par LB
bande-dessinee - Page 203
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Caricature Vautours
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Le Libéralisme**
22e opus de la collection "La petite Bédéthèque des Savoirs", cette BD se présente comme une enquête sur le "libéralisme".
Les auteurs, P. Zaoui et R. Dutreix, s'attachent à démontrer que le libéralisme est une notion ou une doctrine incohérente. En effet les principaux essayistes qui se réclament du libéralisme divergent beaucoup trop pour que l'on puisse dégager un PPCM voire un PGCD.
La démonstration s'appuie sur l'illustration que l'idéologie libérale a permis aussi bien de cautionner l'ordre public étatique que les mouvements révolutionnaires opposés. L'individualisme, qui passe parfois pour une valeur ou un principe libéral, ne l'est pas particulièrement; en effet, la plupart des auteurs libéraux plaident pour l'affranchissement de l'individu de certaines contraintes en arguant de son bénéfice pour la collectivité.
Les auteurs auraient pu prendre pour exemple (flagrant) la "liberté d'expression" ; sa formule libérale autorise la censure dès lors que cette liberté représente une menace pour l'ordre étatique.
Les auteurs auraient aussi pu prendre l'exemple plus concret de la Chine, nation dont il est pratiquement impossible de dire si elle représente un régime de droit libéral ou non (il y a autant d'arguments dans les deux sens).
Le principal mérite de cette enquête est de souligner que le libéralisme n'a pas de frontières politiques bien délimitées ; un certain nombre de soi-disant détracteurs du libéralisme, pour des raisons démagogiques se posent en adversaires du libéralisme tout en menant une politique similaire à celles menées par des gouvernements portant l'étiquette libérale.
Et les auteurs de définir le libéralisme comme une "galaxie", bien que le terme de "nébuleuse" aurait été préférable. De façon étonnante, le constat de son inconsistance ne semble pas ternir l'aura de l'idéologie libérale à leurs yeux.
Néanmoins cette enquête sur le libéralisme souffre de trois défauts majeurs :
- L'enquête s'arrête là où elle commence à devenir intéressante; en effet, une fois que l'on a mis en évidence que le libéralisme ne désigne aucune doctrine et aucune politique précisément, en même temps que le libéralisme a une aura extraordinaire, on se retrouve pratiquement devant une énigme plus intéressante que l'étude du libéralisme en lui-même. On doit se poser la question : le libéralisme est-il une simple ruse ?
- Par ailleurs cette BD ne nous apprend pas grand-chose que les critiques du libéralisme ne pointent depuis longtemps. L'idée que l'étatisme et le capitalisme se confortent mutuellement, loin de s'opposer suivant la propagande de certains partis politiques, a été démontré par Marx il y a plus d'un siècle.
Plusieurs exemples contemporains valident cette démonstration : le projet libéral européiste, calqué sur les Etats-Unis, se heurte ainsi notamment à l'absence d'appareil d'Etat (unifié). Par ailleurs la transition de la Russie d'un régime soviétique à un régime libéral s'est faite presque sans coup férir.
- Enfin cette enquête ne se penche pas assez sur l'aspect mystique ou religieux de l'idéologie libérale, bien que l'observation de son incohérence incite pourtant à s'y intéresser.
Il est difficile de ne pas faire un lien entre l'irruption de la notion de liberté en politique et le christianisme. "Liberté politique" ne veut pratiquement rien dire dans l'Antiquité, où la politique est envisagée sous l'angle du rapport de force, tandis que la liberté est devenue au cours de l'ère chrétienne un véritable leitmotiv.
On discerne aussi une forme de mysticisme légal. La loi en impose beaucoup plus qu'elle ne peut dans les régimes libéraux. L'impuissance des économistes libéraux à prédire à moyen ou long terme les mouvements de l'économie ne les dissuade pas de donner la forme légale à leurs hypothèses, quand ils ne basculent pas carrément dans des prophéties chimériques ou un darwinisme économique qui n'est pas plus scientifique que le darwinisme social nazi.
