Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

henri viii

  • Revue de presse BD (304)

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019

    Dessin par Th. Soulcié dans "Télérama" (ancien lauréat du Trophée Presse-Citron).

    + Les festivals autour de la caricature et de l'humour sont nombreux où les professionnels s'auto-congratulent plus ou moins et vendent leurs bouquins aux amateurs du genre. Le Trophée "Presse-Citron" est plus original, qui est décerné chaque année à un caricaturiste débutant par un jury nombreux composé des meilleurs dessinateurs français (assorti d'un prix de 800 euros).

    Cette expo-concours est organisée par les étudiants de l'école Estienne (de graphisme) dans le cadre d'une semaine du dessin de presse à la BNF (25 mars) ; on peut ajouter qu'elle est organisée dans l'indifférence de la presse écrite, qui semble se désintéresser de cet événement, tandis que la plupart des lauréats des concours de BD voient leurs planches publiées dans les journaux ?

    Les dessinateurs doivent expédier leurs dessins aux organisateurs avant le 15 mars - règlement complet sur le site dédié.

    + Les auteurs de BD se plaignent depuis quelques années des conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles ils exercent leur métier, le fisc a en outre récemment augmenté leur taux d'imposition. Pourtant on ne les a pas vu manifester parmi les Gilets jaunes ; peut-être parce que beaucoup sont écologistes et ne possèdent pas d'automobile ?

    Cependant le scénariste de BD François Bégaudeau fait parler de son essai intitulé "Histoire de ta bêtise" (éd.webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019,presse-citron,bnf,estienne,caricature,trophée,thibaut soulcié,gilets jaunes,françois bégaudeau,bourgeoisie,populisme,élitisme,marx,rodolphe urbs,portrait,10point15 Pauvert). Issu d'un milieu modeste, Bégaudeau croit reconnaître le mépris bourgeois dans l'hostilité médiatique aux Gilets jaunes.

    La bourgeoisie s'est fait beaucoup d'ennemis ; non seulement le prolétariat communiste mais aussi les milieux artistiques, dont l'industrialisation heurtait la sensibilité. On peut considérer la télévision comme le symbole du triomphe de la culture bourgeoise.

    N'ayant pas lu ce Bégaudeau, on se contentera de commenter ici sa remarque judicieuse selon laquelle le "populisme" n'existe pas, c'est-à-dire que ce terme est vide de sens (1'35'').

    Cette remarque mène au constat plus général de l'hyper-élitisme de la bourgeoisie, que d'autres observations confirment. Autrement dit, l'appartenance à un milieu social modeste ou pauvre est devenue plus "honteuse" qu'elle n'était sous l'Ancien régime.

    Cet hyper-élitisme, admis souvent dans les milieux populaires eux-mêmes du fait qu'ils sont astreints à la scolarité obligatoire, est présenté de façon positive à travers la "méritocratie". Si l'on examine de près cette notion de mérite et d'effort, on s'aperçoit qu'elle est très vague. Le prestige de l'argent a remplacé celui de la naissance.

    La critique par Marx de l'élitisme bourgeois conserve toute son actualité. Elle démontre que la religion de l'Etat moderne est la religion monothéiste des élites bourgeoises occidentales et le Travail son Saint-Sacrement.

    Sous un angle très différent de Nietzsche (réactionnaire), Marx souligne l'irrationalité et le mysticisme de la culture bourgeoise, à l'encontre des slogans de la bourgeoisie qui se veut "séculière & rationnelle".

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019,presse-citron,bnf,estienne,caricature,trophée,thibaut soulcié,gilets jaunes,françois bégaudeau,bourgeoisie,populisme,élitisme,marx,rodolphe urbs,portrait,10point15

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019,presse-citron,bnf,estienne,caricature,trophée,thibaut soulcié,gilets jaunes,françois bégaudeau,bourgeoisie,populisme,élitisme,marx,rodolphe urbs,portrait,10point15

    + "J'étais issu d'une famille et d'un milieu "petit bourgeois" où les gens voulaient mourir pour le peuple mais surtout pas vivre avec."

    Le webzine "10point15" dresse le portrait du caricaturiste-libraire Rodolphe Urbs ("Canard Enchaîné", "Marianne", "Sud-Ouest"...).

    webzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2019,presse-citron,bnf,estienne,caricature,trophée,thibaut soulcié,gilets jaunes,françois bégaudeau,bourgeoisie,populisme,élitisme,marx,rodolphe urbs,portrait,10point15,maurice tournier,cnrs,jaune,symbolisme,rouge,ouvrier,traître,henri viii,anne boleyn

    + "L'Histoire des mots n'est pas qu'un jeu de forces subconscientes." : Maurice Tournier, chercheur au CNRS, explore dans un long article paru en 1984 le symbolisme de la couleur jaune.

    Si la traîtrise des "Jaunes" au mouvement révolutionnaire "rouge" est bien connue, qui remonte au XIXe siècle, M. Tournier nous apprend que l'infamie liée à la couleur jaune est bien plus ancienne... en Occident (et dans l'islam). A contrario en Orient le jaune a une connotation divine.

