Après une pause estivale, la revue de presse BD hebdo reprend !
+ Au début de l'été, on a appris la mort de Didier Savard (4 juillet) ; à l'arrêt depuis plus de dix ans pour cause de maladie grave, cet auteur de BD s'était fait connaître avec les aventures d'un détective, Dick Hérisson, (commandées par Mandryka). D. Savard publia aussi une biographie satirique du dictateur Pinochet et une parodie de Tintin (autorisée par les très scrupuleux et procéduriers ayants-droits de Hergé).
+ La chaîne de télé "Arte" propose un documentaire d'une heure sur Hugo Pratt par Thierry Thomas (visionnable en "replay" jusqu'au 1er sept.). Rejeton d'un cadre éminent du parti fasciste italien, Ugo Prat fut néanmoins embauché par le journal "Pif", organe de presse pourvoyeur de fonds du parti communiste. Cette origine familiale sulfureuse incita Hugo Pratt à se dissimuler derrière un tas d'affabulations qui ont contribué à sa renommée et au caractère énigmatique de son héros le plus fameux, Corto Maltese.
H. Pratt avait un point de vue original sur l'aventure, étant lui-même une sorte d'aventurier et de globe-trotter, ce qui est assez rare parmi les auteurs de romans d'aventure (les auteurs de BD ont le plus souvent une vie quasi-monacale). Les adolescents, lecteurs des romans de Pratt, devinent que Corto Maltese n'est pas un héros de carton-pâte comme Tintin ou Spirou.
H. Pratt se définissait comme "un dessinateur expressionniste" ; il s'inspira beaucoup de l'Américain Milton Caniff pour le dessin ; mais si les scénarios de Caniff ("Terry et les Pirates") sont assez grossiers, au niveau de la propagande patriotique américaine, en revanche Pratt a réussi à instiller un peu de poésie dans ses BD.
H. Pratt savait peindre en noir et blanc, il est regrettable que l'éditeur ait pris l'initiative de colorier les planches des albums de Pratt ; ou peut-être est-ce parce que Pratt, grand séducteur, avait fini par embaucher une coloriste ?
+ La gazette d'information du 18e arr. de Paris, publie dans son numéro de cet été un long article sur "L'Elysée Montmartre", à l'occasion de la réouverture de cette salle de spectacle légendaire, inaugurée en 1807 et incendiée en 2011.
"L'Elysée Montmartre", moins célèbre que le "Moulin Rouge", a pourtant vu l'art moderne éclore. Le "French cancan" fut inventé dans cette antre, et surtout été peint par Toulouse-Lautrec et Jean Renoir ("French cancan"). A la fin du XIXe siècle, "L'Elysée Montmartre" fut un des premiers cours privés de dessin d'après le modèle vivant mixte, les jeunes femmes ne pouvant s'inscrire à l'Ecole des Beaux-Arts. Les étudiants des Beaux-Arts louèrent aussi la salle pour leur premier bal des Quat'z'Arts.
La salle est aussi mentionnée par Zola, et Maupassant y situa une de ses nouvelles ("Le Masque").
L'article, exhaustif, nous apprend aussi que "L'Elysée Montmartre", au cours de ces deux siècles d'existence, servit à peu près à tous les usages : non seulement une salle de bal et de concert, mais aussi une infirmerie pendant le siège de Paris par les Prussiens, ou encore une salle de meeting politique antimilitariste : "Il est piquant de constater qu'en tous pays la religion patriotique est introduite dans les cerveaux et dans les nerfs par les mêmes procédés que les religions proprement dites. L'un comme l'autre prend l'enfant dès le jeune âge, avant que son esprit critique n'ait commencé à se former ; les chansons patriotiques remplacent les cantiques." (Gustave Hervé)... mais aussi une salle de gala de boxe et de catch avant et après la seconde guerre mondiale.
+ Le caricaturiste Cambon ("La Lettre du Cadre", "Urtikan"), se souvenant sans doute que les jeux olympiques sont aussi destinés à servir d'entraînement aux soldats (la plupart des athlètes brésiliens sont militaires), a dessiné pour Urtikan une série de dessins cocasses sur le thème du Djihad et des JO, imaginant des épreuves spéciales pour les soldats de l'Etat islamique (14 dessins).