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stalingrad

  • Stalingrad - Khronika***

    Un post-scriptum informe le lecteur que la bataille de Stalingrad (aujourd’hui Volgograd), conclusion de webzine,bd,gratuit,fanzine,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,stalingrad,volgograd,khronika,franck bourgeron,nicolas ricard,histoire,bataille,hugo pratt,scorpions du désert,shakespeare,hitler,libyie,abyssinie,mussolini,revue dessinée,fachiste,althusser,sartre,fiction,idéologie,journalisme,propagandela seconde guerre mondiale sur le continent européen, fut une des pires boucheries de l’humanité, faisant deux millions de victimes environ; précision utile puisque on est, en France, ordinairement mieux instruit des circonstances du carnage national de Verdun.

    Franck Bourgeron et Sylvain Ricard ne prétendent pas ici faire œuvre d’historiens avec «Stalingrad Khronika», mais situent plutôt dans le contexte de la bataille de Stalingrad une fable sur la guerre, ou sur les soldats qui la mènent. On pense ici à une BD comparable d’Hugo Pratt, dont le contexte est la guerre coloniale que se livrèrent les Italiens et les Anglais en Libye et en Abyssinie pour le contrôle de ces territoires, combats bien moins sanglants, mais qui jouèrent un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre, poussant Mussolini dans les bras de Hitler («Les Scorpions du Désert»).

    Suivant la démonstration de Shakespeare, la guerre a le don de dévoiler la véritable personnalité des hommes qui la font, en même temps que le sens profond d’une culture nationale; dans les périodes de trêve, au contraire, ces vérités sont occultées, quoi que les guerres modernes industrielles ou totales ont aboli la frontière entre civils et militaires, et donc aussi entre la guerre et la paix; le vernis de la civilisation ou de la modernité "craque", faisant apparaître sous cette couche superficielle un matériel psychologique plus intéressant pour le romancier ou le tragédien.

    La chronique de Ricard et Bourgeron se concentre sur une équipe de cinéma, mandatée par Staline en personne, afin de tourner un film de propagande en l’honneur des troupes soviétiques dans les décombres de Stalingrad, au milieu des derniers assauts, alors que le sort de l’Allemagne est scellé, nonobstant la résistance acharnée des troupes allemandes, à Stalingrad comme ailleurs.

    Ici on ne peut s’empêcher d’observer, entre parenthèses, que Franck Bourgeron a de la suite dans les idées, puisque il est récemment à l’initiative d’un magazine, la «Revue dessinée», qui entend rompre avec la mise en scène cinématographique de l’information, dont les scandales ayant secoué les médias au cours des dix dernières années font soupçonner un public de plus en plus large qu’elle n’est pas au service de l’information, mais de quelque chose qui s’apparente plus à la guerre économique.

    Le rapprochement avec la manière de Pratt est justifiée, non seulement par la ressemblance entre le trait de Bourgeron et le sien, mais par l’épaisseur psychologique que les auteurs parviennent à donner à leurs personnages; cette épaisseur psychologique, assez rare en BD, s’avère en effet un des points forts de Pratt. Ce dernier savait notamment faire du ressort de la trahison un usage habile dans ses intrigues, montrant comment cette détermination typiquement politicienne permet à des personnages machiavéliques de soumettre des soldats plus frustes et plus brutaux, à leurs plans, jusque à faire du soldat qui a le malheur de se situer du côté des vaincus (le propre père de H. Pratt servit dans l’armée fachiste italienne), une sorte de super-cocu de l’histoire. Plus malins, les politiciens savent occulter leurs responsabilités en mettant au frais les archives… le temps nécessaire.

