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Revue de presse BD (142)

 Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.

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Revue "Nyctalope #8", fondée par un trio d'élèves des Arts déco. de Strasbourg. Disponible en librairie.

Dans "Le Monde" du 20 mars, F. Potet fait un état des lieux de la presse BD. Après avoir recensé les diverses nouveautés : "Aaaarg !", "La Revue dessinée", "Papier", "Mon Lapin", "Alimentation générale", Franky", "Nicole", et quelques autres, il note la désertion des kiosques au profit de l'étal des librairies. Ces nouvelles revues, sans publicités, sont presque toutes des "mooks", à mi-chemin entre magazine et livre/book. Il reste que la situation de ces revues est précaire puisque "La Revue dessinée" est la seule à équilibrer ses comptes (4000 abonnés), tandis que "Mon Lapin", "Papier", etc., sont distribuées et imprimées à perte par des éditeurs comme Delcourt ("Papier") ou L'Association ("Mon Lapin"). Quelques détails à propos de "Aaaarg !" : "(...) revendique 5000 lecteurs par numéro alors qu'il lui en faudrait au moins 1000 de plus pour ne pas mettre en péril ses trois salaires à plein temps. L'année 2014 s'étant soldée par par un déficit de 25.000 euros, décision a été prise de diminuer de 20 euros le prix d'achat d'une planche, jusque-là fixé entre 100 et 150 euros selon qu'elle soit en noir et blanc ou en couleurs. La soixantaine d'auteurs qui travaillent régulièrement pour "Aaarg !" ont tous indiqué, à une exception près, qu'ils poursuivraient leur collaboration."

+ Rediffusion dans "France-Culture" le 20 mars (podcast) d'une émission enregistrée en 2008 sur les adaptations radio-discographiques de quelques best-sellers de la BD franco-belge, produites dans les années cinquante-soixante. Diffusées sur RTL, ces adaptations étaient ensuite commercialisées sous forme de disques vinyles. Alix, Astérix, Lucky-Luke, mais aussi Michel Vaillant ou Ricochet furent ainsi adaptés. Comme on s'en doute, ces adaptations n'ont pas très bien vieilli (même si, dans une France en déclin, la nostalgie se porte bien ; le magazine "Spirou" s'adresse ainsi aujourd'hui autant à un public nostalgique qu'à de jeunes lecteurs). L'un des intervenants, l'universitaire (latiniste) Claude Aziza, fait d'ailleurs remarquer la difficulté de transposer la bande-dessinée dans un autre genre, cinématographique ou autre, et l'échec presque systématique de ces tentatives. Les intervenants signalent en outre l'adaptation de la BD franco-belge aux programmes scolaires français, Alix notamment, ce qui était une manière de rendre la BD légitime aux yeux des parents des ados qui achetaient "Tintin". Mais, ces BD, contrairement aux programmes scolaires, délivraient un message relativement subversif. Nicolas Rouvière et Claude Aziza ne le relèvent pas, mais c'est sans doute dans le "Petit Nicolas" que l'ironie de Goscinny vis-à-vis de l'institution scolaire française est la plus nette. On peut d'ailleurs parler de défiance réciproque. La BD franco-belge était suspecte de véhiculer une idéologie différente de celle des maîtres et professeurs. L'émission s'attarde sur le cas d'Astérix ; les intervenants notent l'importance de la légende dorée gauloise dans le discours politique et idéologie républicaine ; Claude Aziza estime que Goscinny et Uderzo ont pu revisiter la légende, la traiter de façon humoristique et décalée, parce qu'ils étaient tous les deux issus d'une famille d'immigrés.

+ Le dessinateur de presse et reporter suisse Patrick Chappatte, qui dessine dans trois langues (et se dit plus drôle en allemand que dans les autres) décrit dans une petite vidéo ses méthodes de travail. Le dessinateur se dit épuisé par la crise grecque, en panne d'inspiration, après avoir tiré toutes les ficelles du folklore grec. On peut voir Chappatte se faire refuser un dessin jugé trop choquant pour les lecteurs du "New York Times" parce que montrant un bras d'honneur. Très rares sont les titres de presse qui donnent carte blanche à leur dessinateur ; la censure officielle n'est bien sûr que la part émergée de l'iceberg.

+ Au rayon vidéo, on peut voir aussi cet enregistrement du passage de Cabu au "Tribunal des flagrants délires" le 27 mars 1981 (43 ans). L'enregistrement est largement illustré par celui qui le diffuse sur Youtube. On peut entendre Cabu chanter deux titres de Charles Trenet, accompagné à la guitare par Philippe Val. A la question : "Comment aimeriez-vous mourir ?", Cabu répondait : "Au fond de mon lit, comme un général."

+ Les adaptations cinématographiques de bandes-dessinées sont le plus souvent ratées, mais cela ne dissuade pas les producteurs d'en proposer régulièrement de nouvelles, misant là encore sans doute sur la nostalgie pour remplir les salles. Prochainement c'est Gaston Lagaffe qui devrait être à l'affiche, traduit par Pierre-François Martin-Laval ("Les Profs"). On fait sans doute trop hâtivement de Gaston Lagaffe un rebelle à l'ordre établi. Il est vrai que sa lenteur s'oppose à la vitesse moderne, la plus propice à une inertie de la pensée, profitable en termes de maintien de l'ordre. En revanche le goût de Gaston pour les gadgets technologiques est typique de l'imbécillité moderne et d'une idée de la science au niveau du concours Lépine. Lagaffe fait penser à Houellebecq (au demeurant excellent acteur) : tout en insultant l'ordre moral établi avec astuce, il y est relativement soumis. M. Houellebecq ferait un bon Gaston, vieilli, et bien décidé à faire sauter la planète à l'aide d'un gadget, pour que tout ne soit plus enfin que calme, luxe et volupté.

+ Auteur de "Mathurin soldat", dans laquelle il mettait en scène le peintre M. Méheut à la guerre de 14-18, Maadiar prépublie sur son blog une nouvelle saga historique, "Thomas ou les jours sanglants" (13 p. publiées à ce jour), qui se déroule au moyen âge (XIe siècle) en Picardie. Les sources sont rares sur cette époque ancienne, et Maadiar est contraint de broder un peu. Comme l'histoire est un sujet de controverses passionnées, les commentaires vont bon train. Interrogé sur la provenance de l'étrange patois qu'il inscrit dans ses phylactères, Maadiar explique : "C'est de l'actuel francisé mâtine de vieux françois... Savant mélange pour que ce soit lisible mais couleur locale et historique un peu quand même. De l'Art." Maadiar est aussi l'auteur, précédemment, de strips irrévérencieux sur "l'esprit de Charlie".

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