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zombi - Page 195

  • Le Train où vont les Choses***

    Si la bande-dessinée était un "art séquentiel", pour reprendre cette métaphore mécanique, alors Fred webzine,gratuit,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,au train ou vont les choses,lokoapattes,fred,philémon,philosophie,platonicienne,zombiserait le grain de sable dans cette machine; en effet, la "lokoapattes", véhicule bizarroïde inventé par Fred pour simuler le moteur de son imagination (cf. couverture ci-contre), ne tourne pas rond.

    Comme toutes les machines à moitié calées en rase campagne, elle pète et elle pue. Tenez, là, Fred envoie un vent: « Dans le monde des lettres et ailleurs, tout le monde fait semblant de se connaître… mais personne ne se connaît… C’est chacun pour soi… »

    En définitive, le prolo n’était pas trop à plaindre, sur sa machine-outil: les choses se déroulaient de façon parfaitement séquentielle jusqu’au +décès+, que la concentration sur l’écrou à serrer lui permettait d’oublier, jusqu’au moment fatidique. Le fils de prolo au chomedu, lui, est bien plus dans la merde, à cause de la mélancolie (+/-) qui lui tombe au coin de la gueule; au lieu de marcher droit, il va en zig-zag et se cogne dans les arbres. Le cinéma essaie bien un peu de compenser ça, avec son cliquetis régulier et monotone, mais ça ne marche qu’à moitié.

    Fred va bientôt mourir, alors il aimerait bien n’avoir pas dessiné tous ces albums de BD pour des prunes. La mort nous pousse à vivre: on n’ose pas la défier. La société nous en dissuade: toute sa valeur religieuse tient à ça. C'est ce qui fait le succès international du socialisme, son triomphe sur la formule catholique précédente; les papes vendaient du rêve "bio", en quelque sorte, inaccessible à toutes les bourses; le socialisme est un grand supermarché, qui fourgue des rêves de moins bonne qualité, mais en quantité industrielle, à l'échelle mondiale. En matière de rêve, Fred était trop exigeant, c'est pour ça qu'il a calé.

    Fred est dégoûté. Pourtant, Philémon a l’air si jeune… Il en prendrait bien encore pour dix ou quinze épisodes.

    *

    Certains artistes s'évertuent pour durer au-delà de la mort. C'est un vieux débat entre Diderot et le sculpteur Falconet. Diderot dit: -L'artiste vise avant tout la gloire; Falconet répond: -Non, moi je m'en fous de la gloire, l'art me suffit. Et comme Diderot était un vieil hypocrite, sympa mais faux-cul, voyant que les arguments de Falconet sont plus solides que les siens, plus "matérialistes", Diderot s'abstient de publier ce débat, comme il en avait primitivement l'intention. Falconet a raison: non seulement la gloire est un piège, mais l'artiste est dans la meilleure position qui soit pour le comprendre.

    Fred, lui, n'est pas assez naïf pour croire dans la gloire; en même temps que son imagination, dont le moteur est sans doute trop mécanique, se heurte à la dure réalité de la mort, sans parvenir à l'écarter.

    Les BD de Fred vont à l'encontre de la scolastique, qui veut que le scénario, la fiction l'emporte sur le dessin en bande-dessinée. Chez Fred, c'est l'inverse, le dessin l'emporte. Sans le dessin de Fred, on resterait au niveau de la philosophie à la mords-moi-le-noeud de Moebius+Jodorowsky (qui, soit dit en passant, à passé sa vie à ne pas apprendre à dessiner).

    Les BD de Fred sont d'abord et surtout des invitations à dessiner; ça vaut mieux que tout l'art numérique, qui est une invitation à se soumettre à des codes.

