+ Le festival d'Angoulême a tenu à distribuer comme chaque année ses trophées, qui jouent un rôle important sur le plan économique pour les éditeurs, les libraires et les auteurs, tout du moins le petit nombre à qui la bande dessinée procure des revenus suffisants.
Le "Fauve d'or" a été attribué à "L'Accident de chasse" de Landis Blair et David L. Carlson (éd. Sonatine, traduit de l'américain). Le prix du fanzine a été attribué au fanzine finlandais "Kuti", parmi une sélection d'une vingtaine de titres venus du monde entier (dont le fanzine "Zébra") ; à noter que ce fanzine finlandais perdure grâce aux abonnements et à l'insertion de quelques pubs.
En raison des conditions précaires dans lesquelles certains auteurs exercent leur métier, une partie de la profession a décidé de boycotter le festival qui devrait se tenir en juin. L'inquiétude des bédéastes devant les méthodes de plus en plus mercantiles des éditeurs (importation de mangas bas de gamme) ne date pas d'aujourd'hui. Mais contrairement aux caricaturistes de "Hara-Kiri" qui gagnèrent de haute lutte leur indépendance économique et éditoriale contre la presse conformiste, les auteurs de BD ont échoué à prendre leur destin en main. L'indépendance est plutôt le fait de petits éditeurs indépendants.
+ Quelques caricaturistes -une dizaine-, se sont regroupés pour tenter de lancer une application "La Torche", diffusant des caricatures. Ils réclament via le financement participatif la somme de 30.000 euros nécessaire pour développer l'application et rétribuer les dessinateurs. Le caricaturiste Marc Large, qui a récemment été débarqué du quotidien "Sud-Ouest" fait partie de cette équipe.
Ce type d'initiative en dit long sur l'état de la presse française, le niveau de censure insidieuse. Quoi qu'ils puissent dire, les rédacteurs en chef des quotidiens et magazines sont hostiles aux caricatures qui perturbent leur activité de propagande économique et politique largement subventionnée par l'Etat ou la pub.
Les caricaturistes se maintiennent dans la presse comme illustrateurs de la ligne politique du journal ou des articles publiés, afin d'inciter l'opinion publique à l'optimisme (état d'esprit des peuples imbéciles, plus aisément manipulables...) ; rien à voir avec la méthode "Charlie-Hebdo" qui cassait les codes de la presse "engagée" pour renouer avec une tradition plus artistique et échappait aux directives des "élites économiques".