par BenJ pour "Zélium"
+ Un ami m'explique qu'il est hostile au mouvement des Gilets jaunes car il voit d'un mauvais oeil les "mouvements de foule". Cependant, de l'élection du président de la République au suffrage universel, en passant par la coupe du monde de foot jusqu'au "shopping" de Noël, qu'est-ce qui n'est pas "mouvement de foule" dans "une grande démocratie" ?
C'est probablement le pire effet de l'élitisme contemporain : il rabaisse le peuple au niveau de la foule ou de la masse.
Illustration de l'essai de Georges Bernanos, "La France contre les Robots" (1947) ; cet essayiste inclassable y plaide que le caractère français est insoluble dans la technocratie et prédit que celle-ci se heurtera à des mouvements de rébellion. La faiblesse de l'argumentaire de Bernanos, qui s'appuie parfois sur une mystique catholique fantaisiste, est compensée par des formules décapantes : "Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir."
+ Ce reportage sur "Charlie-Hebdo" par la télévision belge (52') permet de mieux comprendre ce qui distingue le "Charlie-Hebdo" de Cavanna & Choron du "Charlie-Hebdo" de P. Val & Cabu, grâce aux témoignages de ses auteurs. Puisque le mot n'est pas prononcé, disons-le : à partir de 1992, le second "Charlie-Hebdo" a perdu son caractère "populaire".
Tous ne justifient pas le changement de "Charlie-Hebdo" de la même façon, mais tous sont conscients du changement. Ainsi Gérard Biard explique bizarrement que "l'époque a changé" - bizarrement car "Hara-Kiri" fut fondé contre son époque, marquée par une politique antiécologiste, militariste, colonialiste, et des médias serviles - toutes choses qui n'ont guère changé.
+ Le caricaturiste Luz rapporte dans la BD qu'il consacre à ses années de formation à "Charlie-Hebdo" ("Indélébiles") que Cabu entraînait ses jeunes confrères à "La Grande Chaumière" (Paris VIe) pour y dessiner d'après le modèle vivant.
Cette académie de dessin restée "dans son jus", où rodent encore les fantômes de Modigliani, Friesz, Foujita, Bourdelle... propose encore plusieurs cours par jour à une clientèle hétéroclite (vieillards qui viennent se rincer l'oeil, étudiants en art, touristes japonais, etc.) mais elle devra fermer en 2021 au terme d'un bail détenu par la même famille depuis le début du XXe siècle.
La maîtrise du dessin permit à Cabu de s'approcher du large talent de Daumier.
(Topor : Piou-piou)
+ "Douze possibilités d'échapper à Noël", par Roland Topor, est réédité par les éds Wombat à la suite du recueil de "100 bonnes raisons de me suicider tout de suite".
La raison n°1 est déjà pas mal : - Pour m'assurer que je ne suis pas déjà mort.
Pour un Noël qui sent le sapin, ce bouquin paraît le cadeau idéal.