par LAOUBER
bande-dessinéé - Page 163
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Profilage
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La Planète des Sciences*
On observe la multiplication sur les étals des libraires des ouvrages de BD pédagogiques, mais rares sont les réussites dans ce domaine.
Paradoxalement, plus la pédagogie enfle et les moyens investis dans l'enseignement augmentent, plus le niveau scolaire diminue. Petit à petit, la méthodologie a tendance à se substituer au contenu même de l'art ou de la science enseignée.
Le premier reproche à faire à cet album de vulgarisation scientifique rédigé par Antonio Fischetti et illustré par Guillaume Bouzard est sa présentation. Au regard des explications érudites d'A. Fischetti, chercheur dans le domaine de l'acoustique et chroniqueur à "Charlie-Hebdo", G. Bouzard publie une planche de BD humoristique sur chacun des savants présentés. Outre que son humour est du niveau de l'almanach Vermot ou de Cyril Hanouna, on suggère de cette façon que la science est ennuyeuse ou amère, comme les médicaments qu'il faut enrober de sucre pour que les enfants puissent les avaler.
A priori la science est quand même un sujet beaucoup moins fastidieux que le foot ou les mangas !
- Un autre défaut, dont les auteurs essaient de se disculper dans la préface, consiste à faire passer ainsi l'histoire de la science pour une succession de découvertes géniales, à mettre au compte de génies. La pomme de Newton, les petites phrases de Galilée ou Descartes, ce sont là des images d'Epinal plus proches de la légende dorée que de l'histoire de la Science à travers ses différentes branches.
Le choix des trente-sept savants portraiturés est plus arbitraire que scientifique. On trouve pèle-mêle Pythagore, Léonard de Vinci et Emmanuelle Charpentier. On ne voit pas ce qu'ils ont de "révolutionnaires", suivant le critère en principe retenu ?
La science a d'ailleurs souvent progressé contre les institutions scientifiques elles-mêmes, et cet album ne rend pas bien compte de cet aspect.
L'ambition de cet album fait penser à celle du programme de philosophie de classe terminale, spécialité française assez ubuesque puisque il s'agit en quelques mois d'étudier LA philosophie, alors que quelques mois seraient nécessaires pour étudier chacun des trente-six auteurs figurant dans l'index des manuels. Résultat : qui trop embrasse mal étreint.
Il aurait sans doute été plus judicieux de se concentrer sur l'une des branches de la science ; qu'il s'agisse de l'astronomie, de l'archéologie ou de la médecine... le choix est large.
L'histoire de la science ou ce qui passe pour tel soulève actuellement beaucoup de questions. En effet on a vu peu à peu au cours du XXe siècle la politique se résoudre entièrement à des questions économiques, et on peut se demander si la science n'est pas désormais, de façon similaire, réduite à des questions techniques. Certains indices le laissent penser, comme la spécialisation accrue de la recherche scientifique et la ramification de la science en branches toujours plus nombreuses ; ce phénomène reflète bien plus l'organisation technocratique de la recherche qu'il n'est "scientifique" à proprement parler.
Comme certains réclament "la preuve de Dieu", les plus jeunes générations sont tentées de réclamer aujourd'hui "la preuve du Progrès" dans un monde qui semble plus en proie au chaos qu'au progrès.
La Planète des Sciences, par A. Fischetti & G. Bouzard, éd. Dargaud 2019.
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Un Anniversaire
par l'Enigmatique LB (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
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Fanzine n°68 - Février 2019
Le dernier fanzine Zébra BD & Caricature vient tout juste de paraître ! Avec des caricatures d'Adéka, Laouber, Waner, Zombi, et une revue de presse illustrée.
Pour s'abonner à ce mensuel (25 euros/an-10 n° franco de port), écrire à zebralefanzine@gmail.com
(Dessin de "Une" par Waner)
Pour lire gratuitement le précédent numéro (janvier), cliquez ici.
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Epidémie de flics
par WANER
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Le Strip de Lola
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Revue de presse BD (305)
Gilets jaunes à l'oeil, par KROKUS (aussi dans "Siné-mensuel")
+ Caméra au poing, le député F. Ruffin est allé à la rencontre des Gilets jaunes sur les ronds-points dans le but de faire un film et de comprendre ce mouvement qui a surpris plus d'un militant politique.
