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Exarcheia ou l'Orange amère****

Dimitrios Mastoros & Nicolas Wouters proposent avec "L'Orange amère" un portrait de la Grècewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,kritik,orange amère,exarcheia,dimitrios mastoros,nicolas wouters,futuropolis contemporaine, en proie à la crise économique. Le dessinateur D. Mastoros est Grec, mais né en Belgique ; le scénariste N. Wouters, lui, est Belge.

Les auteurs ont voulu brosser un tableau vivant, à l'opposé des études statistiques chiffrées et des compte-rendus sociologiques froids et abscons. Avec son dessin de caricaturiste, très expressif, D. Mastoros excelle à rendre les émotions des protagonistes et à peindre l'âme d'Exarcheia ; ce quartier d'Athènes fut l'épicentre de la contestation du pouvoir en place, du temps des colonels qui dirigèrent la Grèce naguère, et il l'est encore à l'heure de la dictature bureaucratique du consortium bancaire.

Les habitants du quartier d'Exarcheia sont, certes, des gens modestes qui vivent de peu ; mais, paradoxalement, la crise économique n'apparaît pas ici comme le principal fléau ; la consommation de drogue par des groupes de "junkies" se présente de façon plus sinistre encore que l'appauvrissement économique, avec son cortège de petits crimes crapuleux. Or la consommation de produits stupéfiants ne fait pas moins de ravages dans les pays super riches comme les Etats-Unis.

L'immigration, qui pose aussi un problème majeur de cohabitation en période de vaches maigres entre la population indigène et les nouveaux arrivants, fraîchement débarqués sur les côtes grecques, n'est pas non plus directement liée à la crise économique, mais à la mondialisation.

La crise économique a même plutôt pour effet, semble-t-il, de resserrer les liens de solidarité entre les habitants d'Exarcheia, contraints par l'appauvrissement de leur pays de s'entraider.

"L'Orange amère" place donc le lecteur face à un problème plus vaste que celui que rencontre la Grèce au lendemain des conséquences de l'impéritie des acteurs du mirifique "projet de construction européenne". Il n'y a pas beaucoup d'exotisme dans cette Grèce-là, peinte par Mastoros et Wouters ; cependant il est assez symbolique que le "Titanic" prenne l'eau par la Grèce, c'est-à-dire par la partie du monde occidental qui, en matière culturelle, jouit du plus grand prestige.

Exarcheia ou L'Orange amère, par Dimitrios Mastoros et Nicolas Wouters, Eds Futuropolis, sept. 2016.

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