...littéraires (pour faire de la place dans ma bibliothèque).
Cette semaine, deux réacs :
(La semaine prochaine : François-René de Chateaubriand et Jean-Paul Sartre.)
par Antistyle
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Cette semaine, deux réacs :
(La semaine prochaine : François-René de Chateaubriand et Jean-Paul Sartre.)
par Antistyle
Samedi : Au paradis du ressac des vagues qui résonne dans ta tête à l'infini, succède l'enfer de l'actualité qui pique les yeux et fout les boules...
+ La BD ne se pratique pas seulement en solo, mais aussi en couple. Le cas de l'auteur de BD qui escorte sa compagne en mission humanitaire est de + en + fréquent ; profitant de ce qu'elle est occupée à rendre le monde meilleur, l'auteur s'adonne au reportage dessiné (Guy Delisle, par ex.) ; on peut citer aussi le cas des partenaires qui se stimulent mutuellement, pour engendrer une oeuvre commune, tels M. & Mme Ray Sohn, dont vous pouvez voir un échantillon ci-dessus, et quelques autres par là.
+ Ceux qui, contrairement à moi, ont du mal à quitter Paris plus de quelques jours parce que le métro leur manque trop, se consoleront peut-être d'avoir dû renoncer à leurs villégiatures provinciales pour retourner au turbin, à l'aide de la poésie oulipienne des noms de métros transformés en anagrammes, où "Porte de Clignancourt" donne "Plan d'égout incorrect", et "Rue Saint-Maur" donne "Utérus à marin". Et si le monde moderne n'était qu'un anagramme inventé par des poètes masochistes ?
+ Yassine, du blog "Lezinfo" dédié à l'illustration et aux illustrateurs, annonce l'expo. du 31 août au 21 sept. à Paris (XIe) des oeuvres de Laurent Impeduglia, dont il dit : "(...) C'était un des rares dans ce collectif ["Mycose"] à ne pas faire de la BD et à publier des fanzines monomaniaques avec des dessins de têtes de mort et de vélos, ou des têtes de mort sur des vélos. Il a attiré plus l'attention depuis avec ses grandes peintures, fresques superbes remplies de détails crétins ou morbides."
Cette expo. représente une alternative au "pop-art" de papa-maman, façon Roy Liechtenstein, un peu usé désormais. D'ailleurs si la BD n'est pas faite pour être exposée dans un musée ou une galerie, il n'est pas certain que ce fut le but de Roy Liechtenstein non plus.
+ Tout l'été, le "Nouvel Obs" a diffusé un feuilleton signé Thomas Cadène : "Romain & Augustin, un mariage pour tous". Le dessin et les dialogues un peu stéréotypés donnent à ce feuilleton un côté roman-photo (bien que le roman-photo soit une littérature "légère" qui fait plutôt l'apologie de l'adultère).
Le site belge "Actuabd" se dit surpris de la violence des débats autour du mariage gay en France. Ce qui est surprenant, c'est plutôt que le lien entre le sexe et la violence soit "oublié", au profit d'une théorie rapprochant le sexe et la guimauve/le mariage. En fait de "débats", c'est à l'instrumentalisation de deux sectarismes, opposés seulement en apparence, à quoi on assiste, suivant la bonne vieille technique populiste d'enfumage des esprits.
Case extraite de "Romain & Augustin, un mariage pour tous."
Avec «Tyler Cross», Nury & Brüno échouent dans l’exercice du pastiche, là où Morris et Goscinny avaient fait mouche avec «Lucky Luke», retournant comme un gant les codes du western héroïque pour donner une série d’albums presque anarchistes, où juge et avocats sont plus corrompus que malfrats (ce qui fait de Lucky Luke une série quasiment réaliste et assez dissuasive pour les enfants de s’accoutumer petit à petit à la lâcheté des adultes).
