N 'hésitez pas à nous soutenir!!
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
N 'hésitez pas à nous soutenir!!
Hommage à Moebius, à paraître prochainement dans Zébra n°2, rubrique "Rayon noir". Bon, ce serait un peu hypocrite de ma part de présenter ça comme un hommage véritable, vu que je n'ai jamais été fan de Moebius, ni le dessin, ni les histoires "new age" de Jodorowski. Pas un hommage, plutôt un clin d'oeil, donc.
Mais, comme je suis pas vache, pour ceux qui veulent un vrai hommage, c'est ici...
(Critique parue dans Zébra n°1)
La dominante grise de l’album donne le ton. Ca tombe bien, la cité c’est principalement gris.
Gillou passe son enfance dans une cité et traine dans les rues (Ile-de-France, années 70). Gillou est sensible et poli, mais ça, il vaut mieux qu’il le garde pour lui.
Le foot, les copains, les resquilles de piles à l’épicerie, les virées dans la forêt. Jusque-là rien de bien inquiétant. Tout ça pourrait se passer n’importe où.
Mais, peu à peu, les anecdotes se font plus violentes, l’auteur tisse le drame. Le titre « TMLP » (Ta mère la pute) résume la chute de la dignité. Sur fond de chômage, d’ennui, de prostitution et de minorités mal acceptés, le terrain de jeu se transforme en ghetto.
Gilles Rochier n’est pas complaisant. Il ne cherche pas non plus à faire pleurer dans les chaumières. Les dialogues crus et l’ironie allègent ce qui pourrait être vraiment glauque : « Malgré tout ça, on vivait heureux, pas riches, pas beaux, mais heureux. »
Le dessin acéré et les cadrages inattendus sont au service de l’histoire, juste et implacable.
En somme, Rochier évoque les prémices des problèmes actuels qui n’ont fait que s’amplifier, les seringues ont remplacé les règlements de compte. Jusqu’à la chute, où l’auteur retourne dans la cité qu’il a quittée pour une autre cité…
La boucle est bouclée.
Zébra
(Gilles Rochier, Ed. 6 pieds sous terre, 16 euros)
(Critique BD parue dans Zébra n°1)
Emmanuel Guibert raconte en bd les souvenirs de guerre d’un certain Alan Cope, obscur bidasse au sein d’un régiment de blindés yankee.
« Drôle de guerre », vu qu’Alan débarque en 1945 en pleine débâcle des Schleus : du coup les Yankees s’enfoncent comme dans du beurre, à qui arrivera le plus vite à Berlin, des Soviets ou de l’Oncle Sam.
Détail amusant, on dirait que Guibert dessine avec du plomb, comme un vitrier, ce qui pour une histoire de trouffions et de canons tombe plutôt bien.
Un type ordinaire, Alan, jeune engagé inexpérimenté. C’est ce qui fait l’intérêt du récit ; car le jeu de la guerre et du hasard, cette espèce de gigantesque partie de poker à l’échelle de l’Europe dans laquelle Alan se retrouve embringué, tout ce ziggourat machiavélique va finir par le questionner.
Comme quoi les types ordinaires sont parfois moins cons que les héros, qui vont à la guerre se faire dégommer sans se douter de rien, quasi sans raison, pour la beauté du geste alors qu’il n’y a personne pour le filmer.
Tout ça a déjà été dit par d’autres anciens combattants, y compris le silencieux encouragement au sacrifice de parents restés à l’arrière, qui fait frémir. Soit. Disons que le mérite d’Alan, c’est de n’avoir pas eu besoin de se prendre des tonnes d’acier au coin de la gueule, ni vu le champ d’honneur parsemé de cadavres, de nous faire sentir la mort avec son confident-illustrateur Guibert « à l’économie ».
Zébra
(L’Association, 2009, 300 p., 38 euros)
Une fausse pub pour la rubrique de René. Et puis un chemin de fer au format pdf pour la séance de brainstorming de ce soir. Pensez aussi à apporter votre contribution de 28 balles, pour éviter aux braves volontaires qui s'occuperont de faire imprimer le fanzine de devoir avancer les ronds.
Certains n'imaginent même pas qu'on puisse dénigrer le cinéma, qui fait presque aujourd'hui figure d'art sacré. Pourtant, tous les arts y sont déjà passés ! Fameuse, par exemple, la critique du théâtre par J.-J. Rousseau, l’utopie des Lumières passant par l’éducation du peuple, contrecarrée par le divertissement.
On suit Blutch depuis quelques années ; son effort pour hisser la bande-dessinée au rang d'art majeur, alors qu'elle bénéficie d'une reconnaissance bien moindre que le cinéma, est sans doute la clef de lecture de son dernier opus.
A l'arrière-plan, il y a le bras de fer entre un auteur de BD et le cinéma. La passion de Blutch pour le cinéma n'est d'ailleurs pas nouvelle, même si elle se rapproche de plus en plus du dégoût du cinéphile pour sa madeleine de Proust.
Blutch fait ainsi allusion au côté macabre du cinéma, insiste sur le maniérisme et la vanité des acteurs de cinéma.
Moins comique que son excellente série brocardant la vanité des artistes, parue dans "Fluide Glacial" ("Blotch"), mais moins abstrait que le titre "Vitesse moderne" (qui tourne aussi autour du même sujet), "Pour en finir avec le cinéma" plaira sans doute paradoxalement plutôt aux cinéphiles... les moins susceptibles.
Zébra
("Pour en finir avec le cinéma", Dargaud, 2011, 20 euros ; "Vitesse Moderne", 2010 ; "Blotch", Fluide-Glacial Audie, 2009)
A peine sèche, voici la proposition de couverture d'Olivier Josso pour le n° de "Zébra" à paraître début avril :