Sur le plan des codes juridiques à proprement parler, on pense à une ancienne recommandation adressée au(x) législateur(s) anglais par un auteur spécialisé dans le droit -ne pas ajouter une loi à un code sans en retrancher une caduque simultanément, afin d'éviter l'inflation juridique et les problèmes d'application de la règle de droit qui s'ensuivent. C'est peu de dire que les politiques libérales se défient de cette ancienne recommandation. Les Etats-Unis ne sont pas le seul exemple de prolifération de la norme légale, qui manifeste une certaine horreur mystique du vide juridique.
Le Libéralisme - enquête sur une galaxie floue, par Pierre Zaoui et Romain Dutreix. La petite Bédéthèque des Savoirs, Le Lombard, 2018.
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Caricature François Hollande
La Semaine de Zombi. Samedi : J'ai pris conscience du donjuanisme des candidats du PS en voyant Michel Piccoli jouer le rôle de Don Juan (Molière version Marcel Bluwal).
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Grogne des fruits
par M.-F. Ochsenbein
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Caricature LREM
La Semaine de Zombi. Vendredi.
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Curriculum visage
par Naumasq
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Revue de presse BD (273)
+ Exposition jusqu'à début juin au musée de la bande dessinée de Bruxelles des dernières pépites de la BD néerlandaise. Celle-ci a souffert pendant longtemps de la concurrence avec la BD francophone qui bénéficie d'un public beaucoup plus large.
Néanmoins les meilleurs auteurs néerlandais ont toujours été traduits et continuent de l'être, à l'instar de Brecht Evens, bédéaste gantois qui met avec brio l'aquarelle et les couleurs au service de récits "existentialistes" ("Les Noceurs") ; ou encore Pieter de Poortere, dont le personnage rondouillard Dickie contraste avec l'humour noir qu'il véhicule.
L'affiche de l'expo. représentant le Christ juché sur un âne, faisant la promotion de la BD comme de la "bonne parole" elle-même est d'une ironie difficile à interpréter ; se moque-t-on ici du christianisme ou des efforts pour transformer la BD en art officiel ?
+ La Suisse, handicapée par son multilinguisme, ne veut pas être en reste, d'autant plus que la bande dessinée a été inventée par un Helvète -Rodolphe Töpffer-, rappelle Cuno Affolter, collectionneur de BD suisses, dont l'importante collection donne un aperçu de la production de son pays.
Et de mentionner que les bandes dessinées de Töpffer impressionnèrent le vieux Goethe, romancier et critique.
En effet dans une lettre adressée à Töpffer, son ami Soret lui écrivit : "Goethe a gardé auprès de lui les deux albums quelques jours, regardant seulement une douzaine de pages environ à la fois, puis faisant une sieste, car, a-t-il dit, il craignait de faire une indigestion d'idées. Après un certain temps il me les a renvoyés avec une lettre, dans laquelle il écrit ces lignes que je te recopie : - Je vous retourne, avec mes remerciements, les étranges petits livres. (...) Dans les romans caricaturaux, on ne peut qu'admirer la multitude des attitudes que l'auteur représente à partir d'un si petit nombre de personnages ; il semble le plus fertile inventeur de combinaisons (...)."
L'auteur du "Jeune Werther" et de "Faust" exprimait cependant cette réserve ou déception que "Töpffer n'ait pas saisi tout le potentiel" de cette technique de narration "bizarre mais pleine d'esprit".
Mais tous ces arguments nationalistes pourraient faire penser que la BD est l'art le moins universel qui soit.
(Ci-contre : affiche publicitaire pour un album de Töpffer.)
+ L'ADAGP, société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (gestion de droits), offre une bourse de 5.000 euros à un jeune auteur résidant en Europe ou en Suisse qui remplit les conditions énumérées sur son site (et renvoient un dossier avant le 31 mai).
Le 4e "Prix révélation ADAGP" dans la catégorie "BD" sera remis en septembre prochain lors du festival de BD de St-Malo.
Cases extraites de "Le Profil de Jean Melville" par Robin Cousin (éd. Flblb), vainqueur du précédent prix ADAGP avec ce récit d'anticipation orwellien.