La Semaine de Zombi. Mardi.
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La Semaine de Zombi. Mardi.
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi :
La Semaine de Zombi. Dimanche : Le gouvernement a décidé d'employer les gros moyens contre les Gilets jaunes.
Première caricature d'une série de dix sur le thème des "chiens de garde", bull-dog, roquets et autres chiens de berger, en charge d'encadrer le troupeau et encourager le panurgisme.
+ Manifestation de défiance vis-à-vis des élites politiques et morales, le mouvement des Gilets jaunes a quelques points communs avec l'élection de Donald Trump...
A propos des Gilets jaunes, l'hebdomadaire "Marianne" titre : "Cette France qui pue le diesel", soulignant ainsi le dégoût que les Gilets jaunes inspirent aux "bobos" - les mêmes qui se bouchent le nez en parlant de Donald Trump et son électorat.
Les Gilets jaunes contribuent en effet comme Donald Trump au discrédit de la presse et des médias dans l'opinion publique. Lors de la campagne de Trump comme à l'occasion des manifestations des Gilets jaunes sur des lieux emblématiques de la société de consommation, les médias sont apparus assez clairement comme un rouage essentiel du gouvernement de la majorité des citoyens par une minorité d'entre eux (grâce au pouvoir des mots, et non des images comme on entend parfois).
Il n'est pas certain qu'Emmanuel Macron aurait été élu sans l'appui des médias. La plupart des électeurs déçus d'E. Macron sont conscients du rôle prescripteur joué ici par la presse.
Les médias prouvent simultanément que la démocratie existe et qu'elle n'existe pas. De même on pourrait prouver que la presse désinforme autant qu'elle informe. C'est exactement la même ambiguïté qui traverse la société de consommation, présentée comme un idéal de bonheur par une petite élite dirigeante, tandis que quelques esprits dissidents la dépeignent au contraire comme la formule de l'esclavage.
- Deux pièges sont tendus aux Gilets jaunes : le premier piège est celui de la violence (quand elle n'existe pas, les médias l'inventent) ; le second piège est celui de l'espoir politique. Le capitalisme et la mondialisation qui en résulte apparaissent largement comme un "nouveau destin" à travers l'étude que Marx en a fait. Or le destin est, par définition, sans issue. Marx lui-même n'en propose quasiment pas (c'est le seul point où il se montre lyrique).
Paradoxalement on peut tirer une conclusion bien plus individualiste que politique de la critique marxiste, d'autant plus que le citoyen-consommateur ne se connaît visiblement pas et qu'il est dépossédé de lui-même par les nouveaux instruments au service de la politique de consommation, dont les médias et l'argument culturel font partie, trahissant leur objectif démocratique déclaré.
+ "Charlie-Hebdo", après avoir soutenu le candidat E. Macron lors du scrutin présidentiel, en le présentant comme un rempart contre le fachisme, donne cette semaine un dessin de Une (par Félix, ci-dessus) à la fois plus nuancé et plus satirique.
+ Le caricaturiste suisse francophone Chappatte, qui publie ses dessins dans la presse allemande et américaine, aime bien jouer avec les codes de l'idéologie française. Il l'avait fait après l'attaque contre la rédaction de "Charlie-Hebdo" en publiant un dessin où l'on voyait des islamistes radicaux approuver les paroles guerrière de la Marseillaise républicaine. Il récidive avec ce dessin (in : "Le Temps", 23 novembre) où il place un Sans-culotte à côté d'un Gilet jaune ("Insoumission française").
La comparaison avec "Mai 68" paraît plus proportionnée.
+ Il n'y a guère de personnalité plus identifiable au roman national français que Victor Hugo, dont la figure nous apparaît aujourd'hui comme lissée par des décennies de sermons scolaires.
La bibliographie de V. Hugo montre un auteur pas ou peu satirique, contrairement à de grands noms de la littérature française tels que Rabelais, Molière ou Voltaire. De là vient peut-être qu'il est si consensuel ? C'est sans doute parmi les hommes de lettres que le consensus autour de Hugo est le moins large, certain lui faisant grief de son engagement politique (Musset), un autre lui reprochant son manque de profondeur en comparaison de Goethe ou Shakespeare (Baudelaire).
Une exposition en cours à la maison de Victor Hugo (-6 janvier) rappelle qu'il fut beaucoup caricaturé dans la presse, l'accusation d'opportunisme politique revenant souvent. Le caricaturiste André Gill l'a représenté (ci-dessus) vêtu comme une sorte de mage inspiré d'une religion plus ou moins ésotérique, peut-être un mélange de catholicisme, d'anticléricalisme, de républicanisme et de tables tournantes typiquement français ?
La Semaine de Zombi. Mercredi.
Caricature de WANER (à lire aussi dans Siné-Mensuel)