par WANER
bande-dessinee - Page 173
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Caricature Nativité
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Idée***
Les éditions Martin de Halleux rééditent "Idée", série de bois gravés par l'artiste Frans Masereel, originaire de Flandre occidentale.
Cette bande dessinée muette en noir et blanc, publiée pour la première fois en France en 1920, était tombée dans l'oubli.
Comme son titre l'indique, l'ouvrage de Masereel met en scène LA divinité des Temps modernes, qui a remplacé Dieu en Occident : l'Idée. Même la plupart des derniers croyants et des derniers théologiens ne croient pas tant en dieu qu'ils défendent une "idée de dieu".
On pourrait bâtir des cathédrales modernes à la gloire de l'Idée, d'ailleurs il y en a plein. Brûler des millions d'hérétiques au nom de l'Idée - d'ailleurs c'est déjà fait.
Masereel donne à l'Idée les traits d'une femme, une sorte de déesse ballottée au gré du hasard, mais toujours fière... un peu comme Don Quichotte. Cette créature est accouchée par un homme par la tête (ainsi que Zeus accoucha d'Athéna), un homme que l'on peut supposer un "intellectuel" -et il est vrai que les intellectuels entretiennent avec les femmes les mêmes rapports qu'avec les idées.
Très vite la créature échappe à son démiurge pour vivre une existence autonome, qui n'a rien d'une sinécure. L'idée voyage, elle est tour à tour outragée, puis adulée, communiste, fachiste, capitaliste, catholique, anticléricale, prostituée, pure, emprisonnée puis propulsée aux quatre coins de la terre à l'aide des moyens de communication modernes...
Contrairement à la statue de la Liberté qui barre l'entrée du port de New York et son apparence de brute impavide, l'Idée de Masereel est émouvante et souple, mobile...
Mobile à tel point que, nous dit la préface, "Idée" fit l'objet d'une adaptation en dessin-animé à raison de 24 images par seconde (1934). Malgré la raideur de la technique du bois gravé, le mérite de Masereel est de montrer ici le rapport étroit entre l'idée et le mouvement. Une idée chasse l'autre ; ou faut-il dire qu'elle engendre l'idée contraire ?
Pas sûr que le propos de Masereel soit autobiographique. Il est, certes, d'une époque où les artistes se piquent d'avoir des idées ; mais l'artiste est plus limité par la matière que ne l'est l'intellectuel ou même l'ingénieur, capable parfois de postuler plusieurs univers sans jamais être sorti de son cabinet d'études.
Masereel côtoya de près quelques intellectuels, notamment "pacifistes" comme Romain Rolland. Un siècle plus tard la Paix, comme sa soeur la Liberté, court toujours et tient les hommes en haleine.
Idée, par Frans Masereel (préface de Lola Lafon), éd. Martin de Halleux, 2018.
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Joyeux Noël
par LAOUBER
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Caricature de Noël
La Semaine de Suzette Zombi. Lundi.
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Caricature Nicolas Sarkozy
par LAOUBER
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Caricature Donald Trump
par WANER
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Revue de presse BD (297)
par BenJ pour "Zélium"
+ Un ami m'explique qu'il est hostile au mouvement des Gilets jaunes car il voit d'un mauvais oeil les "mouvements de foule". Cependant, de l'élection du président de la République au suffrage universel, en passant par la coupe du monde de foot jusqu'au "shopping" de Noël, qu'est-ce qui n'est pas "mouvement de foule" dans "une grande démocratie" ?
C'est probablement le pire effet de l'élitisme contemporain : il rabaisse le peuple au niveau de la foule ou de la masse.
Illustration de l'essai de Georges Bernanos, "La France contre les Robots" (1947) ; cet essayiste inclassable y plaide que le caractère français est insoluble dans la technocratie et prédit que celle-ci se heurtera à des mouvements de rébellion. La faiblesse de l'argumentaire de Bernanos, qui s'appuie parfois sur une mystique catholique fantaisiste, est compensée par des formules décapantes : "Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir."
+ Ce reportage sur "Charlie-Hebdo" par la télévision belge (52') permet de mieux comprendre ce qui distingue le "Charlie-Hebdo" de Cavanna & Choron du "Charlie-Hebdo" de P. Val & Cabu, grâce aux témoignages de ses auteurs. Puisque le mot n'est pas prononcé, disons-le : à partir de 1992, le second "Charlie-Hebdo" a perdu son caractère "populaire".
Tous ne justifient pas le changement de "Charlie-Hebdo" de la même façon, mais tous sont conscients du changement. Ainsi Gérard Biard explique bizarrement que "l'époque a changé" - bizarrement car "Hara-Kiri" fut fondé contre son époque, marquée par une politique antiécologiste, militariste, colonialiste, et des médias serviles - toutes choses qui n'ont guère changé.
+ Le caricaturiste Luz rapporte dans la BD qu'il consacre à ses années de formation à "Charlie-Hebdo" ("Indélébiles") que Cabu entraînait ses jeunes confrères à "La Grande Chaumière" (Paris VIe) pour y dessiner d'après le modèle vivant.
Cette académie de dessin restée "dans son jus", où rodent encore les fantômes de Modigliani, Friesz, Foujita, Bourdelle... propose encore plusieurs cours par jour à une clientèle hétéroclite (vieillards qui viennent se rincer l'oeil, étudiants en art, touristes japonais, etc.) mais elle devra fermer en 2021 au terme d'un bail détenu par la même famille depuis le début du XXe siècle.
La maîtrise du dessin permit à Cabu de s'approcher du large talent de Daumier.
(Topor : Piou-piou)
+ "Douze possibilités d'échapper à Noël", par Roland Topor, est réédité par les éds Wombat à la suite du recueil de "100 bonnes raisons de me suicider tout de suite".
La raison n°1 est déjà pas mal : - Pour m'assurer que je ne suis pas déjà mort.
Pour un Noël qui sent le sapin, ce bouquin paraît le cadeau idéal.