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zebra - Page 630

  • Voeux d'Amérique

    J’ai eu l’occasion de m’entretenir (via msn-messenger) avec l’illustratrice et ex-danseuse de cabaret new-yorkaise Molly Crabapple. Celle-ci a fondé un mouvement international pour le renouveau de l’apprentissage du dessin d’après le modèle vivant (anti-art school); ce mouvement se heurte en France à l'hostilité du «château» (l’administration publique), dont les raisons seraient trop longues à expliquer ici, mais qui sont «grosso modo» celles de la féodalité moderne.

    Je tentai, sans succès, de convaincre Miss Crabapple de venir s’installer à Paris où, malgré ce que je viens de dire auparavant, les contraintes qui pèsent sur l’art sont moins lourdes qu’aux Etats-Unis, d’après mon expérience.

    Vous trouverez ci-dessous ma traduction (de l’américain) des vœux de Molly Crabapple pour le Nouvel An, voeux qui sont en fait des conseils prodigués aux artistes en herbe, par une qui a «fait carrière», comme disent les Yankees, sans toujours s’apercevoir que l’art n’est pas exactement, comme la mécanique, fondé sur la lumière et l’énergie. Miss Crabapple est régulièrement employée par le «New Yorker». Les conseils virils de Molly sont loin d’être dépourvus de vertu...

    (Zombi)

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    Caricature de Molly Crabapple en sainte patronne des artistes en herbe, par Z.

    (J’ai rédigé ça il y a un an. Mais comme on continue de me réclamer des conseils, je remets ça.)

    -          - Bosse dur, fais-toi des potes, ne baisse pas les bras.

            - Quelques précisions : sois opportuniste en diable, et ne rate aucune occasion, aucun moyen de mettre en avant ton art. Sois exigeant avec toi-même. Fuis les recommandations cul-cul-la praline données aux artistes, du genre : «Accroche-toi à tes rêves !», ou «Nourris ta créativité !», toute cette daube ne sert qu’à fourguer aux artistes du dimanche des manuels bidons.

    -          Préoccupe-toi du pognon. T'en auras besoin. Si ce n’est maintenant, quand tu seras malade, vieux, ou que t'auras un gosse. N’écoute jamais ceux qui essaient de te faire honte parce que tu gagnes des thunes.

    -          Comporte-toi avec la plupart des clients en mercenaire, mais sois le plus généreux possible, au contraire, avec tes compagnons d’armes, qui te soutiennent. Je continue de faire pas mal de travaux, gratuitement ou pour des clopinettes, pour le groupe de musiciens BFF ou pour «Occupy Wall-Street». Je peux me le permettre, parce que je fais casquer un max mes commanditaires ordinaires.

    -          Souviens-toi que tu fais des choses que les gens paient pour avoir, et que s’ils ne s’intéressent pas à ce que tu fais, ce n'est pas parce qu’ils sont d’horribles Philistins. Fais plutôt en sorte de faire des progrès et de trouver ton public.

    -          Aies l’audace de projets personnels. Bosse dur dessus. Montre-les. N’illustre pas gratuitement des livres pour enfants auto-édités. Crois-moi. Lie connaissance avec des personnes hors du milieu des artistes, qui s’intéressent à autre chose que l’art : des hackers, des chefs d’entreprise, des journalistes, des top-models, des ouvriers du bâtiment, des profs. Dessine tout le temps. N'oublie-pas ton carnet de croquis. Va dans les cours de modèle vivant. Copie les dessins de maîtres. Sois exigeant avec toi-même et corrige tes erreurs. Trouve le ton juste.

    -          Souviens-toi que le futur appartient aux mutants pluridisciplinaires, et qu’un galeriste-faisant fonction de père, ou bien un agent, ne risque pas de craquer sur toi si tu restes enfermé dans ton appart’ à dessiner toute la journée.

    -          Observe comment des secteurs tels que le marketing ou les médias fonctionnent aujourd’hui. Ce n’est pas une science occulte. Tu peux apprendre à rédiger un communiqué de presse en cinq minutes sur Google. Y'a pas de honte à faire sa propre promo. Personne ne le fera à ta place, sauf si tu fais déjà du blé, et dans ce cas on te lèchera la bite de tous les côtés.

