Caricature signée WANER, un petit nouveau qui débarque cette semaine dans Zébra...
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Caricature signée WANER, un petit nouveau qui débarque cette semaine dans Zébra...
par l'Enigmatique LB (à lire aussi dans "Siné-Mensuel")
+ Olivier Josso (qui enseigna la BD à quelques contributeurs du fanzine "Zébra"), vient de publier à L'Association le second tome de sa BD, "Au Travail". O. Josso raconte son enfance dans un milieu ouvrier pauvre (les chantiers navals de St-Nazaire), mais désireux néanmoins de se cultiver. O. Josso souligne l'importance du Travail dans son milieu, une importance équivalente de la religion dans les milieux paysans.
La dureté de la condition ouvrière tient en partie à cette religion du travail "directe", et non enrobée dans le folklore catholique comme les paysans - faisant fonction d'opium. C'est à l'attention des milieux ouvriers que le gendre de K. Marx, Paul Lafargue, écrivit "L'éloge de la paresse", ouvrage impie s'il en est. "Astérix", "Tintin", "Spirou", "Mickey" avaient valeur d'échappatoire délicieux pour le jeune Josso.
+ "Resist", c'est le nom donné par Gabriel Fowler, un libraire de Brooklyn, et Françoise Mouly (directrice artistique au "New-Yorker") à une publication largement illustrée, imprimée à 30.000 ex. et distribuée gratuitement dans des meetings féministes antiTrump. Le candidat avait au cours de sa campagne multiplié les provocations misogynes pour attirer l'attention sur lui, et menacé d'abroger certaines lois permettant l'avortement.
"Resist" fait appel à des contributions bénévoles, et a reçu des dessins et des BD du monde entier ; Nadja Spiegelman (écrivain et fille de F. Mouly), commente pour le magazine "Paste" : "Au début, beaucoup plus d'hommes que de femmes nous envoyaient leurs images. Mais quand on a commencé de publier exclusivement les images envoyées par des femmes sur notre site web, beaucoup plus de femmes nous ont alors envoyé leurs images, constatant que c'était un espace d'expression privilégié pour les femmes. Et quand les femmes s'expriment individuellement, elles endossent la responsabilité de parler au nom de toutes les femmes (...)" (ci-dessous contribution de Melanie Reim).
Françoise Mouly plaide pour la force rebelle et émancipatrice de l'art ; mais l'art est aussi la grande affaire des dictateurs (Louis XIV, Napoléon, Hitler, Mussolini, etc.), ou encore de certain philosophe réactionnaire (F. Nietzsche), non moins convaincant dans son argumentation de l'art au service d'une morale et d'une politique conservatrices.
On regrette d'ailleurs que la dénonciation du populisme, qu'il s'agisse de celui de D. Trump, ou encore des populismes nazi et communiste, s'accompagne rarement d'une réflexion sur les causes de ce populisme. Il semble pourtant que celui-ci ne soit qu'un symptôme ou la conséquence de manquements imputables aux élites. Ainsi la culture de masse, véhicule indispensable de l'idéologie populiste, ne vient pas du peuple, mais des élites dirigeantes.
+ Son nom résonne comme une grosse blague du Pr Choron ou de Coluche, le prix "Couilles au cul" récompensant le courage artistique a été remis à la dessinatrice turque féministe Ramize Erer lors du dernier festival d'Angoulême. Celle-ci est réfugiée en France depuis quelques années avec son mari Tuncay Akgün, avec qui elle avait fondé "Bayan Yani", un magazine de BD satirique destiné aux femmes turques.
Ramize Erer ne dit pas si elle trouve les Français plus ou moins sexistes que les Turcs...
Gag de Ramize Erer pour "Bayan Yani"
+ Les amateurs de gadgets futuristes qui ne juraient que par la BD numérique il y a quelques années ont dû en rabattre, vu le fiasco de la "BD pop-up" ou autre "turbomédia". La télévision française ("Arte") s'était intéressé à cette nouvelle technologie, qui rapproche la BD du jeu vidéo, et financé une éphémère revue de BD numérique "Pr Cyclope" ; c'est au tour d'une télé canadienne, "Québec-TV" de proposer un feuilleton pour les enfants, "Tout Garni" qui met à contribution plusieurs auteurs de BD et illustrateurs, dont Pascal Girard qui signe le premier épisode de la série.
par l'Enigmatique LB
par Naumasq
La Semaine de Zombi. Mercredi : Merde, je suis en retard pour la caricature de la Saint-Valentin.
Peu d'auteurs maîtrisent comme Vincent Vanoli la manière de raconter une histoire en bande dessinée, genre littéraire qui a ses codes propres et qui s'épanouit dans le décors médiéval de "Rocco et la Toison".
Le personnage de saint Roch de Montpellier, dont Vanoli narre le périple -ô combien pittoresque et mouvementé- à travers le midi de l'Europe, sous la menace terrifiante de la peste, ce personnage paraît très proche de nous, de notre culture, y compris ses questionnements et son cheminement mystico-initiatique.
Cette animation du célèbre saint, vénéré dans une bonne partie de l'Europe catholique (Italie, France et Pologne en tête), que Vanoli fait ainsi descendre de son piédestal d'icône religieuse, est-elle pure affabulation de l'auteur ? V. Vanoli esquisse un Moyen âge plausible ; il met en scène d'une époque contrastée, voire ambiguë, qui ne se laisse pas résumer facilement.
Cet auteur illustra auparavant une partie du "Décaméron" de Boccace (1313-1375), contes qui dépeignent les moeurs légères de la bourgeoisie de son temps, ainsi que du clergé catholique. La satire de Boccace montre un Moyen âge éloigné à la fois de certaines représentations idéales, comme du repoussoir conçu afin de consolider la thèse du progrès. Le Moyen âge de Vanoli dérive en partie de celui de Boccace, tout en empiétant sur le XXIe siècle, confronté à un regain de mysticisme.
La peur contemporaine de l'islam révolutionnaire, ou bien d'une catastrophe écologique, engendrent un climat de psychose analogue à celui provoqué par la menace de l'épidémie de peste noire dans l'Europe de la fin du moyen-âge (seconde moitié du XIVe siècle), qui décima la population. Une telle psychose est plus favorable aux plaisirs furtifs qu'à un bonheur plein et large.
Rocco, bien que très jeune, a du recul sur toute cette agitation propice à la superstition, au fanatisme et aux mouvements de foules ; "thaumaturge", capable de soigner la peste, Rocco sera proclamé saint par acclamation populaire, avant d'être atteint par la maladie à son tour, puis miraculeusement soigné. Vanoli ébauche un parallèle entre le saint et l'auteur de bande dessinée, dont la vocation est assez indéfinie. Quel peut-être son rôle dans une époque troublée ? Divertir, c'est abrutir, et par conséquent un auteur de BD peut-il s'en contenter ? La quête mystique du saint catholique et celle de l'auteur de BD semblent se confondre.
On pense aussi parfois au roman de Diderot, "Jacques Le Fataliste", dans lequel Diderot scrute le pouvoir de l'écrivain de créer la fiction, cette antimatière aussi fascinante que futile. Vanoli joue avec l'histoire de saint Roch, qui part de faits bien réels, en même temps qu'elle a des aspects légendaires : il donne sa propre partition, retranchant ici, ajoutant là, tout en conservant la trame du récit.
Rocco et la Toison, par Vincent Vanoli, éd. L'Association, 2016.