par l'Enigmatique LB
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
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Caricature Emmanuel Macron
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Revue de presse BD (198)
Après une pause estivale, la revue de presse BD hebdo reprend !
+ Au début de l'été, on a appris la mort de Didier Savard (4 juillet) ; à l'arrêt depuis plus de dix ans pour cause de maladie grave, cet auteur de BD s'était fait connaître avec les aventures d'un détective, Dick Hérisson, (commandées par Mandryka). D. Savard publia aussi une biographie satirique du dictateur Pinochet et une parodie de Tintin (autorisée par les très scrupuleux et procéduriers ayants-droits de Hergé).
+ La chaîne de télé "Arte" propose un documentaire d'une heure sur Hugo Pratt par Thierry Thomas (visionnable en "replay" jusqu'au 1er sept.). Rejeton d'un cadre éminent du parti fasciste italien, Ugo Prat fut néanmoins embauché par le journal "Pif", organe de presse pourvoyeur de fonds du parti communiste. Cette origine familiale sulfureuse incita Hugo Pratt à se dissimuler derrière un tas d'affabulations qui ont contribué à sa renommée et au caractère énigmatique de son héros le plus fameux, Corto Maltese.
H. Pratt avait un point de vue original sur l'aventure, étant lui-même une sorte d'aventurier et de globe-trotter, ce qui est assez rare parmi les auteurs de romans d'aventure (les auteurs de BD ont le plus souvent une vie quasi-monacale). Les adolescents, lecteurs des romans de Pratt, devinent que Corto Maltese n'est pas un héros de carton-pâte comme Tintin ou Spirou.
H. Pratt se définissait comme "un dessinateur expressionniste" ; il s'inspira beaucoup de l'Américain Milton Caniff pour le dessin ; mais si les scénarios de Caniff ("Terry et les Pirates") sont assez grossiers, au niveau de la propagande patriotique américaine, en revanche Pratt a réussi à instiller un peu de poésie dans ses BD.
H. Pratt savait peindre en noir et blanc, il est regrettable que l'éditeur ait pris l'initiative de colorier les planches des albums de Pratt ; ou peut-être est-ce parce que Pratt, grand séducteur, avait fini par embaucher une coloriste ?
+ La gazette d'information du 18e arr. de Paris, publie dans son numéro de cet été un long article sur "L'Elysée Montmartre", à l'occasion de la réouverture de cette salle de spectacle légendaire, inaugurée en 1807 et incendiée en 2011.
"L'Elysée Montmartre", moins célèbre que le "Moulin Rouge", a pourtant vu l'art moderne éclore. Le "French cancan" fut inventé dans cette antre, et surtout été peint par Toulouse-Lautrec et Jean Renoir ("French cancan"). A la fin du XIXe siècle, "L'Elysée Montmartre" fut un des premiers cours privés de dessin d'après le modèle vivant mixte, les jeunes femmes ne pouvant s'inscrire à l'Ecole des Beaux-Arts. Les étudiants des Beaux-Arts louèrent aussi la salle pour leur premier bal des Quat'z'Arts.
La salle est aussi mentionnée par Zola, et Maupassant y situa une de ses nouvelles ("Le Masque").
L'article, exhaustif, nous apprend aussi que "L'Elysée Montmartre", au cours de ces deux siècles d'existence, servit à peu près à tous les usages : non seulement une salle de bal et de concert, mais aussi une infirmerie pendant le siège de Paris par les Prussiens, ou encore une salle de meeting politique antimilitariste : "Il est piquant de constater qu'en tous pays la religion patriotique est introduite dans les cerveaux et dans les nerfs par les mêmes procédés que les religions proprement dites. L'un comme l'autre prend l'enfant dès le jeune âge, avant que son esprit critique n'ait commencé à se former ; les chansons patriotiques remplacent les cantiques." (Gustave Hervé)... mais aussi une salle de gala de boxe et de catch avant et après la seconde guerre mondiale.
+ Le caricaturiste Cambon ("La Lettre du Cadre", "Urtikan"), se souvenant sans doute que les jeux olympiques sont aussi destinés à servir d'entraînement aux soldats (la plupart des athlètes brésiliens sont militaires), a dessiné pour Urtikan une série de dessins cocasses sur le thème du Djihad et des JO, imaginant des épreuves spéciales pour les soldats de l'Etat islamique (14 dessins).
