(par LB, à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
FANZINE ZEBRA BANDE-DESSINEE ET CARICATURE
-
Voeux 2018
-
Le Strip de Lola
-
Revue de presse BD (258)
ill. Baptiste Virot
+ L'Enigmatique LB dit qu'il aime bien les illustrations et les BD de Baptiste Virot (fanzine "Psoriasis"), pas très loin de Kamagurka, Herr Seele ou Ever Meulen.
+ Le Festival international d'Angoulême (25-28 janvier) est la vitrine des producteurs de BD; mais le grand public ne connaît pas forcément bien le métier de "bédéaste". Riad Sattouf, devenu un auteur à succès depuis la publication du premier tome de "L'Arabe du Futur", donne dix conseils à un futur auteur de BD. Il souligne qu'un auteur de BD n'est pas forcément un excellent dessinateur, et qu'il faut être prêt à bouffer de la vache enragée.
+ Le malentendu vient de ce que le "dessin" sert le plus souvent de trait d'union entre l'auteur et son public; éditeurs et festivaliers jouent en effet à fond la carte des séances de dédicaces, et le jeune public se persuade ainsi que les auteurs de BD sont d'excellents dessinateurs.
Le bédéaste est, plutôt qu'un bon dessinateur, un aventurier par procuration. R. L. Stevenson, même s'il n'a jamais publié de BD, est un très bon exemple d'auteur de BD. On voit dans un petit film tourné récemment Cosey, primé lors du précédent festival d'Angoulême, expliquer que son héros, Jonathan, n'est autre que lui-même.
Plus original le cas de Hugo Pratt ("Corto Maltese"), qui par la BD a enjolivé une aventure personnelle bien réelle, mais trop banale pour servir telle quelle de scénario de BD.
+ Yves Frémion félicite les "éditions 2024" d'avoir exhumé l'oeuvre de Victor Joseph Louis Mousselet, alias G. Ri, auteur de feuilletons en BD fantaisistes. Ses meilleurs parurent dans la presse au début du XXe siècle.
"Epatant", "poétique", "excellent narrateur", on ne contestera pas ces adjectifs ; cependant la comparaison avec Robida est exagérée. Robida est non seulement divertissant, mais aussi ironique vis-à-vis du progrès technique et ses conséquences, contrairement à G. Ri ou Jules Vernes; cela explique que l'oeuvre fantasmagorique de Robida a davantage retenu l'attention.
De même les BD du botaniste Georges Colomb, alias Christophe, passées à la postérité ("Plick & Plock", "Le Sapeur Camembert"), sont d'une tout autre portée, rarement égalée en BD depuis. La satire du savant moderne en blouse blanche ("Le Pr Cosinus"), complètement dénué de pragmatisme et vrai danger public, a été reprise par la suite dans d'autres séries, mais de façon plus plate.
+ Y. Frémion conclut (à l'adresse des éditeurs de BD) : "La maturité d’un genre ne consiste pas à multiplier les titres, mais à en éditer des bons."
Que penser de ce croisement entre les aventures de Mickey Mouse et celles de Corto Maltese, devenant "Les Aventures de Mickey Maltese - La Ballade de la Souris salée" ? Les "antispécistes" seront sans doute ravis mais, au mois d'avril, on aurait parié sur un poisson.
+ "Negative Space" : petit film d'animation (6') plein de poésie moderne par Sylvain Derosne, Eric Montchaud, Max Porter et Ru Kuwahata, diffusé par la chaîne de TV "Arte".
-
Caricature Emmanuel Macron
La Semaine de Zombi. Jeudi.
-
Libre parole ?
dessin par Krokus
-
Caricature Emmanuel Macron
dessin par WANER
-
Micaël : Entrée, plat, dessert****
Excellent assortiment de gags, répartis en "Entrée, plat, dessert". Ils composent un nouvelle anthologie de dessins de Micaël, dessinateur franco-argentin, publiée par les "Cahier dessinés". Les dessins de Micaël paraissent aussi régulièrement dans plusieurs titres de presse, dont "Siné-Mensuel".
Préfacier du bouquin, Frédéric Schiffter range Micaël parmi les moralistes ; il le compare en particulier à Chamfort (1740-1794), auteur de maximes désillusionnantes souvent teintées d'humour ("La seule chose qui retient Dieu de nous envoyer un autre déluge, c'est que le premier n'a servi à rien.", ou encore : "Il y a beaucoup plus de gens à vouloir être aimés que de gens à vouloir aimer.")
Le trait géométrique de Micaël est adéquat pour peindre une époque soumise au calcul. Micaël parvient à la concision, là où un romancier réputé comme M. Houellebecq échoue.
L'absurdité de la condition humaine donne du grain à moudre aux moralistes. L'économie capitaliste, que sa dimension fantasmatique rend particulièrement ridicule, l'art moderne (cinéma, télévision, "performances artistiques"...), ou encore le tourisme, constituent les thèmes de prédilection abordés par Micaël. De fait, le divertissement à quoi ils se résument est bien une forme d'anesthésie de la pensée, de remède au malaise de la condition humaine.
Micaël a sans doute raison de ne pas aborder la politique de manière directe, contrairement à beaucoup de dessinateurs de presse ; la politique elle-même n'est plus désormais qu'un théâtre de marionnettes, dont la fonction est aussi de divertir -une sorte de spectacle démagogique coûteux mais nécessaire. La caricature d'hommes politiques fait désormais largement partie du "jeu politique" et a perdu sa force satirique.
Il ne semble pas inutile de distinguer le bon moraliste du mauvais, autrement dit "misanthrope" (Houellebecq, Cioran) ; Molière nous montre que le misanthrope dissimule derrière le dédain du monde son amour de la société, à qui il reproche surtout de ne pas reconnaître son talent ; le misanthrope fait la paire avec le tartuffe, pour qui toute l'humanité est bonne... à cocufier.
Micaël : Entrée, plat, dessert. par Micaël, ed. Les Cahiers Dessinés, 2017.