Essai de colorisation d'un chapitre de mythologie pour Zébra hors-série :
F. Le Roux
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Essai de colorisation d'un chapitre de mythologie pour Zébra hors-série :
F. Le Roux
Aux amateurs de fables mythologiques comme moi, je conseille cet album souple illustré par Pascal Leforestier dans le style de Marc Chagall (une illustration pour chaque travail, éd. "Recoins et Cie").
L'éditeur nous avertit que ces dessins ont été exécutés dans le cadre d'une association (La Passerelle - Cherbourg) dévouée aux adultes déficients intellectuels. On comprend qu'il s'agit-là d'une nomenclature : quel adulte peut prétendre n'accuser aucun "déficit intellectuel" ?
Apparemment, le choix du thème s'est fait au hasard ; à la suite d'une livraison de papier peint, et de la notice d'un dictionnaire de l'Antiquité (ci-dessous : le Jardin des Hespérides).
A propos, en parlant d'intelligence et d'art, la simplicité des récits mythologiques -grec en l'occurence-, ou biblique en ce qui concerne Chagall, fait dire à certains qu'ils sont forcément surnaturels, tant le génie humain, son intelligence, paraissent au contraire complexes ; ne dit-on pas, par exemple, que les enfants ont plus de génie ou de spontanéité que les adultes ?
Bon, faites simple et on en reparle...
Les pommes d'or des Hespérides ("filles de la nuit"). Il s'agissait des pommes données par Gaia à Héra comme cadeau de noces, et conservées dans un jardin aux confins du monde. Héraclès, qui était chargé de rapporter les pommes, eut beaucoup de mal à trouver son chemin et obligea Nérée à lui indiquer la direction du jardin. Après avoir tué Ladon, le dragon qui le gardait, il emporta les pommes. Selon une autre version, il incita Atlas à aller chercher les pommes et soutint le ciel à sa place pendant qu'il s'exécutait.
(Dico. de l'Antiquité R. Laffont, coll. Bouquins)
Le n° d'automne de Zébra vient de paraître. Vous pouvez le consulter gratuitement en ligne sur cette page.
- Afin de couvrir les frais d'impression, nous mettons en vente une partie de notre tirage limité. Vous pouvez vous procurer un ex. du n°4 en envoyant un chèque de 7 euros (dont 2 euros de frais de port) ; ou bien vous abonner à l'année (quatre n°, dont le dernier paru) pour 24 euros - chèque à l'ordre de A. Dekeyser - à l'asso. Zébra, 4 rue Arthur Brière, 75017 Paris.
AU SOMMAIRE (76 p./ill. de couv : Ren) :
4 : Le Carton à Dessin, par Monsieur Qu/8 et 16 : Humour noir, par Wschinski et Zombi/9 : Les Aventures de George Clowné et Jim Carré, par Naumasq/17 : Mythologie-Perséphone, par François Le Roux/23 : Nahem Moon : Révolution, par Anne B./27 : Flippen The Bird, par J Xavier/31 : F comme Fanzine, par Aurélie Dekeyser/37 : Arbres dans la Ville, par Florence Méline/40 : La Crise Grecque expliquée à mon enfant, par Naumasq/42 : Mon chat, cette enflure, par Yoyo/45 : Déclic, par Dana Séréda/54 : Critiques : Thoreau, la Vie sublime - Guerre et Spray/55 : Les Nouveaux petits monstres, par Michel Tamer/58 : Un Petit Chaperon Rouge, par Louise Asherson/62 : Les Aventures de Dessiner, par J Xavier/64 : La Vie des Cavernes, par David Roche/67 : La Querelle des 2 Lézards, par Ren/74 : Ungerer, Ogre ou Petit Poucet ?, par Zombi.
- Touchant au problème de la vie et de la mort, c'est-à-dire de l'âme -ou de la "condition humaine" comme on dit aujourd'hui-, rien d'étonnant à ce que la fable de Perséphone* ait donné lieu à tant de représentations, sculpturales ou peintes (dont celle du Bernin, ci-dessous, est une des plus célèbres, probablement à cause de son érotisme).
- L'épisode du "rameau d'or" que ma vignette illustre rappelle la place accordée dans toutes les mythologies antiques, qu'elles soient païenne, juive ou chrétienne (cf. licorne), à l'immortalité, opposée à la Nature et au destin. De sorte que si la chute de l'homme (Prométhée/Adam & Eve) est liée à sa bêtise (au sens propre), le chemin inverse n'est possible que selon la voie opposée de la sagesse (cf. Ulysse), dans la religion grecque (dite "archaïque).
François Le Roux
*Perséphone = Proserpine chez les Romains.