Rien à redire au dessin, ou plutôt au graphisme de Brüno, qui se prête bien à l'exercice difficile de la parodie. Mais le scénario de ce polar, situé dans les années 50, hésite entre la dérision du genre, et l’honnête polar avec suspense et rebondissements, comme s’il avait voulu contenter tout le monde. Et c’est là que le bât blesse : les amateurs de polars bien ficelés-à-qui-il-ne-faut-surtout-pas-révéler-la-fin seront déçus, tout comme les amateurs d’humour qui attaquent aussi bien un bouquin par le milieu ou par la fin.
Au demeurant, le genre du polar est au moins aussi éculé que la promesse de faire baisser le chômage en France, et il y a belle lurette que le polar ne se prend plus très au sérieux. Ici «Tyler Cross» souffre de la comparaison avec quelques perles au cinoche. Ne me demandez pas lesquels, je ne fais pas dans le cinoche ; tout ce que je sais, c’est que 16 euros le ticket c’est pas donné.
Tyler Cross, Brüno & Nury, Dargaud, août 2013, 16 euros.
Cette semaine un nouveau gag de W.Schinski dans Zébra :
Le premier recueil de gags de René Wischinski vient de paraître... en allemand. Entre le moment où un artiste fait preuve de talent et le moment où ce talent est reconnu, il s'écoule toujours un laps de temps indéfini... que Zébra s'efforce de combler, en traduisant l'humour de W.Schinski pour le public français.
Le destin est parfois facétieux, qui fit naître M. Houellebecq en France et R. Wischinski en Allemagne, les soumettant l'un et l'autre aux frais supplémentaires d'un traducteur. Alors quoi de plus juste que W.Schinski rende à ce destin la monnaie de sa pièce ?
Le strip hebdo de Lola en vadrouille à Honfleur (par Aurélie Dekeyser) :
+ "Fluide Glacial" dans son numéro de septembre réussit le tour de force de tourner en dérision, non seulement l'islam (couverture de Manu Larcenet), mais toutes les cultures à la mode : la culture moderne (le féminisme, Sartre & Beauvoir, la psychanalyse, France-Culture et les expos branchées), la culture beauf nostalgique des "Trente Glorieuses" (le FN), la culture techno-geek, la culture écolo, la culture hédoniste, la culture du shopping... et tout ça sans subventions, contrairement aux universités d'été des partis politiques qui continuent de creuser insolemment le déficit d'humour de la France.
+ Le quotidien "Le Monde" se moque visiblement des efforts de la BD pour passer à l'âge adulte, puisqu'il a consacré pas moins de six pleines pages cet été (13-18 août) à la suite des aventures d'Astérix et Obélix après le départ à la retraite d'A. Uderzo. On apprend dans cette série d'articles signés Frédéric Potet que "Le succès public et critique d'"Astérix chez les Pictes" décidera de la suite pour l'auteur [Jean-Yves Ferri]." J.-Y. Ferri finit par reconnaître, un brin snob : "On n'est plus dans de la bande-dessinée, mais dans le patrimoine."
+ Retour sur l'intervention des forces de police mandatées par la veuve Moebius (Isabelle Giraud) lors du dernier Festival de Cannes dans le webzine "Wartmag", afin d'interdire la diffusion d'un documentaire. Anecdote sans intérêt, hormis pour les fans ; néanmoins elle est un rappel que la question de la propriété intellectuelle est étroitement liée au problème de la production industrielle - en l'occurrence le cinéma, mais pas seulement. L'industrialisation est non seulement la principale raison sociale du droit de propriété intellectuelle, mais la fin de l'ère industrielle en marque aussi la dissolution progressive. La désindustrialisation menace ce type de propriété mobilière incorporelle, en dépit des nouvelles brigades mises en place pour la protéger.
+ Il n'y a pas que BHL qui lie l'art ancien à l'art moderne (et le ministère de l'Intérieur à la philosophie), Cabu le fait aussi à sa manière.
+ "L'Ange du Foyer" de Marx Ernst (1891-1976) est le dessin de la semaine (exposé à la fondation Beyeler à Bâle actuellement).
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