Samedi : Le dromadaire de François Hollande est porté disparu. Heureusement, ce n'était pas un zèbre.
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
-
La semaine de Zombi
-
Culturisme 2013
La passion du ministre Claude Guéant pour les marines d’André Van Eertvelt (1590-1652) a remis ce peintre anversois sous le feu des projecteurs. Aucun critique d’art ne peut plus manquer de faire un commentaire sur ces marines, de peur de paraître moins cultivé que le ministre, soupçonné jusqu’ici de collectionner plutôt les albums de Dupond et Dupont (comme l’on compte en outre deux fils de peintres parmi les derniers locataires de la Place Bauveau, la Rue de Valois ferait bien de s’inquiéter pour ses prérogatives).
Puisque l’art n’a pas de prix, on s’abstiendra de mégoter sur le demi-million que le ministre a tiré de la revente de ses deux toiles. L’heureux spéculateur parera sans doute les critiques de la meilleure façon en reversant une partie du bénéfice aux orphelins de la police. Il contribuera ainsi à la moralisation de la vie politique.
A propos de morale, la passion de Claude Guéant n’est pas sans évoquer celle, semblable, d’un de nos illustres «pères fondateurs», Diderot, qui partageait le même goût. C’est à lui que je dédie mon petit couplet de critique d'art amateur.
On sait les philosophes des lumières assez puritains, c’est-à-dire préoccupés par l’édification morale du peuple, pour faire pièce à l’art décadent du siècle des aristocrates débauchés. Avec assez de simplicité, Diderot avoue cependant sa difficulté à rattacher son penchant pour les marines de Joseph Vernet (1714-1789) à l’enseignement moral, en particulier les tempêtes, son sujet de prédilection, susceptibles de causer l’émoi à un point comparable, selon lui, à l’érection que la vue d’une jolie femme peut provoquer chez un homme ; de façon plus stylée, le philosophe écrit: «Aussitôt l’organe propre au plaisir prend son élasticité.»
Moins banale que le constat de la capacité de l’homme à s’émouvoir devant le spectacle de la tempête ou du chaos, la question subséquente du philosophe à propos des arts palpitants, au premier rang desquels il place la musique : «Comment se fait-il que l’art dont l’expression est la plus arbitraire et la moins précise parle le plus fortement à l’âme ? Serait-ce que, montrant moins les objets, il laisse plus de carrière à notre imagination, ou qu’ayant besoin de secousses pour être émus, la musique est plus propre que la peinture et la poésie à produire en nous ces effets tumultueux ?»
Serait-ce à dire que, là où règne la musique, règne aussi le libre-arbitraire ? Ou bien que toute la culture moderne tient dans une alcôve ? Je vous laisse répondre, mais ne peux m’empêcher d'observer qu’en matière de police des mœurs, Diderot et la peinture fournissent des instruments de détection du vice que le ministère de l’Intérieur a largement négligés jusqu’ici.
FLR
-
La semaine de Zombi
Vendredi : La théorie des vases (de Pandore) communiquants.
-
Editorial Cartoon
Nouvelle rubrique hebdomadaire dans le blog Zébra, dédiée au dessin de presse. Celui-ci représente presque la seule culture populaire à l'échelle mondiale ; "populaire", c'est-à-dire échappant à des coûts de production rédhibitoires.
Une sélection des meilleurs dessins de presse de la semaine :
"Pouvoir et argent", par le dessinateur albanais Medi Belortaja, qui excelle dans des graphismes efficaces.
- Quelle est l'énergie la plus renouvelable, d'après toi ? - Le déni. (dessin de Bannerman).
Rien ne dit en effet que l'inconscience ou l'irresponsabilité de l'espèce humaine n'a pas une cause parfaitement naturelle ou énergétique, donc que la conscience individuelle est contre-nature.
"Fanatisme", par le graphiste turc Recep Özcan. Illustration clairvoyante sur les modifications que l'argent a fait subir au nationalisme "traditionnel", tout en préservant la fonction du fanatisme religieux, dont il faut souligner qu'aucune culture n'est "pure" ; illustration où la démonstration qu'il n'y a pas de populisme sans que celui-ci soit entretenu par les élites est aussi nette.
-
La semaine de Zombi
Jeudi : Je connais plein de gens qui croient qu'ils travaillent, alors qu'en réalité ils sont à la recherche du temps perdu. Un des plus gros mensonges de tous les temps, c'est celui intitulé "économie de services", où l'on fait passer l'asservissement pour la chose la plus indispensable.
-
Revue de presse BD (51)
+ L'engouement pour le mariage est "rétro" en diable, comme les illustrations de Jean Jullien, qui rappellent l'affichiste des années 50 Raymond Savignac. Bientôt la moustache et le képi seront de nouveau dans le vent, qui sait ?
+ Le blogueur François Forcadell (Iconovox) râle tous azimuths contre la disparition du dessin de presse ; "(...) le dessin de presse voit éclore une nuée de dessinateurs qui, lorsqu'ils ne plagient pas des graphismes déjà existants, ne s'embarrassent d'aucun talent pour paraître, sans jeu de mot." On ne reprochera pas à Forcadell de râler, mais de se contredire, puisqu'il fait par ailleurs grief à la presse d'être de plus en plus fermée, si ce n'est hostile, au dessin de presse. Le web autorise donc ce que la presse ne permet plus. Le fait des dessinateurs de presse qui dessinent "vaguement" n'est pas nouveau: que je sache, Wolinski ou Charb ne sont pas nés de la dernière pluie.
Puisque Forcadell suggère la comparaison avec une autre époque, plus riche en dessins de presse et en publications impertinentes, j'observe pour ma part la disparition des gazettes anarchistes ou sans étiquette politique. Cela peut expliquer en partie le désintérêt du public pour ce qui revient à une partie de ping-pong "gauche-droite".
+ D. Pasamonik ose un thème intéressant dans son webzine Actuabd: l'embellissement de la guerre par la bande-dessinée, et cite quelques exemples probants de matériel de propagande. La proposition de Walter Benjamin citée, de "politiser l'art" pour contrecarrer l'esthétique guerrière, en revanche, sonne comme une blague, puisque aucune politique ne peut se passer du soutien des armes. Proclamer la guerre "éthique" revient d'ailleurs exactement au même que la rendre "esthétique"; ces deux notions sont indissociables. De W. Benjamin, je préfère: "Quand les prostituées s'appelleront "travailleuses du sexe", alors le travail sera devenu un esclavage.", opposable au "23 Prostituées" de Chester Brown.
+ Sans doute pour montrer que l'amour est une corrida, les organisateurs du dernier Salon de la BD de Nîmes avaient prévu d'installer leur expo. sur la BD érotique au toril des arènes de la ville.
+ Le dessin de la semaine est aussi de Jean Jullien, extrait du blog tumblr "News of the Times"; il suggère une idée du mariage un peu moins édifiante que la précédente...
-
La semaine de Zombi
Mercredi : En France, tout est prétexte à faire la fête et à défiler dans son plus beau costard - même le chômage.