**Lire l'hymne homérique 33 à Déméter dans la traduction de Leconte de Lisle.
Après ce fameux partage du monde entre Zeus, Poséidon et Hadès, et comme la plus vile partie lui fut échue, c'est-à-dire le monde souterrain, aucune femme ne voulant convoler avec le dieu des enfers, celui-ci jette son dévolu sur Perséphone et la ravit, au guidon de son quadrige.
Après la biographie de Dionysos, celles de Dédale et Prométhée, j'entame celle de Perséphone qui paraîtra dans le quatrième n° de Zébra.
- Tu ne crois tout de même pas que la foudre est lancée du ciel par un dieu barbu ?, m'interroge un comparse.
- Ce que je crois, c'est que les anciens Grecs préfèrent donner de l'univers une explication imagée, plutôt que par des lois abstraites. Perséphone, à qui il fut finalement permis de vivre la moitié de l'année chez sa mère, tandis que son époux infernal la retenait l'autre moitié du temps, illustre les saisons, froides et stériles, ou au contraire chaudes et fécondes. Les paysans de l'Antiquité lui vouèrent ainsi un culte, tout comme les jeunes mariées...
François LR
A DEMETER
J'entame l'hymne à Déméter,
déesse majestueuse,
ses cheveux sont beaux, et fines les chevilles
de sa fille, qu'Hadès a soudain prise ; et Zeus au tonnerre
y consentit, lui qui voit loin.
Non loin de Déméter (qui possède un couteau d'or et des fruits superbes),
jouant avec les filles d'Océan (que leurs seins sont beaux)
elle cueillait des fleurs,
dans une prairie d'herbe tendre
roses, crocus et violettes aimables,
flambes d'eau, jacinthes,
et ce narcisse, qui piège les filles
(elle est comme une fleur nouvelle)
Zeus y a consenti, Terre l'a fait pour plaire
au dieu du séjour des morts.
Merveille lumineuse ;
tous frissonnaient en la voyant,
"tous", c'est-à-dire les dieux éternels,
et les hommes simples mortels.
En partant de la racine,
cent têtes fleurissaient
et le parfum le plus doux
faisait sourire la terre
et, par-dessus, le ciel immense,
et les vagues salées de la mer.
Elle fut saisie d'effroi,
leva ensemble les deux mains
pour prendre ce bel objet ;
le sol s'ouvrit, où l'on chemine.
C'était dans la plaine de Nysa ;
là surgit le dieu des enfers,
sur ses chevaux immortels,
fils de Kronos (il a beaucoup d'autres noms).
Il la prit (elle ne voulait pas)
sur son char doré
et elle pleurait ; et elle cria
à pleine voix et son cri s'éleva,
appelant Zeus son père
là-haut dans sa majesté. (...)
Hésiode (VIIIe s. av. J.-C.)
Voici la planche 4/7 de mon "Prométhée", à paraître prochainement dans Zébra n°3. Si l'intérêt pour cette fable antique (analogue de celle de la Genèse des juifs) n'a pas faibli malgré le temps, comme l'atteste sa récente adaptation au cinéma par Ridley Scott, c'est sans doute parce qu'elle fournit une réponse synthétique au problème (ô combien crucial) de la condition humaine ; les jumeaux Prométhée et Epiméthée représentent en quelque sorte les bornes de l'entendement et de la volonté humaines.
- Ceux qui veulent en savoir plus pourront lire ce dialogue entre feux les hellénistes Jacques Lacarrière et Jean-Pierre Vernant.
- Ainsi que le chapitre de la "Sagesse des Anciens" de l'immortel Francis Bacon Verulam.
Prométhée donne vie à l'homme qu'il a créé à l'aide du feu dérobé sur le char du soleil. Ce n'est pas la seule raison qui poussa les dieux à enchaîner Prométhée sur le mont Caucase pour le punir ; ils pardonnèrent même d'abord à Prométhée, accordant de surcroît à l'homme l'éternelle jeunesse.
Un récent "blockbuster" de Ridley Scott, dont on peut voir l'affiche dans le métro parisien, exploite le mythe de Prométhée. Avec pour accroche : "La quête de nos origines pourrait nous mener vers notre fin." Celle-ci nous rappelle que la science-fiction, en apparence tournée vers l'avenir et non l'origine, et dont Voltaire, en promoteur de la science, condamna le caractère spéculatif, la science-fiction cache en réalité un questionnement sur l'origine. Elucider la cause première mystérieuse est un moyen de deviner le point final.
La comparaison entre le mythe grec de la création et le mythe juif n'est pas impossible ; c'est en effet un "elohim" qui crée l'homme dans le livre de la Genèse, vocable différent de celui utilisé pour désigner dieu (le père) ; la tradition est parmi certains juifs talmudiques de la création de l'homme par un archange.
Bien que multimillénaire, la mythologie antique n'a jamais vraiment cessé de "titiller" l'homme moderne.
(Image extraite de "Prométhée, l'insoumis", BD antiquisante à paraître dans Zébra n°3.)
François L.R.