Extrait du site AFISTFULOFBABIES.COM
- traduit de l'américain avec l'aimable autorisation de l'auteur, Reyn.
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Extrait du site AFISTFULOFBABIES.COM
- traduit de l'américain avec l'aimable autorisation de l'auteur, Reyn.
Caricature par ZOMBI
Caricature par LAOUBER
Parodie de Hergé par Derf Backderf.
+ Jamais le festival de BD d'Angoulême n'aura autant été boycotté par les auteurs mécontents que cette année où il n'aura pas lieu.
"Libération" (29 janvier) n'a pas dérogé à la tradition qui consiste à faire illustrer un numéro entier par des auteurs de BD. L'Américain Derf Backderf (ci-dessus) ironise gentiment sur le thème du Capitaine Haddock, prostré à cause du confinement qui le prive de sa drogue préférée et de son compagnon d'aventure, emporté par le coronavirus malin.
+ Réclamée depuis deux ans par Bernard-Henri Lévy (qui a écrit un bouquin rien que pour ça en 2018 - "L'Empire et les cinq Rois"), la censure des réseaux sociaux est plus que jamais à l'ordre du jour ; tous les prétextes sont bons pour persuader l'opinion de son bien-fondé.
Courroie de transmission du pouvoir politique, comme autrefois le clergé, l'institution médiatique est en effet de plus en plus fortement contestée depuis le krach mondial de 2008. Celui-ci a été suivi de révolutions au Maghreb au cours desquelles les réseaux sociaux ont joué un rôle fédérateur au service des insurgés... Rien d'étonnant à ce que des sociétés cimentées par l'argent se délitent à la suite de graves crises économiques.
- Le quotidien "La Croix" vient de publier un sondage destiné à évaluer la crédibilité des médias dans l'opinion publique. Il en ressort qu'après avoir connu un "plus bas" au cours de la fronde des Gilets jaunes, la crédibilité des médias se redresse légèrement. "La Croix" ne le dit pas, mais ce léger redressement est sans doute dû à l'état d'urgence.
La radio occupe une surprenante première position (52 % des Français jugent ce médias fiable), devant la presse écrite (48 %), dont la faillite n'est pas seulement économique ; puis vient la télévision (42 %), surtout divertissante, et enfin l'internet (28 %), en qui les Français ont peu confiance, ce qui est assez logique puisqu'il est très disparate, tant dans sa forme que son contenu.
+ Certains élus locaux et institutions (prochainement l'Elysée) ont pris la décision de censurer les oeuvres de l'artiste-plasticien Claude Lévêque, accusé de viol sur mineur, qu'elles avaient acquises et exposaient. Les bibliothèques universitaires feront-elles de même avec les ouvrages du politologue Olivier Duhamel ?
Ce type de réaction est probablement hypocrite et certainement inefficace. Il vaut mieux se contenter d'accorder à Olivier Duhamel et ses confrères une place dans l'histoire de la tartuferie et des tartufes. Notons au passage que Molière fait un lien entre les sermons hypocrites et la séduction.
Dessin de Xavier Gorce publié après sa démission.
+ L'affaire adjacente des pingouins de Xavier Gorce, dessin censuré par Le Monde, a provoqué quelques remous y compris au sein de la rédaction de "Le Monde" (dont l'histoire récente est loin d'être exempte d'entorses majeures à la déontologie, mais qui continue de faire figure de "quotidien de référence").
Le quotidien a publié une longue plaidoirie en défense. Elle est instructive sur la manière dont le dessin et les dessinateurs sont "traités" dans "Le Monde" - en réalité comme des illustrateurs, soumis à une ligne éditoriale, et non dans la continuité de "la tradition française du dessin de presse", comme cela a pu être dit.
Extrait :
"(...) Le Monde est aujourd’hui le quotidien français d’informations générales qui a le plus recours aux dessinateurs et illustrateurs de presse : environ 70 par mois, y compris ceux publiés dans « Le Brief du Monde », auxquels on peut ajouter les huit blogs dessinés hébergés par Lemonde.fr. Et il n’envisage en aucune façon d’infléchir cette ligne, comme le New York Times a pu le faire, de la plus radicale des façons, en 2019. Ou comme d’autres journaux français qui ont réduit, voire fait disparaître, depuis plusieurs années, ce mode d’expression."
Caricature par ZOMBI
Le projet de démystification de la franc-maçonnerie énoncé en préambule est assez bien atteint par cette BD de vulgarisation historique illustrée par Bercovici.
Cette galerie de portraits de francs-maçons plus ou moins célèbres est assez hétéroclite pour convaincre le lecteur que la franc-maçonnerie n'existe pas en tant que doctrine bien définie : W.A. Mozart, E. Burke, B. Franklin, Mirabeau, R. Kipling, John Wayne, Hugo Pratt ont tous été francs-maçons, pour des motifs et en des circonstances très différents. Sur ce plan, la franc-maçonnerie est aux adultes ce que les boys-scouts sont aux gosses (d'ailleurs le fondateur du mouvement scout, le général Baden-Powell, était lui-même "maçon").
La franc-maçonnerie est l'objet de nombreux fantasmes, dont ses défenseurs comme ses détracteurs ont souvent su tirer un parti lucratif, en raison du parfum d'ésotérisme qui flotte sur ces clubs élitistes et ultra-sexistes.
Comme il manque un fil conducteur historique plus solide, on se prend à regretter que l'auteur, Arnaud de la Croix, ne se soit pas attardé sur un personnage-clef, l'abbé Barruel (1741-1820), qui permet de comprendre la place spécifique de la franc-maçonnerie en France, en comparaison de pays anglo-saxons où une idée laïque beaucoup moins polémique prévaut.
Ce prêtre catholique est en effet l'inventeur du complot "judéo-maçonnique". Plus malin que savant, Barruel prétendit qu'il était lui-même initié, ce qui est fort plausible.
Si cette théorie du complot a servi à galvaniser un parti catholique déclinant, contribuant à persuader certains catholiques que la Révolution française était le fruit d'un complot satanique, elle a aussi contribué à renforcer l'identité de la franc-maçonnerie française dans ce négationnisme dont l'enseignement scolaire a gardé des traces. Autrement dit les loges maçonniques ne se sont pas empressé de démentir cette légende, la mettant au service de leur propre propagande, enjolivée par l'image d'Epinal progressiste de la Révolution.
La réalité politique est plutôt d'un passage de témoin des notables catholiques aux notables bourgeois laïcs.
La plupart des caricaturistes du XIXe siècle ne s'y laissaient pas prendre et englobaient dans leurs caricatures prêtres catholiques et officiers ou magistrats francs-maçons unis par l'intérêt.
Quant au complotisme, on voit qu'il contribue encore aujourd'hui au crédit des élites ; celles-ci n'ont plus à justifier leurs actions ou leurs entreprises politiques, mais seulement à rapporter la preuve du délire complotiste. C'est notamment le cas aux Etats-Unis où la seule légitimité du nouveau président J. Biden est l'antitrumpisme, ce qui constitue la légitimité la plus idéologique qui soit - typiquement démocratique, en somme.
"La Franc-Maçonnerie dévoilée", par A. de La Croix et Bercovici. Ed. Le Lombard, 2020.
Caricature par ZOMBI