    (Zombi, déjà mort mais pas tout-à-fait - leloublan@gmx.fr)

  • Anniversaire de Titeuf

    Vendredi : Titeuf fêtera ses 20 ans au prochain Salon du livre de Paris. Derrière l'aspect commercial exploité par ce Salon, il ne faut pas s'y tromper, Titeuf est une oeuvre majeure. Consciemment ou pas, Titeuf discrédite tous les projets de réforme de l'Education nationale, aussi bien modernistes (soixante-huitards), que réactionnaires (N. Polony), ou hypocrites (L. Ferry). En effet, elle illustre parfaitement comment les gosses sont passés des mains des instituteurs entre celles de la télévision et des publicitaires, et la manière dont l'intérêt économique général a prévalu sur toutes les autres considérations en cette matière. Etre prisonnier du désir d'autrui, il n'y a sans doute rien de pire, surtout quand le rapport de force, entre l'enfant et ses parents, ou l'enfant et la télévision, est totalement disproportionné et écrasant.

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  • Et ça vous fait rire ?***

    Dans une époque cynique comme la nôtre (au point d'inventer des "soldats de la paix" (!), ce genre webzine,gratuit,bd,zébra,bande-dessinée,fanzine,zombi,critique,kritik,et ça vous fait rire,viking,humour,hugleikur,dagsson,d'humour devait arriver...

    Le critique du supermarché où je me suis arrêté une heure pour lire des BD à l'oeil, confesse au stylo bille sur un petit carton: "Je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler !"

    C'est hyper-malin de confier la rédaction de ces petits cartons aux vendeurs pour leur donner de l'importance; souvent ce sont des bac+5 qui n'ont pas pu être profs, vu la compétition, et ça leur fait une sorte de compensation; c'est comme d'écrire un blog, mais avec plus de lecteurs ; ça marche aussi avec moi, les petits cartons ; je les lis tous, comme les livres d'or à la sortie des musées, guettant le vendeur qui écrira : "Cette BD de Joann Sfar est une grosse daube, ne l'achetez surtout pas !", avant de démissionner.

    Donc Hugleikur Dagsson prends les dix commandements systématiquement à contrepied (1. Devant la Femme te prosterneras ; 2. Adolf Hitler et les nazis tu conspueras une phrase sur deux ; 3. Les journalistes tu prendras pour des envoyés de dieu ; 4. Les pauvres Africains tu plaindras ; 5. La planète tu tenteras de sauver en triant tes déchets ; 6. Même homo, te marieras, etc., etc., je pourrais en écrire 100)

    "A la manière de "South Park", pour ceux qui connaissent ce dessin-animé yankee. Le dessin est aussi dépouillé d'artifice. Rien que pour ça, je dis : - merci Dagsson !... vu le nombre de BD dessinées au compas, à la règle et au rapporteur qui nous tombent sur le coin de la gueule en provenance des US.

    Hugleikur, manifestement, est Viking. Ceci explique sans doute cela. Chez les Vikings, ce sont les femmes qui commandent, traditionnellement, vu que les hommes ne sont jamais là. Donc ce genre d'humour, un peu "brut de décoffrage", ni plus ni moins subtil que le monde dans lequel nous vivons, est in-dis-pen-sa-ble, pour évacuer la pression. J'ai mis seulement trois *** : mais pour ceux qui ont une mère un peu plus pénible que les autres (grâce à dieu, la mienne était presque toujours alitée), ça en vaut cinq, ou une boîte de pilules, ou un gros pétard du Cap-Vert.

    Si pour vous les occasions de rire sont nombreuses, tant mieux pour vous. Moi j'aime mieux ne pas en laisser passer une. Surtout à l'oeil.

    Et ça vous fait rire ? Hugleikur Dagsson, éd. Sonatine, traduit du viking, format poche (si vous connaissez une personne suicidaire, vous pouvez toujours déposer ça à l'endroit où elle range sa corde), 2009 ; prix : trop cher.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)

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  • La semaine de Zombi

    Jeudi : Tout frais sorti du tuyau, le "coming-out" le plus fumeux de l'année ! Le pape françois... on ne pouvait pas faire plus paradoxal.

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  • Revue de presse BD (44)

     

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    + Le dessinateur satirique Terreur Graphique a ouvert un tumblr où il publie les caricatures de ses confrères et (ex-)amis.

