Revue de presse BD (140)

 Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.

 

Cathia Engelbach ne ménage pas ses compliments à Bendik Kaltenborn dans le blog du "Monde" dédié à la BD, "Les Petits Miquets". En effet, cet auteur de BD d'une trentaine d'années, employé par le "New-Yorker", "Google" ou le "New-York Times" est qualifié de "prodige norvégien". Prodige de quoi ? Prodige de la satire. "Au sommet de la montagne Kaltenborn, il y a donc un décalage jouissif qui convient à sa lettre comme à sa palette, et à son coup de crayon qui joue avec les déséquilibres, y compris typographiques. Entre passages par la ligne claire et détours par l'heroïc fantasy, il développe un réseau d'insignifiances et un dépouillement graphique qui vient contrebalancer l'utilisation des couleurs criardes. Si ses traits sont simples, c'est, dit-il, pour "mieux faire naître un monde complexe". En somme, c'est génial, nous dit Cathia Engelbach (qui doit être bien jeune pour mettre autant d'enthousiasme dans un seul article). B. Kaltenborn est édité par l'éditeur suisse Atrabile. Espérons qu'il n'y a pas les mêmes liens entre Cathia Engelbach et Bendik Kaltenborn que ceux qui unissent (pour le meilleur et pour le pire), l'économiste Thomas Piketty et Julia Cagé.

Dans la Peau d'Hundertwasser

(Expo 29 mars 2013 au 5 janvier 2014 - Musée en Herbe : 21, rue Hérold, 75001 Paris)

Le Musée en Herbe à Paris réussit le pari audacieux d'initier le jeune public à l'art avec fraîcheur et simplicité : espace intime, artistes de renom et œuvres à hauteur des yeux des enfants.

Après avoir exposé Vasarely, le choix pour l'année 2013 s'est porté sur un autre artiste de la couleur en mouvement, l'Autrichien Hundertwasser.

L’exposition, montée en partenariat avec la fondation Hundertwasser de Vienne, présente les œuvres majeures de l’artiste et retracent le parcours singulier du peintre, architecte, amoureux de la nature et voyageur solitaire.

Il utilise l'aquarelle pour la préciosité des pigments, et opte pour la densité de ce médium. Les couleurs vives s'entrechoquent, sans dissonance malgré la multiplicité des valeurs.

Les formes s'entremêlent, organiques, inspirées de la philosophie animiste qui perçoit la vie et le mouvement en toute chose. La spirale, symbole de l’infini très présente dans son oeuvre, permet au trait de s'étirer à loisir et de répondre à la densité de la couleur par une réelle fluidité.

Il sait également jouer des subtilités d'une seule couleur et dépeint la ville de Kansas-City sous les eaux dans un camaïeu de bleus tout en nuances.

Hundertwasser est également célèbre pour ses architectures inspirées du modernisme de Gaudi et rappelant les façades colorées de Stockholm. Des maquettes de ses principales réalisations sont présentées au musée.

Les monuments de Hundertwasser défient les lois de la pesanteur et de l'architecture classique : toits ondulés, perforés de fenêtres toutes inégales. IIs indiquent le même refus de la ligne droite que ses peintures. En effet, contrairement à l'architecture baroque qui inspire formellement Hundertwasser, celui-ci il met l'homme au centre de son œuvre, et conçoit la nature comme partie prenante de l'édifice, qui devient un cocon.

Les arbres et la verdure s'immiscent dans les habitations, recouvrant les toits ou devenant "locataires" des balcons.

Aurélie Dekeyser