    Bourgeron et Ricard montrent bien comment l’idéologie, sur le terrain militaire, se réduit à l’injonction caricaturale afin de coïncider avec les réflexes des soldats, tandis qu’elle peut prendre la place de gros volumes subtils d’idéologie stalinienne à la manière d’Althusser ou Sartre à l’arrière des troupes, réservés aux cadres du parti. Et cela n’est pas seulement valable pour le totalitarisme stalinien, mais pour n’importe quel régime au stade de l’engagement militaire, y compris démocratique. C’est une preuve de lucidité d’avoir placé le cinéma au centre de cette fable sur la guerre moderne ; il est en effet l’instrument principal de la réduction de l’idéologie à des slogans caricaturaux, stimulant la combativité de la foule ou des masses militantes, proportionné au gigantisme des nations.

    Cette intrigue, répartie en deux albums, vient d’être réunie en un seul par l’éditeur. On peut cependant regretter que le scénario, sur la base d’une psychologie consistante, manque un peu de rythme, ou soit trop dilué. C’est la difficulté qui se présente à ceux qui ne font pas œuvre de pure fiction, et doivent camper leurs personnages. La publication dans des magazines de BD permettait aux auteurs de romans graphiques de l’ancienne école d’apprendre à mieux tenir ce rythme, y compris parfois d’une façon un peu artificielle.

    Stalingrad - Khronika (Intégrale), Franck Bourgeron & Sylvain Ricard, Eds Dupuis-Aire Libre, 2013.

  • Revue de presse (16)

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    + Strapazin (prononcer "chtrrapazine"), trimestriel de BD germano-suisse fondé en 1984, a passé le cap des cent numéros et tire aujourd’hui environ à 3000 ex. (1500 abonnés), dans un pays où la bande-dessinée est loin d'être aussi appréciée qu’en France ou en Belgique. L’idée astucieuse des fondateurs de ce magazine pour le financer fut de proposer d’insérer des pubs "maison", dessinées par les auteurs de la revue.

    + A l’occasion du festival de la Croatie en France, la Rotonde, place Stalingrad à Paris XIXe, accueille et expose des auteurs de BD croates du 28 au 30 sept. Avec une alléchante séance de «live painting»  par Daniel Zezelj et Jessica Lurie.

    + «Lorsqu’il est écrit qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, cela veut dire qu’un bon dessin – intelligent, malin, lisible (il peut être beau aussi) – ne ment pas, contrairement aux torrents de mots, de phrases, d’idées foireuses, d’articles de circonstance, de promesses à géométrie variable, qui peuvent facilement nous manipuler.»

    François Forcadell, sur son blog «délit d’image» s’interroge si le dessin satirique est en train de devenir ringard, vu la désaffection grandissante de la presse vis-à-vis de ce genre ?

    Bon, mais qui a peur d’être ringard en dehors de Karl Lagerfeld ? Le rendement commercial de la presse, accusé par Forcadell, n’est pas la seule cause. Les dessinateurs satiriques sont sans doute moins impertinents qu’ils ne furent ; ils se sont moralisés. J’observe d'ailleurs que les dessins les plus impertinents de Cabu ne sont pas publiés dans la presse.

    Pour ceux que le dessin satirique intéresse, ils peuvent découvrir des caricaturistes du monde entier via Toonpool.com

    + En attendant, la 2e édition du Festival du fanzine à la bibliothèque M. Duras (Paris XXe-17 oct.-4 nov.), «Papier Gâché» qui organise le festival publie sur son blog petit à petit des photos des 500 fanzines au bas mot qui ont été expédiés aux organisateurs.

    + Le Top100 des blogs d'illustration/bd d'eBuzzing (basé sur le nb de rétroliens et non de lectures/jour) est un moyen de découvrir de nouveaux blogs et sites de BD, à côté des fameux "30jours de BD", "Bar à BD", Bastien Vivès et autre Pénélope Bagieux. Depuis quelques années, le genre a son "festiblog" à Paris, qui draine les foules grâce à ses séances de... dédicaces. C'est pas un peu ringard, au fait, les dédicaces ? Quand est-ce qu'un festival va penser à les remplacer par des séances de tatouages ?

    + Le fil des précédentes revues de presse ici. Voilà, c'est tout pour cette fois. Z.