par PLOUM-PLUM (nouvelle rubrique hebdo)
miro
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Cigogne.com
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Revue Dada-Hergé**
La revue «Dada» s’efforce de mettre à la portée du jeune public l’art -contemporain notamment-, à travers ses représentants les plus fameux : Magritte, Klee, Warhol, Dali, etc.
Le n°213 traite d’un cas particulier, Hergé en l’occurrence (Georges Rémi de son vrai nom), dont l’œuvre est d’abord destinée à divertir le jeune public en lui inculquant certaines valeurs. En effet les enfants connaissent bien les aventures de «Tintin et Milou», qui sont toujours largement diffusées grâce aux efforts de la société Moulinsart pour empêcher que Tintin ne se démode (en vendant par exemple les droits d’adaptation à un producteur de cinéma américain).
Si elle n’a pas la même envergure commerciale que les studios Disney aux Etats-Unis, l’entreprise de Hergé et ses mentors, amis, employés, parents, confrères, est néanmoins en beaucoup de points comparable à celle du cousin d'Amérique. La rédaction de «Dada» fait pénétrer ses lecteurs dans les coulisses des studios Hergé, maison familiale où le père d’Hergé travailla comme archiviste et où cet artiste-entrepreneur fera la connaissance de sa deuxième femme, embauchée comme coloriste.
« La bande-dessinée est le dessin-animé du pauvre » : cette comparaison est parfois jugée vexante, mais elle a le mérite de rendre compte d’une réalité économique et artistique. La «ligne claire», expression utilisée pour décrire le style de dessin mis au point par Hergé, est bel et bien une méthode cinématographique, qui s’avère particulièrement adaptée au public enfantin et explique le succès mondial de la série auprès de celui-ci.
"Dada" cite Hergé : «Mon tout premier objectif, c’est de raconter une histoire, et de la raconter clairement.» La ligne claire est un principe de composition, un principe narratif.
Les aspérités de la biographie d’Hergé (qui fut toujours un artiste « sous influence ») ont été gommées pour faire place à un aspect méconnu : le collectionneur d’art moderne, admirateur de Miro, Poliakoff, Fontana, mécène d’une galerie d’art bruxelloise. Ce violon d’Ingres permettait à Hergé d’échapper aux contraintes de la bande-dessinée et de rêver à une carrière d’artiste plus indépendant.
Le nom d’Hergé vient s’ajouter à la longue liste des artistes modernes que le succès n’a pas suffi à contenter : mais cette histoire n’a pas été jugée digne de figurer dans une revue d’art pour enfants.
« Hergé », revue Dada n°213, octobre 2016, 7,90 euros.
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Revue de presse BD (114)
+ Ci-dessus : la rentrée littéraire vue par l'illustrateur franco-québécois Tiffet ("Le Devoir").
+ L'Etat portugais envisage de se renflouer en vendant une petite centaine de toiles de Miro. La France pourrait peut-être en faire autant en vendant le Sacré-Coeur ou l'Opéra Garnier à des fonds de pension japonais ? L'Etat, qui est lui-même une fiction ou une oeuvre d'art abstrait, intervient souvent en faveur de l'art et des artistes : quoi de plus normal que l'art lui rende, quand c'est nécessaire, la monnaie de sa pièce ?
+ Une société de location de bureaux (Domaine des entrepreneurs) organise un concours de BD sur le thème du "coworking" (un seul bureau pour plusieurs ronds-de-cuir), avec à la clef un contrat portant sur 12 planches (jusqu'à fin sept.)
+ Les supermarchés Aldi ont retiré de leurs rayons "Revolting Rhymes", recueil de parodies de contes par Roald Dahl, après que des clients ont dit avoir été choqués par l'emploi du terme "slut" dans la parodie de Cendrillon. Ainsi que le précise le webzine "Actualitté", "slut" peut se traduire par "salope", mais aussi par "souillon". Comme dit le proverbe : "Le client est roi des cons."
+ Short-Edition, maison spécialisée comme son nom l'indique dans la publication de courts poèmes, nouvelles et BD, organise chaque saison un concours dans chaque catégorie. Philgreff (Zébra 7 & 8) participe à la compet' d'automne avec "Avec un simple crayon". Scrutin ouvert jusqu'au 22 sept.
+ Tandis que Finkielkraut dénigre la BD sur "France-Culture", "France-Inter" propose "Pop-Fiction", une nouvelle émission qui fait l'apologie de la culture de masse industrielle et commerciale et consacre quelques minutes à la BD. "Pop-Fiction" s'efforce de donner des lettres de noblesse à la culture de masse : des universitaires sont invités à disserter sur les séries TV et les super-héros, on fait référence à des philosophes fameux, Tintin est comparé au Talmud, et la production pléthorique d'albums de BD est présentée comme un signe de bonne santé (D. Pasamonik). "Pop", comme "populaire" est mensonger, puisque la culture de masse est produite par les élites économiques et politiques. La référence à la fiction est révélatrice, en revanche, puisque les partis et mouvements populistes s'ordonnent toujours autour d'une fiction, tandis que la culture populaire est plus satirique ou réaliste.
+ Le dessin du jour est un cartoon de Mark Anderson :