Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

peeters

  • Revue de presse BD (371)

    webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,caricature,dessin,presse,revue,hebdomadaire,actualité,septembre,2020,mafalda,quino,argentin

    + Le père de "Mafalda", le caricaturiste argentin Quino, s'est éteint à 88 ans. Il avait cessé de dessiner ce comic-strip qui l'a rendu célèbre dès le début des années soixante-dix.

    Le comique de Mafalda tient largement à ce que cette fillette boulotte exprime les opinions de l'homme mûr qui la dessine, en décalage avec son âge. Mafalda, dont le style imite les "Peanuts" de C. Schultz (Snoopy) avait d'abord été conçue pour une marque d'appareils électro-ménagers.

    webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,caricature,dessin,presse,revue,hebdomadaire,actualité,septembre,2020,mafalda,quino,argentin,collège de france,colloque,intellectualisme,peeters,armée,galons,charlie-hebdo,onu,rwanda,che guevara,ben laden

    + L'intellectualisme est le mal du siècle ; en art il se traduit par la sophistication du commentaire, si ce n'est de l'oeuvre d'art elle-même.

    Picasso, dont nul ne songe sérieusement à contester le talent, tenait parallèlement à son art un discours intellectuel assez vaniteux, tenant à passer pour un "artiste engagé" (au service de Moscou), bien que sa peinture fut aussi appréciée par quelques officiers cultivés de la Wehrmacht pendant l'Occupation.

    Au bout du compte, le commentaire et le commentateur finissent par éclipser l'art et l'artiste. On en veut pour preuve cet énième colloque sentencieux sur la BD au Collège de France (7 oct.-10 déc.), sous la houlette de B. Peeters.

    webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,caricature,dessin,presse,revue,hebdomadaire,actualité,septembre,2020,mafalda,quino,argentin,collège de france,colloque,intellectualisme,peeters,armée,galons,charlie-hebdo,onu,rwanda,che guevara,ben laden

    + L'armée française s'intéresse aussi à la bande dessinée. Ce n'est pas nouveau, puisque l'héroïsme militaire est exalté dans de nombreuses séries de BD franco-belges.

    Un, ou plutôt deux prix, "Les Galons de la bande dessinée", seront ainsi décernés (de 6.000 et 3.000 euros) à des créations récentes et originales... sur des thèmes militaires ça va sans dire (lancement le 5 oct.).

    Il n'est pas précisé si le ton antimilitariste façon "Charlie-Hebdo" est proscrit.

    Il est à noter que la question du génocide au Rwanda en présence des forces de l'Onu, dans une partie de l'Afrique sous surveillance française, a été récemment abordée dans une bande dessinée ("La Fantaisie des Dieux", 2014, eds Les Arènes-BD).

    webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,caricature,dessin,presse,revue,hebdomadaire,actualité,septembre,2020,mafalda,quino,argentin,collège de france,colloque,intellectualisme,peeters,armée,galons,charlie-hebdo,onu,rwanda,che guevara,ben laden

    + Ben Laden fera-t-il un jour l'objet d'un culte comme son "alter ego" anti-impérialiste Ernesto Guevara ? Le sujet de la double exaltation/condamnation du terrorisme dans la culture bourgeoise semble plus d'actualité que le cadavre du "Che", qui fait néanmoins l'objet d'une énième BD biographique ("Che", ed. Librairie Vuibert, traduite de l'anglais).

    Le charisme des terroristes excède celui des soldats en uniforme, et il est commun à toutes les idéologies modernes qui exaltent leurs saints laïcs plus ou moins légendaires.

  • Le Sacre de la Bande-dessinée

    Si ce numéro de l'épaisse revue "Le Débat" (mai-août 2017), intitulé "Le sacre de la bande-dessinée", prouve webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,le débat,gallimard,sacre,groensteen,dagen,mouchart,peeters,nathalie heinich,hergé,rémi brague,jean-luc marion,artificationbien une chose, c'est l'intellectualisme ambiant.

    Outre les thuriféraires professionnels habituels de la bande-dessinée que sont T. Groensteen, B. Mouchart ou B. Peeters, le sommaire de "Le Débat" regroupe en effet quelques universitaires polyvalents, tels que Rémi Brague ou Jean-Luc Marion, des chercheurs au CNRS, un ex-politicien (Hubert Védrine), des critiques d'art (Philippe Dagen, Fabrice Piault) - ainsi que quelques autres plumitifs, journalistes ou romanciers.

    D'emblée il saute aux yeux que, contrairement à Napoléon, les auteurs de BD ne sont pas assez fortiches pour se coiffer eux-mêmes de la couronne. En effet, Jacques Tardi est le seul auteur qui participe à cette cérémonie, et encore, c'est pour notifier son désintérêt : - ça m'indiffère totalement, même si, à mon avis, le but d'une bande-dessinée est d'être imprimée et lue dans un livre ou un journal et pas d'être exposée sur un mur. Présenter des planches comme des oeuvres d'art flatte peut-être certains auteurs en quête de reconnaissance, mais ça ne m'intéresse absolument pas.

