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shakespeare - Page 6

  • Stalag IIB**

    Jacques Tardi s’est attelé à la tâche ardue de rendre intéressants les souvenirs d’un ancien combattant,fanzine,zébra,bd,bande-dessinée,critique,kritik,jacques tardi,stalag iib,zombi,critique,kritik,drôle de guerre,char,céline,shakespeare,homère,casterman,xavier guibert,guerre d'alan,gi son propre père, enrôlé dans un régiment de char français en 40. Comme l’auteur se plaint lui-même d’avoir subi, enfant, les radotages plein d’amertume de son paternel, le moins qu’on puisse dire est qu’il avait conscience du défi qu’il se lançait… et qu’il n'est pas parvenu à relever.

    Dans «Stalag IIB», l’auteur s’est en outre représenté, en train d’accoucher son père au fil des pages de ses souvenirs d’un passé pénible, jouant de l'effet de voyage dans le temps permis par la fiction, qui permet de "repasser les plats", au contraire de l'Histoire. L’idée est originale et intrigante au départ, mais on peut prendre ensuite le déroulé de ce dialogue entre un père en tenue de soldat et un fils en tenue d'écolier, pour une sorte de règlement de compte psychanalytique, où le décor historique n’est plus qu’un prétexte.

    A mon sens, le lien du sang gâche la peinture d'histoire. Dans le même genre, l’accouchement d’un ancien GI américain par Emmanuel Guibert («La guerre d’Alan») était mieux réussi, le témoignage plus intéressant car plus large.

    La haine des Boches du père de Tardi, par exemple, était-elle représentative du sentiment populaire, des types embringués malgré eux dans une aventure dont le plan général de concurrence entre nations industrielles les dépassait? Ou bien cette haine n'était que le moyen que le père de Tardi avait trouvé pour se galvaniser contre l’atmosphère délétère des camps de prisonniers, comme d’autres choisissaient la belote, ou le souvenir émue d'une fiancée.

    On ne peut s’empêcher, d'ailleurs, quand on a lu Céline et ces deux romans complémentaires que sont «Le Voyage» et «Mort à Crédit», de comparer. Et de conclure que Tardi est loin d'atteindre la dimension historique du diptyque de Céline, qui trouve dans la folie guerrière nationaliste la force de témoigner contre elle, et de dissuader les milieux populaires de gober les grands plans de paix internationaux. L’expérience militaire du père de Tardi et l’antimilitarisme de son fils Jacques se confrontent, mais ne sortent pas renforcés l’un de l’autre. On pourra dire de Jacques Tardi qu'il a les mains pures parce qu'il n'a pas de mains. De son père qu'il est un salaud et un con, mais qu'il ne faisait qu'obéir à l'injonction sanguinaire du pouvoir républicain. Tandis que Céline a mis un terme à l'art républicain: il s'est vengé de la civilisation et de l'élite. L'art républicain en principe continue; mais plus personne de sincère ne continue d'y croire. Les auteurs de BD se torchent avec la légion d'honneur.

    La partie de «Stalag IIB» la plus réussie est le préambule où les Tardi narrent ensemble «la drôle de guerre», défaite éclair de l’armée française face aux troupes allemandes, prompte mais suffisamment longue pour permettre à Tardi-père d’éviscérer à coups de canons quelques-uns de ces Boches qu’il exécrait, avant d’être fait prisonnier.

    Stalag IIB - Jacques Tardi - Casterman - 194p.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

  • Revue de presse BD (28)

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    + Sur l'affiche du prochain festival d'Angoulême (janvier 2013), Jean-Claude Denis a dessiné les cratères de la lune en forme de héros de bande-dessinée. Didier Pasamonik, du site belge "Actuabd", sous un titre un peu pompeux ("Entre classiques et avant-garde"), souligne que cette manifestation réunit les producteurs de la BD la plus commerciale (A. Uderzo est cette année à l'honneur), et la moins commerciale d'autre part. Pour l'instant, les auteurs de BD "indépendante" n'ont pas encore fichu en l'air le festival d'Angoulême, comme Godard, Truffaut et Malle en 1968 le Festival de Cannes.

    + Le salon du livre et de l'édition jeunesse de Montreuil se tient en ce moment, jusqu'au 3 décembre. Quand on y pense, c'est un truc très bizarre, pour ne pas dire autre chose, qu'une littérature ou un genre littéraire spécialement fait pour les enfants (spécialisation qui date du XIXe siècle) ; les meilleurs auteurs de contes, qui ont souvent mis par écrit la tradition orale populaire, comme Charles Perrault, n'ont pas de cible-marketing.

    Si "la vérité sort de la bouche des enfants", est-ce que ça signifie qu'à la foire aux livres pour adultes, on ne vend que des bobards ?

    + La BD au Goncourt ? Pourquoi pas, vu que le prestigieux "Booker Prize" anglo-saxon n'exclut pas d'inclure la BD prochainement dans ses choix, et qu'en matière de littérature les Britanniques tiennent le haut du pavé depuis Shakespeare. A dire vrai, ça n'étonnerait guère qu'A. Finkielkraut : Michel Houellebecq et Moebius, pour moi, c'est du pareil au même. En outre, c'est toujours en retournant à la source de la culture populaire que les élites culturelles ont évité par le passé le dépérissement : mettez dix intellectuels ensemble et leur passion du langage fait qu'en très peu de temps ils ne se comprendront plus entre eux et rejoueront "Vol au-dessus d'un nid de coucous."

    + A propos de Moebius, s'ils ne le connaissent déjà, les fans de Giraud apprécieront peut-être le site abondamment illustré de Denis Bodart, qui fournit plein d'exemples d'encrages contrastés à la manière de Giraud, Gillain ou Caniff.

    + Le dessin de la semaine est de Chapatte (du quotidien hélvète le "Temps"), dans le cadre d'une campagne contre le racisme :

    (Zombi)

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