    + Peut-être une solution pour les auteurs de BD indépendante dans la dèche: l'exil au Etats-Unis. Le marché est plus grand, et le niveau de la concurrence... eh bien, jugez plutôt par vous-même dans ce catalogue d'auteurs de comics (2012) publié par Françoise Mouly.

    + Extrait (épisode complet) à lire en ligne d'une BD publiée par les éditions Colosse. Sur des vieux cons qui faisaient des fanzines BD quand ils étaient plus jeunes. Plutôt marrant.

    + Une petite BD sur la grandeur et la décadence du Hip-hop dans le fanzine "Gonzaï". Mais ils ne causent pas de Ménélik, et moi je ne jure que par Ménélik.

    + Dans "Zoo" n°46 (mars), Didier Pasamonik conclut son article sur la crise du marché de la BD de cette façon: "Par ailleurs le cinéma est une industrie", concluait André Malraux dans son "Esquisse d'une psychologie du cinéma". Il en est de même pour la BD.(...)" C'est complètement faux : la réalité est que le cinéma est nécessairement une industrie : il ne peut pas, ou n'a pas pour l'instant échappé aux conditions de production industrielle, auxquelles la BD n'est pas nécessairement astreinte, elle. Le président du festival d'Angoulême, Benoît Mouchard, rappelait d'ailleurs récemment qu'"un gros éditeur de BD" fait à peu près le même chiffre d'affaire qu'un gros hypermarché. Par conséquent quelques mois peuvent suffire pour que l'industrie de la BD se casse la gueule, et non pas des lustres comme pour l'industrie automobile US.

    + Sur ce blog de la bibliothèque de la Sorbonne, on défend l'idée qu'une adaption en BD, est plus originale, plus libre et moins lourde, quand elle n'est pas fidèle à l'oeuvre. Le gugusse qui a écrit ça ne se rend pas compte que, dans ce cas, ce n'est plus une adaptation ou une traduction, mais une escroquerie. Que penser d'un metteur en scène qui donnerait des pièces "librement adaptées de Shakespeare", si ce n'est qu'il cherche à coller un nom célèbre sur un point de vue subjectif.

    + Le dessin de la semaine est extrait des calepins de Lapin, auteur de carnets de voyage et d'autocollants déco., ainsi que d'automobiles et de trucs à moteur en tous genres.

     

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  • Economie & BD

    La surproduction de bandes-dessinées, phénomène annonciateur d'un krach du marché, nous vaut depuis quelques années une pratique assez cocasse: la fabrication de bandes-annonces, afin de rendre tel ou tel album plus concurrentiel sur le marché.

    En même temps qu'on proclame que la BD n'est pas seulement faite pour les petits garçons, on fait exactement l'inverse, en optant pour des solutions encore plus infantiles et régressives que celles des années 50, quand les auteurs de BD franco-belge ne songeaient pas à faire du "roman graphique". On témoigne ainsi d'une croyance ridicule : celle qui consiste à penser que l'art le plus élevé s'adresse aux adultes.

    Ce préjugé n'a pas d'autre fondement que l'opinion du maître ou de la maîtresse d'école sur l'art, confondu avec une activité pédagogique. C'est ce qui explique que, des Etats-Unis, où le respect des institutions est grand, proportionnellement inverse à celui constatable en France, de plus en plus de BD sont importées, qui ressemblent à des traités de mathématiques ou des croûtes de Vasarely. Des BD qui croient nous impressionner en faisant de la BD dans des carrés magiques, au lieu de la faire dans des cases.

    Le danger ou l'inconvénient de cette mode du sérieux, chiant ou pédagogique, c'est qu'elle laisse entièrement le champ libre au marché de se développer comme il l'entend.

    Bien qu'ils vont au krach sans le savoir, et sont donc moins pragmatiques que le boulanger du coin de la rue, les acteurs économiques de la BD demeurent plus pragmatiques que ceux qui croient faire "de l'art pour l'art", et dont le bras de fer est perdu d'avance.

    On se demande parfois pourquoi des auteurs de BD dite "indépendante" en trahissent l'esprit pour signer des contrats chez des producteurs de BD en gros ? Principalement parce que la BD indépendante tourne en rond: c'est une motivation et non un but, un état d'esprit qui vaut pour lui-même. C'est bien beau de jouer au samouraï, mais ça n'a aucun sens au milieu des AK-47.