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Caricature Rio 2016
La Semaine de Zombi. Mercredi : Conseil santé : si vous voulez rester en bonne santé, évitez de participer au djihad ou aux JO...
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Choc des cucultures
par l'Enigmatique LB
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Regain de patriotisme
La Semaine de Zombi. Vendredi : Petit hommage à Albert Dubout.
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Carnet de voyage...
...de Lola (par Aurélie Dekeyser)
(château de Pommiers dans le Beaujolais)
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Qui a peur de Shakespeare ? (4)
Petit feuilleton littéraire estival
Le mystère de la fable
Le halo de mystère qui entoure Shakespeare est donc, pour une part, le résultat d'un malentendu ou de contresens manifestes, disions-nous dans le précédent épisode de ce feuilleton. Quelques dizaines de milliers d'ouvrages ont été rédigés afin de défricher le terrain et permettre une meilleure compréhension du théâtre de Shakespeare ; pourtant, c'est comme si on patinait au lieu d'avancer.
Qui a peur de Shakespeare ? Est-il comme un spectre, hantant notre culture au crépuscule, effrayant comme le diable, et dissuasif pour certains d'entendre son message ?
Si l'on estime, tout comme Freud, que Hamlet est sans doute le portrait de l'auteur des pièces signées "Shakespeare", ne peut-on en déduire que Shakespeare a, comme son héros, beaucoup d'ennemis plus ou moins rusés, et qu'il a pris certaines précautions pour se garder d'eux ?
Parmi les lecteurs et critiques qui, au cours des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, ont éprouvé de l'admiration pour Shakespeare et son oeuvre, certains ont tourné leur veste, tels Voltaire (dénigrant "Hamlet" : "On croirait que cet ouvrage est le fruit de l’imagination d’un sauvage ivre."), Nietzsche (qui finira par avouer sa perplexité, après s'être dit la réincarnation de Francis Bacon, alias Shakespeare), ou encore Claudel (qui préfère Racine, en définitive). La fascination de Polonius pour Hamlet, mêlée de crainte et de ruse machiavélique, n'est pas sans faire penser à l'attitude de tel ou tel commentateur.
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La violence de Hamlet a beaucoup fait jaser : certains l'ont trouvé excessive, à l'encontre de sa mère notamment (Gertrude) ; cette colère a paru incohérente avec l'hésitation de Hamlet à se venger du traître Claudius. Freud s'est perdu en conjectures pour tenter d'élucider le tempérament de Hamlet ; mais le schéma de l'oedipisme nous laisse sur notre faim. Cette incohérence psychologique incite à voir plutôt dans "Hamlet" une pièce tragique, dont le ressort n'est pas principalement psychologique. La violence de Hamlet, ses coups d'épée, sont une violence symbolique, comme celle de nombreux mythes antiques qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. La mère de Hamlet est comparable à la méchante reine du conte de fée, qui empoisonna Blanche-Neige.
Il est sans doute plus pertinent de prendre Shakespeare pour un auteur de fables ou de contes. Une part du mystère est donc intentionnelle, liée au caractère allégorique de la pièce. Les pièces de Shakespeare sont un peu comme les fables d'Esope, qu'il nous faudrait déchiffrer si elles n'étaient pas suivies ou précédées par une petite explication.
Le choix d'une forme allégorique peut s'expliquer par diverses raisons : le succès de Homère à travers les âges illustre le goût du public le plus large pour la mythologie. Shakespeare comme Homère est apprécié aussi bien par un public lettré que par un public plus fruste. Combien de dramaturges peuvent en dire autant ?
Le parfum de mystère est aussi une incitation pour le public à plonger plus avant dans l'oeuvre, une fois sa curiosité piquée à vif...
Le fossé qui sépare le public contemporain de Shakespeare est sans doute plus difficile à franchir pour ceux qui ne croient pas aux contes de fées, mais plutôt dans le triomphe de la raison sur les mythes du passé.
- Avides de sujets nouveaux, les peintres romantiques se sont emparés des pièces de Shakespeare, qui commencent alors d'être en vogue dans toute l'Europe, et les ont illustrées. Ci-contre, le peintre français Théodore Chassériau a représenté Othello et Desdémone ; le littérateur et peintre britannique J. H. Füssli peint, lui, la démoniaque Lady MacBeth en pleine crise de somnambulisme.