+ Les ayant-droits de Hergé sont peu soucieux de mettre en avant le catholicisme du père de Tintin, car celui-ci constitue un obstacle à la reconnaissance de Hergé comme artiste. Avec son essai "Hergé, le diable et le bon dieu" (Desclée de Brouwer), Bob Garcia n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat.
On sait que Georges Rémi a reçu une éducation catholique et qu'il a eu pour mentor un ecclésiastique, l'abbé Wallez, résolu à exploiter la bande-dessinée comme moyen de propagande. Pour autant, "Tintin" a-t-il un lien avec le catholicisme ? La propagande par l'image est sans doute une caractéristique catholique, mais les aventures de Tintin & Milou sont loin d'être une illustration ou une défense de la foi catholique comme la peinture de Tintoret ou du Caravage.
Tintin illustre plutôt le patriotisme belge, à la fois anticommuniste, antiaméricain et colonialiste (occultant le pillage du Congo par les entrepreneurs belges); la religion catholique n'est qu'un aspect secondaire de ce patriotisme. Les convictions religieuses de Hergé semblent avoir évolué au fil du temps ; plus persistants furent ses principes écologistes, appris chez les boy-scouts, qui le marquèrent plus que telle ou telle idéologie.
Tête de chouette par François Martinet
+ La bibliothèque virtuelle de la biodiversité (Biodiversity Heritage Library) a mis en ligne (Flickr) plus d'un million de dessins, croquis et photographies représentant la faune ou la flore. Les illustrateurs et auteurs de bande-dessinée qui travaillent souvent à partir d'une documentation pourront puiser dans ce stock d'images exceptionnel (cf. ci-dessus).
+ "On vit dans un monde où le réel est en concurrence avec l’opinion à tous les niveaux." déclare Philippe Val dans "Le Coq des Bruyères", où il est interviewé par Agathe André (ex-journaliste à "Charlie-Hebdo").
Sur ce point l'ancien rédacteur en chef de "Charlie-Hebdo" fait preuve de lucidité, bien qu'il faut ajouter que le gouvernement par l'opinion, la rumeur et les "fake-news", est largement orchestré par les médias et les élites politiques...
De plus, en entrant avec "Charlie-Hebdo" dans le jeu politique, P. Val s'est exposé à des polémiques violentes et des insultes qui sont monnaie courante sur ce terrain.
Pour le reste, Philippe Val est plus proche de l'incantation et du cours d'éducation civique que de la satire. La liberté d'expression est enseignée dans l'école républicaine (y compris dans l'enseignement privé, soumis à un programme commun) quasiment comme... un dogme ; quelques affaires judiciaires récentes illustrent cette situation ubuesque. Or l'étatisme à la française, peut-être sans équivalent dans le monde, non seulement est un moyen de censure (il rend le contrôle de la presse et des médias audio-visuels plus facile, par exemple), mais il est aussi sans doute le produit d'une certaine censure.
On peut se demander si cet étatisme n'est pas la cause de l'engouement non moins extraordinaire des Français pour l'internet, c'est-à-dire un média alternatif, souvent perçu et décrit comme une menace par les représentants de l'ordre public républicain.
NB : le "Coq des Bruyères" est une publication satirique en ligne fondée en 2006 par Patrick Font, ex-partenaire de scène de Philippe Val.
+ La bande-dessinée didactique a le vent en poupe, mais elle s'avère souvent un moyen de propagande. Nous reviendrons sur le cas de Marion Montaigne, qui assimile la technique à la science dans ses BD et ses dessins-animés humoristiques de vulgarisation. Le label de la science est ainsi accordé à des découvertes ou inventions qui ne souvent que le fruit de tâtonnements hasardeux.
Dans cette BD en ligne, il s'agit d'élucider de façon pseudo-scientifique le "terrorisme individuel" ; traduisez : le terrorisme qui ne trouve pas sa motivation dans une fatwa, dont les exemples ne manquent pas dans l'actualité récente.
En résumé : l'individualisme est suspect a priori, et seul un certificat médical lui fournira une excuse valable. On est plus près ici du scénario d'une série américaine jouant sur la peur que du propos didactique.
Le caractère distinctif du terrorisme en réalité n'est pas sa violence, qui focalise l'attention, c'est sa violence assumée. Il existe une violence sociale, voire institutionnelle, quantitativement beaucoup plus meurtrière, mais en revanche presque taboue, ou considérée comme un "dommage collatéral", qui ne soulève pas ou peu d'indignation.
Le fait d'assumer la violence de la part des terroristes, comme de la minimiser de la part des institutions, ce sont là deux surtout deux stratégies différentes.
ti