"The Suffragette", organe de la WSPU (women social & political union) de Christabel Pankhurst illustre la variété des idéologies à l'arrière-plan du combat féministe.
+ Le féminisme est un vieil argument de promotion de l'idéologie libérale. L'économiste J. Schumpeter met ainsi au crédit du capitalisme et de l'industrialisation l'évolution du statut de la femme en Occident dans son fameux essai "Capitalisme, socialisme et démocratie" (1942) rédigé afin de faire pièce à l'idéologie socialiste-révolutionnaire en faisant valoir les mérites de l'organisation sociale capitaliste.
Le parti "whig" (libéral) anglais alla même plus loin puisque ses dirigeants reprochèrent aux suffragettes, actives pionnières de la cause féminine au début du XXe siècle, de freiner des lois favorables à l'émancipation des femmes en heurtant l'opinion publique par des manifestations illégales et violentes.
Rien d'étonnant, donc, à ce que le président Macron et la "suffragette" de service Marlène Schiappa brandissent l'étendard de la cause féministe et fassent de l'amélioration de la cause des femmes une "priorité gouvernementale". Plus surprenante en revanche la mise en place d'un collectif de plus de 250 caricaturistes, afin de plaider en faveur des "droits des femmes" à travers une exposition itinérante (association "Le Crayon"). Où est le mobile satirique d'une telle opération ?
Prendre l'affaire H. Weinstein pour l'événement déclencheur d'une "prise de conscience" relève d'une hypocrisie typiquement américaine puisque les moeurs dans le milieu du cinéma hollywoodien, où les actrices ont toujours plus ou moins été traitées comme des prostituées -ces moeurs sont connues du grand public depuis des lustres par des témoignages écrits.
Sous une forme qui n'est pas ou peu démarquée de la propagande libérale, la revendication féministe en termes de "droits" présente deux inconvénients majeurs : - d'abord elle contribue à blanchir un modèle social libéral hypocrite (où la femme fait office de panneau publicitaire) ; ce n'est pas tant le sort des fillettes africaines vendues aux touristes occidentaux, ni des centaines de milliers de prostituées en provenance des pays de l'Est, "importées" par les Etats-Unis, qui préoccupe les élites libérales, que le vernis humaniste que celles-ci peuvent ainsi appliquer à leur politique.
En outre le féminisme est ici entièrement assimilé à la revendication jalouse de "droits égaux à ceux des hommes" - formule abstraite et dépourvue de sens juridique positif. De cette façon le féminisme n'est plus qu'une manière parmi d'autres de vanter l'esprit de compétition nécessaire pour dissuader les citoyens d'une "grande démocratie libérale" de penser à autre chose qu'à la récompense qui les attend pour le fruit de leur travail.
Le combat des suffragettes pour l'obtention du droit de vote au Royaume-Uni a donné lieu à de nombreuses caricatures hostiles ou favorables à ce mouvement. Ci-dessous : "la suffragette qui faisait du jiu-jitsu" fait référence à la garde rapprochée d'une trentaine de femmes emmenée par Edith Garrud, chargée de veiller à la sécurité de la suffragette Emmeline Pankhurst. Cette petite milice n'avait pas froid au yeux puisqu'elle n'hésitait pas à affronter la police et se livra aussi à quelques actions terroristes.
+ La restitution promise par E. Macron de plusieurs milliers d'objets d'art et de culte au Bénin, fruits du pillage colonial, n'est-elle pas encore un leurre - une manière de détourner l'attention de la "Françafrique" ? Cette promesse fait suite à la réclamation du président béninois Patrice Talon, qui souhaite développer le tourisme dans son pays.
Faut-il tenir l'histoire de la décolonisation, telle qu'elle est enseignée à l'école, pour une "fake news" ? Rares sont les journaux qui osent aborder le sujet de la connivence entre les élites françaises et africaines, par-delà les grandes déclarations sur le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes".
Le journal satirique "Fakir" (février-mars 2018) a récemment osé briser l'omerta, mettant même le sujet à la Une et déployant dans Paris sur de grandes affiches publicitaires un dessin parodique signé Lardon.
Dessin de "Une" par Lardon d'après Hergé.
+ "Zélium", journal satirique fondé en 2011 par une équipe d'humoristes et de caricaturistes bénévoles parmi les meilleurs (Gab, Decressac, Rousso, Cambon...) lance une souscription afin de financer l'impression et la distribution de son n°10.
LB signe la Une de ce numéro sur le thème du travail. Tout les kiosquiers ne distribuent pas "Zélium" - souscrire est le meilleur moyen de se procurer ce numéro.