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calviniste

  • Dictionnaire Rousseau

    Jean-Paul Narcy propose un "Dictionnaire Rousseau" (éds Atlande), trouvant une justification à cettewebzine,bd,zébra,fanzine,gratuit,bande-dessinée,critique,dictionnaire,jean-jacques rousseau,jean-paul narcy,diderot,lumières,calviniste,chrétien,augustin d'hippone,molière,contrat social entreprise éditoriale dans le tempérament de J.-J. Rousseau (1712-78), pédagogue enthousiaste. Il ne s'agit pas de l'un de ces "dictionnaires amoureux" à la mode, souvent légers malgré leur poids, mais d'une tentative pour présenter la pensée de J.-J. Rousseau de façon compacte en même temps qu'étayée. L'auteur a fait l'école polytechnique et son ouvrage est par conséquent structuré, proposant plusieurs portes d'entrée dans l'oeuvre protéiforme de Rousseau (essais, autobiographie, romans, correspondance privée, etc.) :

    "La première catégorie de la typologie est faite des mots chers à J.J. Par exemple : Conscience, fête, moralité, vérité.

    La deuxième catégorie est bâtie autour de ce que l'on pourrait appeler les subtilités de la philosophie : exister, penser, sentir, temps.

    Les deux classes suivantes de fragments ont trait, respectivement, à la politique et à la religion : économie politique, finance, souveraineté, volonté générale ; blasphème, fanatique, providence, secte.

    Une autre classe concerne la nature : eau, forêt, saison, vert."

    Etc."

    Grâce à ses "Confessions", au style enlevé et souvent cocasses, J.-J. Rousseau est encore largement lu ; si ce n'est sa philosophie, sa personnalité demeure familière grâce à cette autobiographie chrétienne. Par ailleurs l'institution scolaire a statufié Rousseau, aux côtés des "philosophes des Lumières" que sont Voltaire et Diderot, invitant les collégiens et lycéens au culte et à l'invocation de "l'esprit des Lumières", bien plus qu'à la critique ou la réflexion. Ce nouveau "Dictionnaire Rousseau" donne l'occasion de creuser au-delà de l'image d'Epinal et des idées superficielles sur Rousseau.

    On peut aussi vérifier si J.-J. Rousseau est le prêtre fondamentaliste de l'égalité et de la liberté, fustigé par la critique réactionnaire, car censé avoir allumé la mèche du terrorisme sanglant des sans-culottes et de la Convention ?

    Examinons par exemple une idée caractéristique, l'idée d'égalité.

    "Egalité : A l'égard de l'égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessous de toute violence et ne s'exerce jamais qu'en vertu du rang et des lois, et quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter une autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre."

    On constate dans cet extrait de "Du Contrat social" (1762) que, contrairement à certains idéologues contemporains, Rousseau ne conçoit pas l'égalité comme un but, mais comme un tempérament à la violence de la nature, qui imprime nécessairement sa marque sur les sociétés. La référence de Rousseau au modèle antique ne permet pas d'en faire le précurseur des grandes démocraties totalitaires modernes, communistes, fascistes ou capitalistes, où l'égalité devient le prétexte de l'uniformisation.

    Mais, comme les Lumières et la révolution de 1789 ont été suivies de peu par une période d'esclavage et de violence d'une intensité extraordinaire, principalement dues au colonialisme et à l'industrialisation de l'Europe au XIXe et XXe siècles, on trouve en revanche Rousseau peu visionnaire sur le plan politique.

    Pas de prémonition en effet, dans les articles touchant au droit et à la politique, du tour tragique de la mondialisation à venir, conséquence du progrès technique, qui a plongé aux XIXe et XXe siècles l'humanité dans un cauchemar infernal. Après coup, le conseil de Rousseau d'imiter la vertu républicaine antique peut sembler dérisoire.

    Si cette vertu, tant vantée par les philosophes des Lumières, est aujourd'hui bannie du vocabulaire politique, c'est d'abord pour des raisons économiques et politiques que Rousseau ne soupçonnait pas.

    Sur le plan religieux, différents articles du dictionnaire confirment que Rousseau, comme beaucoup de ses compatriotes genevois, était un calviniste sincère. Ainsi son puritanisme lui fait craindre la mauvaise influence morale des pièces de Molière, en même temps qu'il reconnaît leur force comique. Du moins Rousseau est-il plus sincère et entier que son ami catholique Diderot, à qui Rousseau reprochera le commerce avec les puissants de ce monde ("les méchants") et avec qui il finira par rompre.

    On est d'ailleurs surpris d'autant d'intérêt pour les questions politiques et morales, ou "sociales" comme on dit aujourd'hui, de la part d'un philosophe chrétien, qui se place avec ses "Confessions" dans la lignée d'Augustin d'Hippone, fameux théologien chrétien du IVe-Ve s. Ce dernier proclame son indifférence des questions temporelles, au motif que "le royaume de Dieu n'est pas de ce monde" (Cf. "Sermon sur la chute de Rome"). Si Rousseau semble mesurer le danger de la théocratie, ses idées réformatrices paraissent tout de même imprégnés à la fois d'idéaux chrétiens (il exprime souvent son horreur de la violence) et de la formule municipale genevoise, aussi peu adaptée que la démocratie athénienne aux gigantesques empires modernes.

    L'ouvrage est complété par une brève biographie chronologique utile de J.-J. Rousseau.

    Dictionnaire Rousseau, par Jean-Paul Narcy, éd. Atlande, 2016.

  • Félix Vallotton****

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    Ce n’est sans doute pas un hasard si Félix Vallotton (1865-1925) resurgit aujourd’hui, en pleine crise des valeurs bourgeoises. En effet, malgré un riche mariage tardif qui le mit à l’abri du besoin, Vallotton n’épousa jamais vraiment la raison de son temps. Son art, si singulier, se détache bien plus de son époque qu’il n'en est l'écho. Contrairement aux impressionnistes, Vallotton ne participe pas à l’enthousiasme général.

    L’idée de progrès social, en particulier, est étrangère à Vallotton, trop lucide pour se bercer de ce genre d’illusion ; on l’imagine bien dire, comme Kafka : « Croire au progrès ne signifie pas qu’un progrès a déjà eu lieu. » Le mépris du bonheur, en tant qu’idéal bourgeois, est palpable dans l’oeuvre de Vallotton.

    Qui a raté comme moi l’exposition de cet hiver au Grand Palais pourra se rattraper avec l’épais catalogue la retraçant, publié par la Réunion des musées nationaux. Ce volume comporte de nombreuses reproductions de bonne qualité, représentatives de l’œuvre de Vallotton.

     Sans être positivement moderne, Vallotton a su s’adapter aux nouvelles modalités techniques de diffusion de l’image, reléguant la peinture d’apparat ou de musée. Les bois gravés de Vallotton, suivant une perspective narrative à laquelle le dessin de presse, l’illustration ou la bande-dessinée nous ont familiarisés depuis, sont très "frais" et efficaces (on peut constater qu'en matière de "ligne claire", les auteurs de BD n’ont pas inventé grand chose, si ce n'est le mot). (...)

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