
+ Le père de "Mafalda", le caricaturiste argentin Quino, s'est éteint à 88 ans. Il avait cessé de dessiner ce comic-strip qui l'a rendu célèbre dès le début des années soixante-dix.
Le comique de Mafalda tient largement à ce que cette fillette boulotte exprime les opinions de l'homme mûr qui la dessine, en décalage avec son âge. Mafalda, dont le style imite les "Peanuts" de C. Schultz (Snoopy) avait d'abord été conçue pour une marque d'appareils électro-ménagers.

+ L'intellectualisme est le mal du siècle ; en art il se traduit par la sophistication du commentaire, si ce n'est de l'oeuvre d'art elle-même.
Picasso, dont nul ne songe sérieusement à contester le talent, tenait parallèlement à son art un discours intellectuel assez vaniteux, tenant à passer pour un "artiste engagé" (au service de Moscou), bien que sa peinture fut aussi appréciée par quelques officiers cultivés de la Wehrmacht pendant l'Occupation.
Au bout du compte, le commentaire et le commentateur finissent par éclipser l'art et l'artiste. On en veut pour preuve cet énième colloque sentencieux sur la BD au Collège de France (7 oct.-10 déc.), sous la houlette de B. Peeters.

+ L'armée française s'intéresse aussi à la bande dessinée. Ce n'est pas nouveau, puisque l'héroïsme militaire est exalté dans de nombreuses séries de BD franco-belges.
Un, ou plutôt deux prix, "Les Galons de la bande dessinée", seront ainsi décernés (de 6.000 et 3.000 euros) à des créations récentes et originales... sur des thèmes militaires ça va sans dire (lancement le 5 oct.).
Il n'est pas précisé si le ton antimilitariste façon "Charlie-Hebdo" est proscrit.
Il est à noter que la question du génocide au Rwanda en présence des forces de l'Onu, dans une partie de l'Afrique sous surveillance française, a été récemment abordée dans une bande dessinée ("La Fantaisie des Dieux", 2014, eds Les Arènes-BD).

+ Ben Laden fera-t-il un jour l'objet d'un culte comme son "alter ego" anti-impérialiste Ernesto Guevara ? Le sujet de la double exaltation/condamnation du terrorisme dans la culture bourgeoise semble plus d'actualité que le cadavre du "Che", qui fait néanmoins l'objet d'une énième BD biographique ("Che", ed. Librairie Vuibert, traduite de l'anglais).
Le charisme des terroristes excède celui des soldats en uniforme, et il est commun à toutes les idéologies modernes qui exaltent leurs saints laïcs plus ou moins légendaires.
mécontenta à peu près tout le monde. Nombre d’admirateurs de Crumb, en effet, comme celui-ci avait produit pas mal de BD et de dessins polissons, le croyaient plutôt sectateur de Satan, et ils furent déroutés par tant d’éclectisme de la part de ce maître de l’underground. Quant à certains dévots catholiques, jugeant au contraire le dessin de Crumb d’une laideur démoniaque, ce travail les laissa, si ce n’est outragés, du moins fort dubitatifs (je me réfère à quelques critiques lues ici ou là).