L'humour noir de Riss dans "Charlie-Hebdo".
+ Le confinement obligatoire est propice à la réflexion... à condition de couper radio et télévision où pléthore d'intellectuels se sont donné rendez-vous pour débattre entre eux et contaminer leurs concitoyens avec leurs truismes et leurs paradoxes.
L'auguste Luc Ferry, empereur de la pensée positive, estime ainsi que "les lois du darwinisme sauveront le capitalisme et il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure."
L'intellectualisme est à la science ce que le capitalisme est à l'économie. Quel que soit l'objet de son exposé, l'intellectuel nous parle encore et toujours de lui.
+ Plus terre-à-terre, "Charlie-Hebdo" (8 avril) s'est penché sur la situation sanitaire des détenus de la prison de la Santé en interviewant son médecin-chef (Benjamin Silbermann) :
- Le travail des détenus se poursuit-il à la Santé ?
- Oui, et notamment parce que la prison ne pourrait pas tourner sans ceux que l'on appelle les "auxiliaires" : ménage, cuisine, buanderie... Les repas ne sont pas servis dans un grand réfectoire, comme dans les films, avec les mecs qui s'égorgent. Chacun le prend dans sa cellule, donc il faut le lui amener, c'est du boulot, tout ça. Et vous savez, les oignons tressés que vous trouvez sur les marchés ? Ils sont faits en prison. Et ça aussi, pour le moment, ça continue.
- Quel est votre principale crainte ?
- L'hospitalisation. Même si nous sommes trois médecins et six infirmières à la Santé, en cas de détresse respiratoire aiguë, on ne peut rien faire. Or un détenu, à l'hôpital, ça nécessite une lourde procédure, une "garde statique", c'est-à-dire deux flics devant sa chambre. Les hôpitaux sont déjà engorgés, ce serait ingérable, vous imaginez, s'il y a des flics dans le couloir, les infirmières et les médecins ne pourront plus passer, les policiers vont choper le virus, etc. Le cauchemar !
(...) Pensez-vous que cela va conduire à un autre regard sur la prison ?
Je n'en sais rien. Pour moi, la prison - mis à part pour quelques cas comme Fourniret et les terroristes - ne sert à rien. (...)
Conclusion : en définitive les frères Kouachi ont peut-être eu de la chance de se voir infliger la peine de mort...
Dessin de Berth paru sur le site de "Siné-Mensuel", absent des kiosques pendant le confinement.
+ "Siné-Mensuel" est absent des kiosques en ce mois d'avril. Les finances de ce mensuel sans pubs ni subventions sont précaires ; "Charlie-Hebdo" et le "Canard enchaîné" sont eux aussi indépendants de la "manne" publicitaire, mais indirectement subventionnés par les bibliothèques municipales, presque toutes abonnées à ces hebdos, ce qui n'est pas le cas de "Siné-Mensuel".
A propos de bibliothèques, on pourrait en cette période de confinement, pour éviter les embouteillages, les réserver aux seuls lecteurs et livres.