    Avant les révoltes et révolutions ouvrières sanglantes de l'ère industrielle, la couleur jaune eut une connotation péjorative dans le domaine religieux ; ou bien encore elle a pu être teintée de racisme, aux Etats-Unis ou en Europe, en lien avec le fameux "péril jaune", ancêtre de la paranoïa du "grand remplacement".

    L'origine exacte de cette horreur du jaune reste incertaine. Le satanisme est associé dans les Ecritures chrétiennes aux couleurs qui sont une altération de la couleur rouge : pourpre, écarlate, violet, orange..., non au jaune.

    Quoi qu'il en soit, le pouvoir de suggestion des couleurs est très fort et a perduré à travers les siècles.

    Le Maillot jaune du meilleur coureur du Tour de France n'est pas la seule exception à cette tendance. L'illustration ci-dessus représente le roi Henri VIII d'Angleterre et sa deuxième femme Anne Boleyn. La chronique du temps rapporte que le couple fêta en jaune, symbole de la joie, la mort de Catherine, première femme (sur six "régulières") du roi.

  • Elisabeth Ire***

    Cette souveraine anglaise (1533-1603) joue un rôle comparable au rôle joué par Louis XIV dans l'histoire dewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,élisabeth ire,glénat-fayard,regnault,delmas,meloni,duchein,angleterre,henri viii,tudor,shakespeare,tétralogie,margaret thatcher,angela merkel,londres France. En effet, avec Elisabeth Ire émerge un Etat de plus en plus puissant et unifié, dont les ramifications ne cessent de s'étendre... bref, un Etat moderne. L'Angleterre d'Elisabeth sera en mesure de rivaliser avec la France et l'Espagne ; elle mettra même un terme à l'ambition de l'Espagne de dominer le monde en piégeant sa flotte militaire dans le pas de Calais. Elisabeth parachève l'oeuvre de son père, Henri VIII, tout en mettant un point final à la dynastie des Tudor, qui s'éteint avec elle. Sur le plan militaire et économique, Elisabeth fut plus avisée que son homologue français (Louis XIV).

    En collaboration avec les éditions Fayard, Glénat propose ici une bande-dessinée didactique. Pour cela un historien (M. Duchein) a supervisé le récit, visant un juste milieu entre le roman national anglais, peu critique, et le point de vue catholique proche du pamphlet (la rupture des Tudor avec la religion romaine et l'anglophobie ont valu aux Tudor quelques pamphlets catholiques ou français).

    La gageure était double puisque les auteurs se devaient d'être équitables, mais aussi de résumer en une cinquantaine de pages une personnalité et un règne à la fois complexes et denses. Shakespeare, contemporain d'Elisabeth Ire, a d'ailleurs relevé ce défi (faire court et dense en même temps) avec ses tétralogies historiques qui tiennent le lecteur en haleine.

    Le règne d'Elisabeth soulève non seulement le problème épineux de la religion d'Etat, qui évoluera en religion DE l'Etat (le problème reste par conséquent d'actualité) ; mais aussi celui de la centralisation croissante du pouvoir politique, qui va s'accélérer encore par la suite avec le développement de l'économie capitaliste.

    Elisabeth était en outre dotée d'un tempérament hors du commun, que la BD n'omet pas de souligner. Cette reine a laissé le souvenir d'un grand courage physique et d'une abnégation exemplaire. A peine évoquées dans la BD, faute de place, les jeunes années d'Elisabeth ont sans doute contribué à forger un tel caractère. Songez un peu : le père d'Elisabeth a fait décapiter sa mère, inculpée d'adultère ; le sort de la future reine fut on ne plus précaire quand sa demi-soeur Marie la fit emprisonner pour conforter sa position sur le trône (menacée d'exécution, Elisabeth écrivit au commandant de la Tour de Londres pour réclamer l'épée au lieu de la hache, en cas de malheur). Certains sont anéantis par des vicissitudes qui permettent à d'autres, a contrario, de se forger un mental d'acier.

    L'Europe n'a donc pas attendu le XXe siècle, Margaret Thatcher ou Angela Merkel, pour confier à une femme l'exercice du pouvoir suprême. Contre l'avis de ses conseillers, Elisabeth eut l'intelligence de ne pas se marier, ce qui aurait pu l'affaiblir, ne serait-ce qu'en mettant en péril sa santé, et par conséquent son pouvoir et son indépendance. Elle sut dissiper la rumeur de son mariage secret avec Robert Dudley, codétenu à la Tour de Londres, et même la rumeur d'accouchements clandestins. L'union des souverains de sexe masculin n'était pas moins une chose ardue, compte tenu des enjeux diplomatiques et de succession.

    La BD est complétée par un dossier historique illustré de 7 pages, qui permet d'approfondir ce chapitre capital de l'histoire européenne ; la BD fait partie d'une collection comportant une dizaine de titres qui proposent un aperçu sur Louis XIV, Catherine de Médicis, Napoléon, Jaurès, entre autres. Il s'agit là d'un bon moyen pour susciter l'intérêt des adolescents et des grands adolescents pour l'histoire, alors qu'ils sont de plus en plus exposés aux sollicitations de la culture de masse et de la propagande politique.

    "Elisabeth Ire", par Meloni, Regnault, Delmas, Duchein, Eds Glénat-Fayard, juin 2016.