La Semaine de Zombi. Vendredi.
fanzine - Page 185
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Caricature Pétain-Zemmour
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Revue de presse BD (291)
+ Certains lecteurs de la presse satirique expriment la nostalgie du temps où Cabu, Wolinski, Reiser, Siné, Gébé, dessinaient encore, et déplorent la fadeur de la presse satirique actuelle. D'autres rétorquent qu'il y a encore de très bons dessinateurs en activité.
La question du niveau technique des uns et des autres est sans doute secondaire ; on peut tout de même dire que le talent de reporter de Cabu est supérieur ; quel caricaturiste est capable de caricaturer, non pas seulement telle ou telle grosse légume, mais une ville entière et ses habitants, comme Cabu l'a fait avec Paris ?
Il faut d'abord tenir compte d'un contexte politique -la Ve République-, particulièrement défavorable à la liberté de la presse. Certains signes ne trompent pas, comme la rapidité et l'efficacité des pouvoirs publics, de gauche comme de droite, à colmater les brèches dès qu'il y en a - naguère les radios libres, aujourd'hui internet.
Par conséquent l'aventure de "Charlie-Hebdo" est unique et implique une audace exceptionnelle de la part de ses inventeurs, Cavanna et Choron - non seulement du talent.
La différence entre la première mouture de "Charlie-Hebdo" et la seconde est celle qu'il y a entre Elvis Presley et Johnny Hallyday, c'est-à-dire entre la contre-culture et la contre-culture digérée et assimilée par la culture dominante et ses "intellos de service", jouant le rôle d'enzymes gloutons.
Ce n'est pas seulement rendre hommage aux pionniers que de souligner cette différence entre eux et leurs héritiers : cela permet de mieux comprendre la manière dont la culture bourgeoise se défend contre les attaques dont elle est la cible.
+ Après Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, c'est au tour de Luz et Philippe Lançon, choqués ou grièvement blessé par la fusillade à la rédaction de "Charlie-Hebdo" de publier leurs témoignages. A croire que les gens heureux n'ont rien à dire...
Philippe Lançon (journaliste à "Charlie" et "Libération") vient de recevoir le prix Fémina pour "Le Lambeau", récit de sa pénible convalescence. Il s'est déplacé pour recevoir le prix en mains propres. A en croire P. Lançon : "L'esprit critique (...), la caricature, tout cela est bien vivant". Cela sonne un peu comme un "Allahou Akbar !" germanopratin.
A propos de "Le Lambeau", le club des lectrices (en décolleté) du "Figaro" a rendu son verdict.
Yves Chaland vu par C. Berbérian.
+ Les BD d'Yves Chaland, auteur du "Jeune Albert", en disent plus long sur la BD franco-belge qu'une longue thèse fastidieuse et hagiographique. Suivant le procédé du pastiche qui consiste à caricaturer le style d'un auteur, Y. Chaland souligne les stéréotypes d'un genre destiné aux enfants, dont Hergé est considéré comme le maître.
Chaland se plaît ainsi à souligner le décalage radical avec la réalité de ces récits ; c'est probablement ce qui plaît aux jeunes enfants, mais on peut s'interroger sur l'intention des adultes qui ont conçu cette culture et sa portée éthique.
Chaland souligne aussi, avec son trait de designer automobile, plus maniaque encore que celui de Hergé, l'arrière-plan industriel de cette culture. Chaland n'a pas été publié dans "Métal Hurlant" pour rien !
TV7 Bordeaux diffuse un long documentaire sur Yves Chaland (2018). En dépit du ton proustien ou dévot d'Avril Tembouret, son auteur, ce documentaire éclaire plusieurs aspects de la personnalité et de l'oeuvre de cet auteur, via ceux qui l'ont côtoyé ou qu'il a influencés (F. Margerin, F. Avril, C. Berbérian, Zep, B. Poelvorde...).
On pourrait croire en le lisant que Yves Chaland tente de s'évader de la BD et de son horizon fictif.
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Caricature Emmanuel Macron
La Semaine de Zombi. Jeudi.
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Caricature Benalla
Caricature de WANER (à lire aussi dans Siné-Mensuel)
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Caricature Philippe Lançon
La Semaine de Suzette Zombi. Mardi : Il n'y a pas que les chats qui retombent toujours sur leurs pattes - les journalistes aussi !
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Revue de presse BD (290)
+ Chaque mois d'octobre depuis quelques années, un petit défi oppose sur Twitter les dessinateurs amateurs (et quelques pros) du monde entier. Il s'agit de "poster" chaque jour un dessin à l'encre accompagné du "hashtag" #inktober.
Nous avons remarqué cette année les dessins teintés d'humour noir de Martin Singer (ci-dessous). Ou encore ceux de Wilbur Dawbarn ("Private Eye") (un peu plus bas).
Martin Singer
Wilbur Dawbarn
+ Luz a démissionné de "Charlie-Hebdo" (pour les raisons que l'on sait), mais ne quitte plus l'étalage des libraires et revient avec un album, "Indélébiles", où il retrace ses années passées à dessiner à "Charlie-Hebdo".
Aux "Inrocks" il a dit :
"(...) être dessinateur à Charlie ressemblait à un truc d’écoliers. On parle de gens qui ont des cartables, des cartons à dessin, qui sortent des trousses, gomment, collent. Il y a quelque chose de très étrange liée à une espèce d’enfance dont on ne veut pas complètement s’extraire. Mais ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas raconter des choses adultes."
+ Vainqueur du prix du fanzine décerné au Festival d'Angoulême en 2015 avec "Dérive urbaine", Boris Hurtel et une équipe de dessinateurs viennent de publier un gros volume intitulé "Francette" (éd. Une autre Image).
Il s'agit de tranches découpées dans la vie de Francette, dont Boris Hurtel a recueilli le legs involontaire sous la forme d'un paquet de vieilles photos jaunies et de lettres destinées à la décharge ; en effet feue Francette est morte sans laisser d'héritier et aurait dû emporter ses souvenirs avec elle.
Chaque dessinateur traite un aspect de la vie de Francette ; forcément c'est un peu artificiel, mais paradoxalement plein de couleurs. Cela m'a fait penser à un ami (encore vivant) qui préfère de loin les enterrements aux noces.
Si je ne m'abuse, c'est le premier cas de thanato-bande dessinée.
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Caricature Cédric Villani
La Semaine de Zombi. Mercredi : Certains croient que les maths modernes parlent de l'univers, en réalité il parlent de l'homme et de son néant profond.