    Ceux qui fabriquent des bandes-annonces ne peuvent même pas faire comme Frédéric Jannin avec "Froud et Stouf", cette pub pour le festival d'Angoulême : un vrai dessin-animé ; car ce serait courir le risque d'offrir, pour que dalle, mieux que ce qui se cache sous des couvertures rutilantes et onéreuses.

    Zombi & Bizette

  • En Silence***

    La critique doit non seulement s’efforcer de déceler l’esprit d’un bouquin s’il en a, mais elle doit aussi webzine,zébra,bd,bande-dessinée,critique,en silence,audrey spiry,kstr,kritik,zombi,rivière,sexe,torrent,vouivresavoir rester silencieuse devant un objet qui ne se prête pas à la critique. Pourquoi y a-t-il des critiques musicaux qui s’efforcent de démontrer que Wagner est supérieur à Vivaldi, ou vice-versa, quand les amateurs de musique disent qu’ils n’ont pas besoin de la critique ? Qu’ils aiment tel truc ou tel autre, parce que c’est leur bon plaisir. Point à la ligne. Critiquer la musique doit être une sorte de musique en soi, je suppose, celle de ceux qui ne savent pas jouer d’un instrument ou composer, ou qui n’ont pas de voix…

    Ce préambule pour m’excuser de faire quand même la critique d’une BD aussi impalpable. Une pure symphonie de couleurs. Il est bien vrai qu’en matière de couleurs, il est inutile de discuter: je suis incapable de dire qui d’autre que moi pourra être touché par cette BD d’Audrey Spiry, qui fait vibrer la corde érotique, d’une façon très féminine ? Disons qu’il faut peut-être, comme je le fais, situer la baignade dans le lit d’une rivière froide parmi les trois ou quatre plaisirs les plus élevés dans ce monde, et qui fait que dès que je passe à proximité d’une rivière, je ne peux pas m’empêcher de me jeter dedans, y compris si elle Vilaine.

    Une bande de touristes au fond d’une gorge profonde descend le cours d’un torrent, tantôt coquin, tantôt brusque, glouton, affolant. Voilà pour le scénario. Ajoutez quelques "flash-back", à cause du lien entre l'eau et la mémoire. Bien sûr tout est sexuel là-dedans. Zéro imagination de ma part.

    Ce qui est remarquable chez Audrey Spiry, c’est la manière dont l’érotisme occupe toute sa fiction, le point où elle parvient à faire pratiquement corps avec la rivière, la traduisant dans son dessin comme le personnage principal. D’habitude c’est le scénariste qui nous mène, pliant le dessin à sa volonté ; là, c’est la rivière, qui nous entraîne.

    Les rivières sont des dévoreuses d’hommes, comme l’esprit des rivières, qu’on nomme «vouivre», et qu’il vous est peut-être déjà arrivé de rencontrer, comme moi, dont il vaut mieux prendre l’avertissement très au sérieux. L’homme – je ne sais pas si les femmes aiment vraiment se baigner dans les rivières froides, sauf pour ensuite se réchauffer au coin du feu ? -, l’homme disais-je, qui va au bain, entre dans le lit d’une femme beaucoup plus puissante que lui, situation inédite, et dépucelage qui peut avoir des conséquences gravissimes si la rivière veut cet homme pour elle et pour elle seule.

    Se baigner dans la mer est plutôt dégueulasse, en comparaison. Pas seulement parce que de très gros poissons baisent dedans. Pour ma part, je laisse ça aux poètes oedipiens, fascinés par leur maman. Aux Italiens, qui voudraient que l’eau soit toujours à 37°C.

    NB : Il ne faut pas s'attendre à ce que je traite d'une BD de cul chaque semaine non plus. Là je l'ai fait, exceptionnellement, parce que c'était la journée de la femme.

     

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    En Silence, Audrey Spiry, KSTR, 2012.

    (Zombi - leloublan@gmx.fr)