    -          Investis dans un matériel de qualité, permettant une bonne présentation. Des photos pourries avec un iPhone ne te ramèneront pas du boulot. Paie tes impôts par tranches. Prends un comptable dès que tu peux. Les travailleurs en «free-lance» se font baiser aux Etats-Unis.

    -          Ne claque pas 150.000 dollars dans un diplôme d’art.

    -          Monte un site internet sympa.

    -          MAIS SURTOUT : si tu veux devenir artiste, tu ne peux pas te permettre d’y mettre une couille sur deux. Il faut le vouloir plus que tout, et être prêt à sacrifier son sommeil, sa vie sociale, les histoires d’amour merdiques de fac, les soirées au bar à s’en jeter derrière la cravate après le turbin, bref, à peu près toutes les expériences agréables qu’un jeune adulte autour de vingt ans peut connaître. Si tu n’y es pas prêt, devenir artiste à plein temps n’est pas pour toi. Il n’y a aucune honte à ça. Dessiner pour le plaisir, parce qu'on aime ça, est une chose merveilleuse. Mais si tu es certain de ne pouvoir faire autre chose qu’une activité artistique toute la journée, que tu es né pour ça, il te faudra faire des sacrifices.

    -          Bonne chance !

    -          Molly Crabapple

  • Pandora

    Illustration tirée d'une suite sur le thème de Pandore, par Louise Asherson. Elle nous rappelle que chaque nouvelle année se présente sous l'aspect d'une boîte/vase de Pandore puisque, malgré les catastrophes redoutées, petites ou grandes, existentielles ou politiques, demeure toujours l'espoir.

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  • 23 Prostituées*

    Je suis un peu surpris que la philosophie du Canadien Chester Brown, qui suggère plus ou moins la fanzine,bd,zébra,critique,chester brown,23 prostituées,canada,cornélius,michel houellebecq,plateforme,riad sattouf,no sex in manhattanréouverture des maisons closes (encore le modèle allemand), ait autant d'écho, et que les éditions Cornélius aient jugé bon d'importer d'Outre-Atlantique "23 Prostituées", réouvrant un débat un peu éculé dans la communauté bédéphile.

    Peut-être s'agit-il de la part de Chester Brown d'une provocation visant la culture américaine hyper-féministe ? A tout prendre, le bouquin de M. Houellebecq traitant de l'organisation du tourisme sexuel en Thaïlande par les "tour-operators" m'avait paru plus provocateur et contemporain, tenant mieux compte de l'internationalisation du commerce ("Plateforme")...

    Tout au plus le mérite de Chester Brown est de rappeler que le commerce moderne, contrairement aux slogans publicitaires, ne repose pas sur la satisfaction du plaisir, mais sur l'entretien de la frustration.

    "23 Prostituées" se présente aussi comme un reportage. Qu'y apprend-on ? D'abord, que le titre de l'ouvrage a été censuré par l'éditeur canadien. Ensuite que la fréquentation des hôtels de passe est un sport de riches, puisque notre essayiste prévoit d'y consacrer plusieurs milliers de dollars par an, à raison d'une passe tous les quinze jours (la bédéphilie est une perversion qui coûte beaucoup moins cher), c'est-à-dire, ajoute M. Brown, à peu près le même tarif que pour sortir sa "régulière" (au Canada) ; + quelques conseils sur la manière d'aborder une prostituée quand on est timide. M. Brown voudrait nous dégoûter des Canadiennes en plein hiver, il ne s'y prendrait pas autrement !

     Allez, puisque le conseil nous est donné de "positiver" en période de crise, je propose l'alternative de "No Sex in Manhattan", par Riad Sattouf. Celui-ci y décrit des rapports amoureux dans le monde moderne le plus avancé, alignés sur les rapports professionnels (rencards galants = entretiens d'embauche ; chômage = chasteté, etc.). Cela nous rappelle que la division du travail est fondée sur la division entre les sexes, et que les sociétés n'évoluent pas.