Il raconte dans "Les Cahiers du Cinéma" (février) avoir reçu un accueil mitigé : - Les syndicats, les politiques, on veut pas vous voir.
Et F. Ruffin de préciser : - J'ai négocié pour commencer le tournage sur un rond-point à Amiens-Nord où il y avait une situation super. Mais nul n'est prophète en son pays : ils ont voté et dit : "Non, il n'y aura pas d'images, s'il veut filmer les gens, il peut, mais seulement chez eux..." J'étais bienvenu à titre personnel mais en tant que député avec une caméra, c'était niet !
Si ce n'est sur les ronds-points, Ruffin a pu filmer certains Gilets jaunes à leur domicile.
- Dans notre film, on arrive sur une rond-point où on voit un immense portrait d'un gilet jaune. C'est le rôle de l'art : une intervention artistique qui donne une fierté aux gens, un espèce de totem qui les symbolise et qu'ils vont défendre. Mais la police a cassé cette oeuvre, c'est un autodafé artistique.
Qu'est-ce qui se passerait si j'allais à la fondation Louis Vuitton de Bernard Arnault pour casser ses oeuvres ? (...)
+ Le couple de sociologues, M. & Mme Pinçon-Charlot, auteurs d'un ouvrage sur la "violence des riches" (2013), a récemment été accusé de "richophobie" par le quotidien "Les Echos".
"Le Monde" à son tour reproche aux Pinçon-Charlot leur manque de "scientificité" (sic). A en croire l'auteur de l'article, Florent Georgesco, leurs ouvrages bafoueraient la méthode sociologique.
A propos de la richesse, Molière a produit une description psychologique d'une grande finesse puisque elle comprend la dimension métaphysique ou fantasmatique de la richesse. L'avare Harpagon ne possède pas seulement une cassette pleine d'or, il est aussi possédé par elle au point de ne plus s'appartenir, comme on disait autrefois des personnes aliénées.
Il y a là une clef importante pour comprendre la violence de la culture bourgeoise. Quelques trissotins du CNRS peuvent bien contester la scientificité de Molière, cela n'enlève rien à la justesse de sa psychologie ni à la fortune critique de Molière.
"Psikopat" d'octobre 2018 et sa couverture prémonitoire (par Carali).
+ Le magazine "Les Inrockuptibles" a demandé à Mélaka de s'expliquer sur la disparition du magazine de BD "Psikopat" qu'elle dirigeait. Il lui a demandé aussi si elle voyait des éléments positifs dans la situation actuelle de la presse écrite.
- Les éléments positifs de la disparition de la presse ? Euh, toute la pollution en moins ? Les routes débarrassées d'un certain nombre de camions ? La possibilité d'avoir les mêmes plaisirs de lecture, mais en dématérialisé ? Par sa tablette, son portable ? Consultable partout, tout le temps ? Non contingenté par aucune contrainte physique ? (...)
- Pour moi, c'est clair, la presse papier n'a pas d'avenir.
Les propos de Mélaka trahissent une forme de dégoût de la chose imprimée. Internet est placé au banc des accusés comme à chaque fois que l'on évoque la faillite de la presse écrite. En réalité la presse écrite était déjà morte avant la naissance d'Internet. Comment reprocher le désintérêt pour "la vie démocratique" aux Français quand il n'y a plus qu'un cadavre agité par des poulies et des courroies de transmission en fait de "vie démocratique" ?
(Hommage par Fred Sochard)
+ Le grand Tomi Ungerer est mort cette semaine dans son sommeil à l'âge de 87 ans. Grand, Ungerer l'était par la taille, mais surtout par la renommée puisqu'il était considéré comme l'un des deux ou trois meilleurs illustrateurs de livres pour enfants en activité. Les catholiques, les protestants, les Français, les Irlandais, les européistes et les érotomanes revendiquent déjà son héritage.
Ce qui n'est pas donné à tous les dessinateurs en vieillissant, Ungerer a pu s'adonner à son art jusqu'à la fin. Il venait juste de s'épancher dans une longue interview donnée à "Libération".