    Comme Tardi est poli, il n'envisage que la flatterie, sans mentionner l'aspect mercantile, pourtant caractéristique de la production d'oeuvres d'art contemporaine, bien au-delà de la seule bande-dessinée. Quelle production se prête mieux à la spéculation financière que la production artistique ? Aucune, car la valeur de l'art aujourd'hui est on ne peut plus incertaine. En atteste le triplement récent des bénéfices sur le marché de l'art, au point que l'on peut parler (sans jeu de mots) de "bulle spéculative" dans ce domaine. Les artistes et leurs producteurs joueront-ils un rôle déclencheur dans la prochaine crise mondiale et ses dommages collatéraux (guerres civiles, famines, génocides, terrorisme) ?

    La spéculation est caractéristique -ô combien- du génie ultra-moderne. Il aurait ainsi convenu de se demander plus précisément, pour éviter des digressions oiseuses, si la BD est un art spéculatif, et dans quelle mesure ?

    Le débat, qui selon l'apparence constitue la raison sociale de cette revue, est hélas à peu près absent de ses pages, qui relatent de façon très séquentielle et narrative comment les auteurs de bande-dessinée sont devenus des gens respectables en dépit de leur inaptitude atavique à se vêtir convenablement et s'exprimer sans fautes d'orthographe.

    Pourquoi la bande-dessinée est-elle soudain en odeur de sainteté ? Est-ce dû à la disparition de toute forme d'esprit critique dans la société de consommation, ou bien à une autre raison ? On aurait pu se poser la question, laisser des avis divergents s'exprimer. Quelques réserves anciennes, ça et là, sont bien évoquées, mais c'est pour les qualifier aussitôt de "caduques". Comme la plus pertinente de ces critiques fait le lien entre la bande-dessinée (et le cinéma) et la "culture de masse", stigmatisant celle-ci comme un phénomène totalitaire, doit-on en déduire que la critique du totalitarisme est caduque ?

    On aurait pu aussi relever que la bande-dessinée à l'usage du jeune public ("Tintin") se prête particulièrement au jeu de "l'artification" de la BD, pour reprendre l'expression hideuse de la sociologue Nathalie Heinich (la laideur de son vocabulaire est le principal gage de sérieux de la sociologie). C'est probablement dû à la sophistication des moyens mis en oeuvre dans ce genre destiné aux enfants où l'ellipse n'est pas permise. Si la ligne de Hergé est "claire", c'est surtout du point de vue du récit, exempt de "second degré" ; celui-ci est caractéristique au contraire des ouvrages humoristiques, ou encore des fables mythologiques, tandis que les "aventures de Tintin" sont dépourvues de ce relief. Qu'elle ait un ressort "inconscient" n'indique absolument pas la profondeur du travail d'Hergé.

    Encore une fois, ce numéro est un numéro d'intellectuels, et il en dit plus long sur le rôle de l'intellectuel (prolongeant celui du prêtre) dans la société moderne, que sur la bande-dessinée elle-même. Sur la valeur et les limites du genre de BD qu'il pratique, le propos assez pragmatique de J. Tardi est le plus éclairant.

    En feuilletant ces pages, on peut se laisser aller à son tour au jeu de la remise des prix ou des titres, dont les intellectuels sont friands :

    - "Tintin, ce n'est pas rien !" (Rémi Brague) : Prix de la "ligne claire" pour ce titre-coup de bluff.

    - "Cette déflation de la chasse au bijou (au trésor) disparu, où le vol n'est plus réel mais apparent, se marque par la déflation parallèle de la chasse aux voleurs (...)" (Jean-Luc Marion) : Prix "Alcofribas Nasier" de la tournure amphigourique destinée à camoufler l'indigence du propos.

    - "Chez Hergé, l'histoire reste un cadre, pas un matériau, comme elle l'est chez Jacobs [?] et d'autres plus proches de l'esprit d'Alexandre Dumas [?], ce géant, dans "Les Trois Mousquetaires" (Hubert Védrine) : Prix de l'euphémisme, puisque Tintin est aussi éloigné de l'histoire que l'est la propagande politique.

    - "Dans les bibliothèques publiques les plus récentes, la bande dessinée occupe une place de choix. Avec environ 20% des prêts, elle a la réputation non usurpée d'une star des bibliothèques publiques - à tel point que le terme de "produit d'appel" a parfois été prononcé à son sujet." (Antoine Torrens) : Prix "Angoulême" du plus bel emballage.

    Etc.