    Sur ce, je vous souhaite bien du plaisir quand même en 2013.

    "23 Prostituées", éd. Cornélius, 2012.

    Zombi

  • Revue de presse BD (33)

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    Dessin tiré du blog-bd de Gally

    + Gally est une des mères fondatrices de la blogosphère ; je propose de découvrir un nouveau blog-BD, Zinocircus, en compétition pour le prix de la Révélation Blog 2013 ; autant que les amateurs du genre "girly" soient prévenus, Zinocircus est plutôt un émule du "play-boy" Bastien Vivès ; maintenant l'avantage de Zinocircus, c'est qu'il est gratuit. Résultat de la compète mi-janvier.

    + Et encore un autre blog-bd, déniché aussi grâce au "Rapide du Web". Ce site d'info est un vrai TGV de l'info-BD !... C'est tout juste si j'arrive à suivre.

    + Alternative heureuse aux illuminations de Noël et au sapin, le tampographe Sardon (un peu le même genre que Ben, en plus drôle) propose un assortiment de tampons qui permettent de fabriquer une ramure agrémentée de petits macchabées qui pendouillement drôlement, le tout plus esthétique que la neige artificielle et les guirlandes. 

    + Pour finir sur une note numérique, l'annonce du lancement d'un magazine de reportage-bd canadien (anglophone), "Symbolia", auquel il est possible de s'abonner en ligne, version tablette ou pdf.

    + Le dessin de la semaine est une fausse couverture du "New Yorker" tirée du blog-bd Helkarava :

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  • La Conversion***

    Une consoeur critique a imaginé pour ranger son blog une sous-rubrique facétieuse : "BD-qu'elle-est-bien-fanzine,bd,zébra,bande-dessinée,critique,kritik,matthias gnehm,conversion,suisse,atrabilepour-se-suicider". Sans hésiter, je place "La Conversion" de Matthias Gnehm sur cette étagère, tant l'atmosphère peinte par celui-ci renverse les clichés sur la Suisse, ses chalets mignons et ses paturages verdoyants. En Suisse, le mélodrame-BD de M. Gnehm se déroule et s'achève - mal, comme les histoires d'amour en général... ou de religion.

    Cette étiquette macabre est, bien sûr, pour plaisanter, là où on discerne plutôt l'effort pour faire de la BD avec d'autres ingrédients que les bons sentiments, après des lustres de pralines franco-belges.

    "C'était dans le village qui, autrefois, il y a vingt-cinq ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. (...) Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde. (...) Quand il n'y avait pas de brouillard. Car lorsqu'il y avait du brouillard, il était alors si épais et si persistant, que les autochtones se retiraient dans leurs mondes intérieurs. Et certains se rendaient alors dans cette église étonnamment élégante construite dans les années trente."

    Le propos n'est pas ici contre ou pour la religion : c'est tellement facile de dénoncer le fanatisme de son voisin ! Plus subtilement, M. Gnehm montre le lien étroit entre le sentiment amoureux et la religion. Kurt, l'ado. au centre de cette intrigue mi-sentimentale, mi-religieuse, sorte de Roméo prépubère, va se détacher des opinions athées maternelles pour se rapprocher des convictions religieuses bizarres de Patrizia, dont il est tombé amoureux. Seule la folie de cette dernière mettra un terme à la "conversion" de Kurt.

    Le rapprochement du désir, de la folie et de la religion n'est, certes, pas franchement nouveau en littérature, mais il est assez bien amené dans cette BD, peu moralisatrice. D'ailleurs, comme c'est le truc de base des sociétés mercantiles de stimuler le désir du citoyen lambda, si l'observation n'est pas franchement nouvelle, il n'est pas non plus démodé ou inutile de rappeler que la foi ou les convictions éthiques - non seulement l'érotisme -, ont un caractère "oedipien" ou incestueux.

    Ed. Atrabile, 2011.

    NB : Et toujours cette présentation chic et puritaine des éds. Atrabile (sans pagination), que je n'aime pas.

    Zombi