de la culture gréco-romaine + judéo-chrétienne". Bien plus pertinentes sont les études (anti-académiques) de Nietzsche, Léopardi, voire Marx et Arendt, qui soulignent le fossé entre l'Antiquité et le monde moderne, au lieu de tout lisser sous la chappe d'une sorte de vernis culturel "bcbg".

    "Ulysse, Les Chants du Retour", par Jean Harambat, Actes-Sud BD, 2014.

  • La Cavale du Dr Destouches****

    L'acteur de théâtre et de cinéma Christophe Malavoy, scénariste de cette bande-dessinée,webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,christophe malavoy,cavale,destouches,louis-ferdinand céline,futuropolis,caricature,sigmaringen,bébert,lucette almanzor,gaetan brizzi,paul ne cache pas qu'il ambitionne à travers "La Cavale du Dr Destouches" (Futuropolis), si ce n'est de réhabiliter Céline, du moins d'en dresser un portrait plus juste. "Je me suis rendu compte que beaucoup de personnes avaient une opinion de Céline alors même qu'elles ne l'avaient pas lu, ou du bout des yeux si j'ose dire. J'ai eu le sentiment qu'elles répétaient ce qu'elles avaient entendu dire ou encore ce qu'il était "de bon ton" de dire."

    On partage avec C. Malavoy l'idée qu'une sorte de cordon sanitaire a été tiré entre Céline et le public, notamment les jeunes lecteurs, pour de mauvaises raisons et non pour empêcher la contagion de ses idées antisémites. L'apologie de la violence, par exemple, si fréquente au cinéma aujourd'hui, est une accusation que l'on ne peut pas porter contre Céline, qui souhaitait réveiller la conscience populaire, la prévenir contre les fauteurs de guerre, à quoi il assimile abusivement tous les juifs, comme la presse anarchiste assimila en d'autres temps tous les curés à des menteurs. Le procès fait à Céline est aussi le procès fait à une manière populaire d'écrire, sans prendre de pincettes. (...)

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